Année politique Suisse 1995 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche / Ecoles obligatoires
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Restrictions budgétaires et enseignants
Les restrictions budgétaires n'ont à nouveau pas épargné les écoles obligatoires. Parmi les effets induits par ces mesures d'économie, l'accroissement du nombre d'élèves par classe, la suppression de nombreux postes d'enseignants et le blocage de leur salaire ont suscité le mécontentement des enseignants ainsi que celui des associations de parents d'élèves, qui n'ont pas manqué de souligner que de telles mesures n'étaient pas compatibles avec les nouvelles réformes scolaires prônant un enseignement individualisé. La remise en cause du statut du fonctionnaire des enseignants a également connu de nouveaux développements, notamment dans le canton de Schwytz où les enseignants ne bénéficieront plus désormais de la sécurité de l'emploi propre à ce statut, ainsi que dans celui de Schaffhouse où un projet de salaire au mérite a été mis sur pied [8].
Selon les chiffres fournis par l'association faîtière des enseignants et enseignantes suisses (ECH), 1400 enseignants étaient au chômage au début de l'année, soit une augmentation de 40% par rapport à août 1994. Les plus touchés sont ceux du niveau primaire ainsi que les jardinières d'enfants. Cette situation ne frappe pas de la même manière les différents cantons, puisque certains d'entre eux, principalement ceux de montagne, souffrent d'une pénurie d'enseignants [9].
La Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) a adopté des recommandations concernant la formation des enseignants du primaire. Dans le but d'harmoniser et de valoriser cette formation, la CDIP a proposé d'élever la formation au niveau tertiaire. Celle-ci se fera à l'avenir soit dans les universités, soit dans les futures hautes écoles spécialisées (HES). En principe, les universités formeraient le corps enseignant du degré secondaire, alors que les hautes écoles spécialisées s'occuperaient de la formation du corps enseignant des écoles enfantines et du degré primaire. Les cantons ont dix ans pour effectuer les réformes nécessaires. L'ECH s'est déclarée satisfaite quant à la revalorisation de la formation induite par cette réforme, même si elle a exprimé ses craintes au sujet d'une dérive trop académique et théorique de leur formation [10].
Le Conseil des Etats a transmis un postulat de sa commission demandant au gouvernement d'instaurer pour les établissements fédéraux de formation d'enseignants - à savoir, entre autres, l'Ecole fédérale du sport de Macolin et l'Institut suisse pour la formation pédagogique - un statut comparable à celui des établissements cantonaux, ce afin de garantir la reconnaissance internationale des diplômes délivrés par ces écoles [11].
En votation populaire, les citoyens zurichois ont aboli la disposition constitutionnelle qui leur permettait, au niveau communal, de nommer et de révoquer les membres du corps enseignant de l'école primaire. A l'avenir, seules les autorités scolaires locales seront compétentes en la matière.
 
[8] SH: SN, 20.1 et 2.12.95. SZ: LNN, 14.6.95. AG: AT, 4.5.95. TI: CdT, 1.6.95. SO: SZ, 25.3 et 27.6.95. GE: JdG, 23.8.95. LU: LNN, 30.9.95. ZH: TA, 16.11 et 1.12.95.8
[9] TA et NQ, 2.11.95.9
[10] Presse du 31.10.95. Il est à relever que, dans les cantons de GE, BE, SG et ZH, des formations universitaires pour les enseignants sont sur le point d'être mises en place: TW, 10.5.95; SGT, 30.12.95. En outre, il faut souligner que la loi sur les HES adoptée cette année par le parlement prévoit uniquement la possibilité d'instituer des HES dans le domaine pédagogique: cf. infra, Formation professionnelle.10
[11] BO CE, 1995, p. 62.11