Année politique Suisse 1996 : Infrastructure, aménagement, environnement / Transports et communications / Trafic routier
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Sécurité routière
Le gouvernement a mis en consultation un projet de révision partielle de la loi sur la circulation routière visant à améliorer la sécurité sur les routes. La principale innovation porte sur la formation des conducteurs. Outre l'introduction du permis d'élève conducteur dès l'âge de 16 ans, le projet du gouvernement prévoit que la réussite de l'examen ne donnera droit, dans un premier temps, qu'à un permis à l'essai: le conducteur n'obtiendra son permis définitif que s'il n'a pas compromis de manière sérieuse la sécurité routière dans les trois ans suivant la réussite de l'examen et après avoir suivi un cours complémentaire de 16 leçons. En revanche, s'il a commis des infractions graves au code de la route, il devra repasser l'examen d'élève conducteur. Outre cette réforme de la formation des automobilistes, la révision proposée envisage de punir plus sévèrement les récidivistes. Ainsi, chaque nouvelle infraction commise à intervalles rapprochés devrait être suivie d'une mesure plus sévère et finalement, le cas échéant, d'un retrait de permis pour une durée indéterminée. Le projet du gouvernement prévoit également des dispositions relatives à la conduite en état d'ébriété. Désormais, il devrait être possible pour la police de procéder à des contrôles même si le conducteur ne présente aucun signe extérieur suspect. En matière de contrôle des conducteurs sous influence de stupéfiants ou de produits pharmaceutiques, l'exécutif propose par ailleurs d'uniformiser au niveau fédéral les procédures jusqu'alors cantonales et très disparates. Dans ce domaine, aucune tolérance n'est prévue (valeur limite zéro). En revanche, des prises de sang ou des examens d'urine ne pourront être ordonnés que s'il existe des soupçons bien établis [20].
La grande majorité des partis politiques ainsi que le TCS ont accueilli positivement les différentes innovations proposées. Seule la proposition d'abaisser à 16 ans l'âge pour le permis d'élève conducteur a été vivement critiquée: selon les différents milieux, l'expérience montre clairement que les très jeunes conducteurs commettent plus d'accidents. Seul parti à avoir accueilli plutôt froidement le projet gouvernemental, l'UDC a estimé que le renforcement des différentes mesures sanctionnant les infractions ne se justifiait pas du fait du récent renchérissement des amendes d'ordre. Ce parti a également critiqué la possibilité d'ordonner des tests d'alcoolémie même en l'absence de signes d'ébriété. L'Association des familles des victimes de la route (AFVR) a pour sa part réclamé que le permis de conduire soit définitivement retiré aux conducteurs qui ont mis gravement en danger d'autres usagers de la route à plus de deux reprises [21].
Le Conseil national a transmis une motion Bortoluzzi (udc, ZH) demandant au Conseil fédéral de créer les bases juridiques nécessaires afin de subordonner l'obtention du permis de conduire à la présentation d'un certificat écartant toute toxicomanie de la part du candidat. Les députés ont en effet estimé qu'une telle mesure s'imposait pour des raisons de sécurité évidentes. Pour des motifs similaires, la grande chambre a refusé de transmettre un postulat Leuba (pl, VD) invitant l'exécutif à renoncer à ses intentions d'abaisser la limite du taux d'alcoolémie autorisé. Elle a également refusé de transmettre une motion Schenk (udc, BE) ainsi qu'un postulat Scherrer (pdl, BE) demandant tous deux d'abroger la disposition de la LCR qui donne une priorité absolue aux piétons sur les passages cloutés. Contrairement à ce qu'affirmaient les auteurs des deux textes, les députés ont en effet estimé que cette mesure avait contribué à accroître la sécurité des piétons dans la mesure où elle incitait les automobilistes à la plus grande prudence [22].
 
[20] Presse du 18.4.96.20
[21] Presse du 4.9.96. L'ordonnance d'exécution relative à la nouvelle loi sur les amendes d'ordre est par ailleurs entrée en vigueur au mois de septembre. Le montant des amendes a été, comme annoncé, notablement revu à la hausse, certaines passant du simple au triple: presse du 12.1.96; NZZ, 5.3.96. Voir APS 1995, p. 176 s.21
[22] BO CN, 1996, p. 753 ss. (Bortoluzzi et Leuba) et 1794 ss. (Schenk et Scherrer).22