Année politique Suisse 1996 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche / Ecoles obligatoires
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Restrictions budgétaires et enseignants
Les mesures d'économies budgétaires ont à nouveau concerné les écoles obligatoires dans de nombreux cantons. Parmi les conséquences engendrées par ces restrictions financières, la suppression de nombreux postes d'enseignants, l'augmentation du nombre d'élèves par classe ou le blocage - voire la baisse - des salaires ont suscité le mécontentement des enseignants, qui ont organisé des actions de protestation dans certains cantons (Soleure, Genève, Zurich). Dans les cantons de Zurich et de Lucerne, des projets visant à introduire le salaire au mérite sont par ailleurs élaborés par les exécutifs. Le peuple schaffhousois a pour sa part adopté un projet introduisant une évaluation quadriennale des enseignants [6].
Selon les chiffres fournis par l'association faîtière des enseignants et enseignantes suisses (ECH), le nombre d'enseignants à la recherche d'un emploi a diminué, passant de 1400 en 1995 à 970. Les plus touchés sont ceux du degré primaire ainsi que les jardinières d'enfants. Les cantons les plus concernés sont ceux de Vaud (230 personnes), de Berne (220) et du Valais (110) [7].
Suite à la recommandation faite par la CDIP en 1995 quant à la souhaitable tertiarisation de la formation des enseignants, de nombreux cantons ont présenté des projets plus ou moins avancés. Certains projets - notamment celui des cantons de Suisse centrale et celui réunissant le Jura, Neuchâtel et la partie francophone du canton de Berne - consacrent des collaborations intercantonales. La formation sera dispensée soit au sein de hautes écoles pédagogiques - conçues à l'image des HES parallèlement créées (voir infra) - soit au sein des universités. La disparition des séminaires pédagogiques cantonaux n'a pas manqué par ailleurs de rencontrer de vives résistances en Suisse alémanique (surtout centrale) ainsi que dans les milieux professionnels concernés. Les opposants à la tertiarisation craignent notamment que la formation des enseignants ne devienne trop théorique, en particulier pour les degrés scolaires inférieurs. Une pétition munie de quelque 80 000 signatures a même été déposée en fin d'année à la Chancellerie fédérale: les pétitionnaires protestent entre autres contre ce qu'ils considèrent être une uniformisation et centralisation regrettables de la formation pédagogique [8].
 
[6] SO: SZ, 24.8, 15.10, 30.11 et 4.12.96. GE: JdG, 9.11.96. ZH: TA, 25.1 et 10.7.96; DAZ, 29.11.96. LU: NLZ, 13.11.96. SH: SN, 29.11 et 2.12.96; BaZ, 21.8.96. BE: Bund, 24.9, 30.5 et 4.12.96; NQ, 9.12.96. VS: NQ, 22.3.96. VD: JdG, 23.8.96. Voir également APS 1995, p. 278. Dans le canton de Lucerne, une initiative demandant de ne pas dépasser le chiffre de 25 élèves par classe est pendante (NLZ, 16.1.96). Dans celui de Bâle-Campagne, une initiative visant à limiter le nombre d'élèves à 20 a également été lancée. Dans ce dernier canton, une initiative qui veut s'opposer au projet gouvernemental de donner une totale autonomie aux communes en matière de salaire des enseignants a en outre été déposée (BaZ, 15.3, 17.7, 14.8 et 25.9.96). Voir également APS 1994, p. 247.6
[7] Lib., 21.8.96; NQ, 31.10.96. Voir également APS 1995, p. 278.7
[8] Vision générale: TA et NZZ, 23.5.96; NQ, 19.6.96; Ww, 20.6.96; TW, 25.11.96; Lib., 29.11.96. Suisse centrale: Bund, 15.1 et 1.4.96; NLZ, 23.3 et 29.10.96. BE-JU-NE: Express, 8.6.96. VS: NQ, 7.10.96. ZH: TA, 25.10.96. BL: BaZ, 23.5 et 20.6.96. BE: Bund, 15.6 et 22.11.96. FR: Lib., 14.3.96. VD: 24 Heures, 23.2.96. GR: BüZ, 20.9.96. Voir également APS 1995, p. 278. Il est à relever que dans le canton de Genève, la tertiarisation de la formation des enseignants a d'ores et déjà commencé: JdG, 19.6.96.8