Année politique Suisse 1996 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche / Hautes écoles
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Etudiants et études
Pour la seconde fois consécutive, le nombre d'étudiants inscrits dans les hautes écoles helvétiques a diminué. Selon l'Office fédéral de la statistique (OFS), 88 200 étudiants - soit 1,1% de moins que l'année précédente - se sont assis sur les bancs des universités suisses durant le semestre d'hiver 95/96. A l'exception des universités de Fribourg et de Lausanne, cette tendance a été observée dans presque toutes les hautes écoles, celle de Genève connaissant la baisse la plus importante (- 6,7%). Le recul du nombre d'étudiants affecte la quasi-totalité des facultés; seuls le droit, les sciences sociales et la théologie ont vu leurs effectifs augmenter. La diminution la plus marquée (-4,1%) concerne pour la première fois les sciences techniques. Le nombre de nouveaux inscrits a également reculé (-1,9%). Selon l'OFS, cette baisse généralisée du nombre d'étudiants immatriculés s'expliquerait par le renforcement des conditions d'admission et des règlements d'études ainsi que par la hausse des taxes (à Zurich et à Genève), cette dernière mesure poussant de nombreux doctorants ainsi que les "étudiants éternels" à s'exmatriculer. Cette tendance ne devrait cependant pas se poursuivre à long terme, les titulaires de maturité étant en nette augmentation. Les statistiques de l'OFS révèlent par ailleurs que le nombre de femmes inscrites a poursuivi sa lente ascension, passant de 41,3% à 41,8%. Dans la plupart des universités cantonales, les femmes sont à nouveau majoritaires parmi les étudiants débutants [15].
Selon l'Association suisse pour l'orientation universitaire (ASOU), la part des jeunes diplômés universitaires à la recherche d'un emploi a diminué, passant de 9,2% en 1993 à 6,4% en 1995. Selon les régions linguistiques, la diminution du nombre de licenciés sans emploi fut cependant très diverse: alors que la part d'universitaires à la recherche d'une première expérience professionnelle reculait de 7,1% à 4,2% en Suisse alémanique, elle ne diminuait que de 13,7% à 10% en Suisse romande. Selon l'ASOU, cette différence devait non seulement être imputée à une situation économique plus difficile en Suisse romande, mais devait également être mise en rapport avec le nombre plus élevé de détenteurs de licence universitaire dans cette région du pays. L'enquête de l'ASOU s'est également penchée sur les taux de chômage par discipline. A cet égard, ce sont les étudiants en droit (3%) et en médecine (3,5%) qui sont les mieux lotis, suivis par les étudiants en théologie (4,8%), en sciences naturelles (5,7%), en lettres (5,7%) et en économie (6,5%). Les licenciés en sciences techniques (8%) et ceux en sciences sociales (11,3%) ferment pour leur part la marche.
L'OFS a publié les résultats d'une enquête portant sur le nombre d'étudiants quittant l'université sans avoir obtenu aucun titre. Selon les chiffres publiés, pas moins de 27% des étudiants ne termineraient pas leurs études. D'après l'OFS, ce chiffre est d'autant plus impressionnant que ces abandons ne se produiraient en moyenne qu'après 6 semestres. Les abandons sont par ailleurs fortement corrélés avec la structure de la formation et les débouchés que celle-ci offre: plus les études sont structurées de façon scolaire et préparent à l'exercice d'un métier concret, moins il y a d'abandons. C'est ainsi que la médecine et les sciences techniques connaissent des taux d'abandon inférieurs à 25%, alors que le taux dépasse 40% en ce qui concerne les sciences humaines [17].
La Conférence universitaire suisse (CUS) a à nouveau enjoint les universités de prendre des mesures contre les étudiants qui n'auraient obtenu aucun diplôme après 16 semestres d'études. Selon la CUS, les "étudiants éternels" fausseraient notamment la répartition des subventions fédérales. Ces dernières étant en effet calculées d'après le nombre d'étudiants par université, les hautes écoles qui comptent parmi leur rang nombre de ces étudiants attardés reçoivent indûment des subsides au détriment de celles, notamment romandes, plus enclines à les exmatriculer automatiquement. Pour remédier à cette situation, la CUS a recommandé à la Confédération de ne pas tenir compte, dans le calcul des subventions, des étudiants ayant dépassé 16 semestres sans obtenir de diplôme [18].
 
[15] Presse du 31.1.96; 24 Heures, 24.4.96; NZZ, 20.5.96. Voir également APS 1995, p. 280.15
[17] Presse du 22.10.96. Cf. lit. Meyer.17
[18] Bund, 10.1.96; NQ, 29.1.96. Selon l'OFS, ce serait avant tout au sein des universités bernoise (7,8% du nombre total d'étudiants) et zurichoise (6,5%) que le problème des "étudiants éternels" serait le plus présent. Il est par ailleurs à relever que la nouvelle loi bernoise sur l'université prévoit désormais une limitation de la durée autorisée des études: presse du 8.5.96.18