Année politique Suisse 1998 : Economie / Agriculture
Politique des revenus
Si les cultures en Suisse ont bénéficié de conditions climatiques relativement favorables en 1998, les prix à la production sont retombés à leur niveau de 1976. Le marché de la viande a encore passablement souffert, notamment celui de la viande de porc
[18].
En 1997, le revenu moyen d’une exploitation s’élevait à 94 000 francs, soit 6000 francs de moins qu’en 1990. Par contre, selon un rapport de l’Office fédéral de l’agriculture,
les paysans bio gagnent depuis 1993 nettement mieux leur vie
que les agriculteurs conventionnels. C’est à cette date qu’avait commencé le versement de 4 millions de contributions écologiques destinées à encourager des méthodes de production respectueuses de la nature et de l’environnement. Depuis lors, les versements destinés aux paysans pratiquant uniquement une agriculture biologique sont passés à 47 millions de francs en 1997. En tout, les subventions rémunérant divers services liés à l’environnement (aménagement de haies, culture d’arbres fruitiers, création de prairies et jachères) ont atteint 709 millions de francs, c’est-à-dire sept fois plus qu’en 1993. En 1995, les paysans «bio» ont gagné 10 000 à 15 000 mille francs de plus que les agriculteurs conventionnels et 5000 de plus que ceux pratiquant la PI. Ceci leur a permis d’investir l’année suivante dans leur exploitation 12 000 francs de plus que les premiers et 4000 de plus que les seconds. Outre les contributions de la Confédération, les paysans bio vendent en moyenne leurs produits également plus chers de 18 à 25%
[19].
Lors d’une manifestation qui s’est tenue à Berne, le syndicat industrie et bâtiment (SIB) a dénoncé les
conditions de travail auxquelles sont astreints les
ouvriers agricoles qui sont 40 000 en Suisse. Le SIB a exigé des semaines de 45 heures et cinq jours, un salaire mensuel minimal de 3000 francs, des meilleures conditions de travail et une subordination à la loi sur le travail. Actuellement, les ouvriers agricoles travaillent 55 à 60 heures par semaine pour un salaire mensuel minimal de 2520 francs. L’USP a rejeté ces revendications qu’elle juge insupportables pour les agriculteurs
[20].
Afin de diversifier leurs sources de revenu, les paysans développent de plus en plus des structures de tourisme rural. En 1997, la plus grande association de Suisse active dans ce domaine, «Vacances à la ferme», a enregistré environ 80 000 nuitées pour un chiffre d’affaires de 1,6 million de francs. Cela représente une augmentation annuelle de quelques 10%. L’association a également mis sur pieds un label de qualité
[21].
Conséquence de la nouvelle politique agricole 2002, l’attribution de paiements directs sera désormais destinée uniquement aux exploitations s’étant converties à la production intégrée. A partir d’un revenu imposable de 80 000 francs, les paiements directs seront réduits. Ils ne devront pas non plus conduire à un revenu dépassant 120 000 francs. Dans la même optique, les paysans disposant d’une fortune imposable de plus d’un million de francs ne pourront pas bénéficier de cette manne fédérale, pas plus que ceux qui possèdent une exploitation supérieure à 90 hectares ou plus de 135 unités de gros bétail
[22].
Depuis l’instauration du système des paiements directs, l’OFAG effectue ses versements en fonction des
surfaces cultivées. Or, celles-ci sont recensées selon des mesures datant parfois de près d’un siècle et plus guères conformes à la réalité. Etant donné que depuis le milieu du XXe siècle, la forêt a gagné du terrain sur les terres cultivables, des milliers de paysans reçoivent ainsi des contributions pour l’entretien de champs qui sont laissés à l’abandon ou
désormais recouvert d’arbres. Chaque année, la Confédération verserait quelques 20 à 25 millions de francs de paiements directs en trop. Avec la politique agricole 2002, le critère de la surface devient encore plus essentiel et l’OFAG a lancé un projet d’actualisation des plans qui devrait durer au maximum deux ans. Les cantons seront soutenus par la Confédération dans cette tâche. Quant aux exploitants qui déclareraient désormais cultiver des surfaces bien plus grandes qu’en réalité, ils s’exposent à des sanctions administratives
[23].
[20]
24 Heures, 26.11.98.20
[22]
24 Heures, 16.6.98.22
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