Année politique Suisse 2000 : Chronique générale / Politique étrangère suisse / Principes directeurs
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Neutralité
Un rapport sur la neutralité a été présenté à Joseph Deiss. Présidée par le secrétaire d’Etat Franz von Däniken, la commission en charge du rapport avait pour principal objectif l’analyse de la marge de manœuvre suisse au niveau du droit international, principalement dans le cadre d’opérations décidées par l’OTAN et l’ONU. Suite aux représailles contre l’Irak et la Serbie, le DFAE avait à cœur d’estimer la liberté de la Suisse à participer ou non aux actions coercitives des puissances européennes, en ne compromettant ni son principe de neutralité ni sa coopération avec les autres Etats. Joseph Deiss a rappelé à cette occasion son souci de conserver pour la Confédération un strict principe de neutralité, même dans le cas, jugé par lui souhaitable, d’une adhésion à l’ONU [2].
Le débat sur la neutralité a aussi rebondi suite à une importante étude du FNRS sur le potentiel international de la Suisse. D’un coût total de 16 millions de francs, ce rapport, commandé par le Conseil fédéral suite à l’échec de l’adhésion à l’UE en décembre 1992, a mis en évidence l’influence helvétique au sein des discussions internationales et le rôle handicapant du «mythe» de la neutralité suisse. Selon les résultats de l’étude, la Suisse ne serait pas vraiment un «petit» Etat en terme politique, et une meilleurs stratégie diplomatique pourrait «renforcer considérablement» son poids sur le plan international. Condition de cet effort: la Confédération devrait participer plus activement aux structures de coopération régionales et mondiales et relativiser sa politique traditionnelle de neutralité. Cette dernière n’aurait pas nécessairement réduit les risques de voir la Suisse impliquée dans un conflit ces dernières années, et aurait retardé la modernisation de son armée. Le chef du DFAE a annoncé partager nombre de considérations issues de cette étude, notamment en ce qui concerne la nécessité pour la Suisse d’adhérer à l’ONU et de s’engager plus activement en faveur de la paix. Une autre étude, réalisée cette fois par le Centre de recherche sur la politique de sécurité de l’EPFZ, a mis en exergue que 34% de la population helvétique se rattache clairement à une catégorie isolationniste allergique à une ouverture de la Suisse envers les institutions mondiales en général et envers l’UE en particulier. Les partisans de l’ouverture européenne représentent aussi 34%, bien que ces chiffres, relevés auprès d’une population représentative en plein cœur des pressions de l’UE à l’encontre de l’Autriche, ne constituent que des indicateurs [3].
 
[2] Express, 23.11.00.2
[3] Lib., 21.10.00 (étude FNRS); TG, 23.8.00 (étude EPFZ).3