Année politique Suisse 2001 : Chronique générale / Politique étrangère suisse
 
Relations bilatérales
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Double imposition
Le Conseil fédéral a publié deux messages en vue d’éviter la double imposition de l’Ukraine et de la République kirghize. Concernant le premier pays, les deux Chambres se sont favorablement prononcées en cours d’année, alors que seul le Conseil des Etats a avalisé la convention avec la République kirghize. Sur le même sujet, le Conseil national et le Conseil des Etats ont ratifié la convention avec l’Autriche, dont le message avait été publié l’année précédente par le Conseil fédéral [61].
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Allemagne
A quelques jours de l’inauguration en grande pompe de la nouvelle ambassade suisse à Berlin, une anecdote «people» s’est muée en controverse politique sérieuse: Shawne Borer-Fielding, épouse de l’ambassadeur helvétique en Allemagne, Thomas Borer, et accessoirement ex-Miss Beauté texane, est apparue en tenue très sexy de cow-girl dans un magazine allemand pour jeunes. L’affaire, d’abord uniquement médiatique, a pris une tournure politique lorsque le DFAE, échaudé par les poses peu protocolaires de la Miss, a demandé à Thomas Borer et au magazine en question des explications sur ces clichés jugés «à la limite du mauvais goût». Immédiatement, la femme du diplomate s’est officiellement excusée auprès de Joseph Deiss, qui avait annoncé prendre l’affaire «très au sérieux» et envisager d’éventuelles sanctions. Les excuses acceptées, la nouvelle ambassade suisse, qui se dresse entre le Reichstag et la Chancellerie, a été officiellement inaugurée par Moritz Leuenberger [62].
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Autriche
Le Conseil des Etats a ratifié un accord d’assistance mutuelle en cas de catastrophe avec l’Autriche [63].
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Chine
Les deux Chambres fédérales ont ratifié l’accord d’entraide judiciaire entre la Confédération et la République populaire de Chine. Le texte publié par le gouvernement devrait permettre une meilleure coopération en matière pénale entre la Suisse et la Région administrative spéciale de Hong Kong. L’importance de l’ancienne colonie britannique sur la place financière internationale implique aussi le développement du crime organisé et du blanchiment d’argent sale: l’accord entre les deux Etats espère réglementer la lutte contre ces abus [64].
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Egypte
Le Conseil fédéral a publié un message relatif au Traité d’entraide judiciaire en matière pénale avec l’Egypte. Cet accord, premier du genre conclu par la Suisse avec un pays arabe, devrait apporter aux deux Etats de nouveaux moyens dans la lutte respective contre la criminalité et dans le contrôle mutuel du respect des droits de l’homme [65].
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Hongrie
La Chambre du peuple a entériné à l’unanimité moins une voix l’accord avec la Hongrie en matière de lutte contre la criminalité publié par le gouvernement en 2000 et avalisé par le Conseil des Etats la même année [66].
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Israël
Le Bureau suisse de liaison auprès de l’Autorité palestinienne a été vertement critiqué par le gouvernement israélien, qui l’a jugé «indésirable dans sa forme actuelle». Cette réaction a fait suite aux déclarations de la cheffe du Bureau, Annick Tonti, suite à l’élection d’Ariel Sharon, propos considérés comme déplacés du côté israélien. La représentante suisse avait fait part de son sentiment de moins entendre parler de paix depuis quelques mois, notamment depuis l’élection de Sharon [67].
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Mexique
Les Chambres ont approuvé les accords de libre-échange conclus entre les pays membres de l’AELE et le Mexique (voir supra) [68].
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Turquie
Alors que, la même semaine, l’Assemblée nationale française reconnaissait un génocide arménien nié par la Turquie, le Conseil national a rejeté de justesse (73 voix contre 70) un postulat Zisyadis (pdt, VD) allant dans ce sens. Le gouvernement turc s’est déclaré satisfait de la décision des parlementaires helvétiques [69].
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Visites en Suisse
En prélude à la votation sur l’ONU, le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan a effectué un séjour en Suisse. Parlant «d’interdépendance mondiale» et rappelant les multiples définitions que l’on peut donner à la notion de neutralité, Kofi Annan s’est activement engagé en faveur d’une adhésion de la Suisse à l’ONU, soutenu dans ses efforts par Moritz Leuenberger et l’ensemble du DFAE [70].
A Genève, Jacques Chirac a pris la parole pour la première fois dans le cadre d’une session de l’ONU, lors d’une séance de la Commission des droits de l’homme qui a vu aussi s’exprimer deux autres chefs d’Etat: Vojislav Kostunica (République fédérale de Yougoslavie) et Jospeh Kabila (Congo démocratique) . A cette occasion, le président de la Confédération a multiplié les entretiens diplomatique: avec son homologue français au sujet du Protocole de Kyoto, avec le président congolais concernant les avoirs gelés de Mobutu, avec Vojislav Kostunica enfin, sur les thèmes du Kosovo et de la Macédoine [71].
La Confédération a en outre accueilli le président tchèque Vaclav Havel lors d’une visite de quelques jours sur le territoire helvétique. L’ancien opposant au communisme a relevé l’inspiration que pourrait apporter le modèle suisse à l’UE, alors que Moritz Leuenberger a souligné le rapprochement de la Confédération et de la Tchéquie depuis la chute du rideau de fer [72].
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Séjours à l’étranger
En sa qualité de président de la Confédération, Moritz Leuenberger a effectué de nombreux voyages diplomatiques au cours de l’année sous revue. Il s’est rendu en Suède y rencontrer le premier ministre Göran Persson, alors président de l’Union européenne. Les délégations helvétiques et suédoises ont notamment abordé le second volet de négociations bilatérales. Plusieurs pays de l’Est européen ont aussi été visités, notamment l’Estonie, la Lituanie, la Hongrie et la Slovaquie. Auparavant, il avait été accueilli en République fédérale de Yougoslavie par le président Kostunica. A relever que le secrétaire d’Etat Franz von Däniken s’est rendu en Corée du Nord, première visite officielle helvétique depuis 1974 dans cet Etat dictatorial [73].
Outre sa visite diplomatique en Israël et dans les territoires palestiniens où il s’est entretenu avec Yasser Arafat et a visité un camp de réfugiés, Joseph Deiss s’est rendu aux Etats-Unis, pour y rencontrer son homologue Clin Powell et plusieurs membres de l’administration Bush. Le chef du DFAE a remis au président une lettre de Moritz Leuenberger, regrettant la décision américaine de ne pas ratifier les accords de Kyoto et lui demandant en vain de reconsidérer sa position. Joseph Deiss est retourné plus tard dans l’année aux Etats-Unis, à New York, pour assister en observateur à l’Assemblée générale des Nations Unies et préparer le terrain d’une demande d’adhésion, alors que la campagne était déjà engagée par le Conseil fédéral en Suisse. Suite au discours bellicistes de George W. Bush en réaction aux attentats new-yorkais, Joseph Deiss a désapprouvé la mort de victimes civiles innocentes lors de représailles et a souhaité que ces dernières ne sortent pas du cadre de l’Etat de droit auquel doivent se tenir les démocraties. Autre pays visité au cours de l’année: l’Algérie, où le conseiller fédéral fut convié à un colloque interdisciplinaire sur la question de l’identité nationale, la Bulgarie, où le chef du DFAE a rencontré le président Peter Stoïanov à Sofia, et le Tchad, à l’occasion de la quinzième conférence ministérielle de la francophonie à N’Djamena. Il a enfin conclu l’année par une visite en Espagne où Joseph Deiss a rencontré son homologue Josep Piqué i Camps. Les discussions ont porté sur le nouveau dossier des bilatérales «bis» que la Suisse espère voir avancer le plus vite possible: en assumant la présidence de l’UE en 2002, l’Espagne pourrait à cet effet jouer un rôle important [74].
Le ministre de l’Economie Pascal Couchepin s’est rendu à Paris pour y discuter avec des membres du gouvernement Jospin. La ratification tardive des bilatérales par la France, finalement signées quelques jours plus tard, a notamment été abordée. Pascal Couchepin s’est ensuite envolé pour l’Iran, accompagné d’une quarantaine d’hommes d’affaires suisse. Il s’est entretenu avec le président Mohammad Khatami des relations économiques entre les deux pays. Plus tôt dans l’année, le conseiller fédéral avait visité le Nigéria, où l’affaire des fonds suisses de l’ex-dictateur Sani Abacha a été abordée en même temps que de nouveaux investissements helvétiques dans le pays. Il s’est aussi rendu à Singapour et à Brunei, afin de consolider le développement des entreprises suisses en Asie du Sud-Est [75].
 
[61] FF, 2001, p. 1563 ss. (Ukraine) et 4415 ss. (République kirghize); BO CN, 2001, p. 768 (Autriche) et 1165 (Ukraine); BO CE, 2001, p. 59 s. (Autriche), 242 (Ukraine) et 595 (République kirghize).61
[62] Presse du 4 au 12.5.01.62
[63] BO CE, 2001, p. 29.63
[64] FF, 2001, p. 133 ss.; BO CN, 2001, p. 608; BO CE, 2001, p. 116 s.64
[65] FF, 2001, p. 4680 ss.65
[66] BO CN, 2001, p. 607 s. Voir APS 2000, p. 27.66
[67] LT, 19-20.2.01.67
[68] FF, 2001, p. 1744 ss.; BO CN, 2001, p. 498 ss.; BO CE, 2001, p. 368 ss.68
[69] BO CN, 2001, p. 164 ss.; NZZ, 16.3.01 (reactions turques).69
[70] LT, 30.3.01.70
[71] 24h, 31.3.01.71
[72] Express, 29.6.01.72
[73] LT, 17.2.01 (Suède); 24h, 25.7.01 (pays de l’Est); LT, 11.4.01 (Corée du Nord).73
[74] LT, 9-11.4.01 (Etats-Unis); LT, 12.11.01 (Etats-Unis, second voyage) ; TG, 30.3.01 (Algérie); Lib., 3.3.01 (Bulgarie); LT, 9.2.01 (Tchad); 24h, 15.12.01 (Espagne).74
[75] LT, 12.9.01 (France); 24h, 8.10.01 (Iran); TG, 2.6.01 (Nigéria); Lib., 8.2.01 (Singapour).75