Année politique Suisse 2009 : Infrastructure, aménagement, environnement / Energie
 
Politique énergétique
Les chambres ont transmis au Conseil fédéral une motion du groupe libéral-radical lui demandant de clarifier l’importance des contrats à long terme avec l’étranger pour garantir l’approvisionnement électrique du pays, d’étudier les conséquences de l’abrogation desdits contrats pour le prix du courant et la compétitivité de l’économie suisse [1].
Dans le prolongement des discussions sur la stratégie énergétique de la Suisse, le Conseil national a transmis sans discussion un postulat de sa commission de l’énergie (CEATE-CN) chargeant le gouvernement de présenter un rapport sur le potentiel de l’Europe en matière d’énergies renouvelables et la valeur économique de ce potentiel en comparaison avec les énergies non renouvelables, ainsi que sur la position de la Suisse sur le marché international [2].
L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) a publié un rapport sur le marquage du courant dont il ressort que 19% de l’électricité consommée en Suisse en 2007 est de provenance et de composition inconnues. Cela correspond à la proportion de courant importé au sujet duquel aucune information précise n’est disponible, alors que l’on connaît les parts respectives de l’énergie nucléaire (41%), de l’énergie hydraulique (36%), des énergies fossiles (1,9%), ainsi que des déchets (2%) et des énergies alternatives (0,4%) indigènes consommées en Suisse. En collaboration avec la branche et d’entente avec d’autres pays, l’OFEN étudie les mesures possibles afin de garantir une information transparente aux consommateurs [3].
Par ailleurs, une autre étude, publiée par la firme TEP Energy pour le compte de l’Union pétrolière suisse et l’Association de l’industrie du gaz, a évalué le bilan CO2 du courant consommé en Suisse. En effet, si la production indigène n’occasionne pratiquement aucune émission (cf. supra), l’importation de courant provenant de pays dépendant fortement des énergies fossiles implique un coût environnemental qu’il convient de mesurer. En recourant aux données disponibles concernant les pays fournisseurs de la Suisse, l’étude conclut que la production de chaque kilowattheure consommé en Suisse a occasionné en moyenne l’émission de 100 grammes de CO2 [4].
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Efficacité énergétique
Dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action « efficacité énergétique » adopté par le Conseil fédéral l’année précédente, celui-ci a présenté au parlement un message concernant une modification de la loi sur l’énergie. Le gouvernement a ainsi proposé d’introduire dans la loi l’obligation pour les cantons, seuls compétents en la matière, de définir et d’introduire un certificat énergétique des bâtiments uniforme à l’échelle nationale. Le projet a en outre comporté une adaptation des aides financières pour l’assainissement des bâtiments, afin que le calcul prenne en compte non plus seulement les coûts supplémentaires non amortis, mais l’ensemble des investissements supplémentaires. Enfin, le Conseil fédéral a proposé d’étendre les contributions globales de la Confédération aux cantons aux domaines de l’information et du conseil, ainsi que de la formation et du perfectionnement.
Lors de la session d’hiver, le Conseil des Etats a décidé l’entrée en matière sans la moindre opposition. Réservant au projet gouvernemental un accueil très favorable, les sénateurs ont toutefois interrogé le chef du DETEC au sujet de la constitutionnalité de l’obligation faite aux cantons de se doter d’une étiquette énergétique uniforme pour les bâtiments. Moritz Leuenberger a tout d’abord rappelé que la conférence des directeurs cantonaux de l’énergie avait déjà adopté un certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB). Il a également fait valoir que cette obligation ne portait pas sur le contenu, mais seulement sur la forme du certificat et qu’elle devait garantir que, à l’avenir, les cantons n’abandonnent pas le certificat commun au profit d’une solution solitaire, purement cantonale. Aucun autre aspect du projet n’ayant suscité de discussion, c’est à l’unanimité que la chambre haute a approuvé cette modification de la loi sur l’énergie [5].
Toujours dans le cadre du plan d’action « efficacité énergétique », le Conseil fédéral a approuvé la révision de l’ordonnance sur l’énergie mise en consultation l’année précédente. Il y a introduit des prescriptions plus sévères concernant la consommation d’énergie des appareils ménagers et électroniques, des lampes et des moteurs électriques. Alignées sur celles de l’UE, les nouvelles normes sont censées permettre une économie d’environ 960 millions de kWh par an. Leur entrée en vigueur a été synchronisée avec l’UE et s’échelonne du 1er janvier 2010 au 1er janvier 2013 [6].
Dans le cadre du programme de stabilisation de l’économie nationale, le parlement a pris un certain nombre de mesures dans le domaine énergétique. Lors de la première phase, il a décidé, en décembre 2008, de consacrer 50 millions de francs à l’octroi d’aides en faveur de l’assainissement des bâtiments. Au début de l’été, l’Office fédéral du logement en a octroyé une première tranche de 16 millions sous la forme de prêts de 45 000 francs par logement, remboursables en vingt-cinq ans, pour l’isolation complète de l’enveloppe de bâtiments d’habitation, tandis que les autres 34 millions ont été alloués dans un second temps, à l’automne. Lors de la session de printemps, les chambres ont adopté un second train de mesures pour un montant de 60 millions de francs. Ainsi trois programmes d’encouragement, destinés respectivement aux installations photovoltaïques figurant sur la liste d’attente de la rétribution à prix coûtant (RPC; cf. infra, Energies alternatives), au remplacement des chauffages électriques à accumulation et aux projets de chauffage à distance utilisant les rejets de chaleur ou les énergies renouvelables, ont été mis en œuvre par l’OFEN [7].
La CEATE-CN a présenté son projet de loi fédérale sur des mesures incitatives en faveur des économies d’énergie dans le bâtiment concrétisant l’initiative parlementaire Hegetschweiler (plr, ZH). Cette proposition de modification de la loi sur le CO2 vise à instituer un programme national d’assainissement des bâtiments financé par une affectation partielle de la taxe sur le CO2 équivalant à un tiers du produit de celle-ci mais au maximum 200 millions de francs. Les aides allouées sont prioritairement destinées à la rénovation énergétique et, dans une moindre mesure, à l’encouragement des énergies renouvelables. Elles ne peuvent être octroyées qu’aux cantons qui contribuent eux-mêmes pour une part au financement de ces mesures d’assainissement. Enfin, le projet règle les conséquences du programme au niveau du droit du bail. Les bailleurs pourront être exonérés de la taxe et ne seront pas contraints de répercuter les remboursements sur les locataires, mais ils auront la possibilité de les conserver en vue d’investissements énergétiques [8].
Le Conseil fédéral a exprimé un avis favorable sur le projet, à l’exception de la modification du droit du bail. Le gouvernement a en effet jugé que les montants en jeu pour les propriétaires étaient trop faibles pour les inciter réellement à entreprendre des travaux d’assainissement. La mise en œuvre de cette nouveauté engendrerait en outre des coûts administratifs conséquents. Se ralliant à l’avis du Conseil fédéral, la commission a finalement renoncé à cette modification du code des obligations [9].
Le Conseil national a décidé l’entrée en matière, par 110 voix contre 62, rejetant ainsi une proposition contraire d’une minorité UDC et PLR de la commission. Les groupes socialiste et écologiste étaient acquis au projet. Fait remarquable, le débat a essentiellement opposé deux tendances au sein des partis bourgeois, à savoir, d’une part, les partisans du projet qui se sont félicités que l’argent consacré à la compensation des émissions CO2 soit investi en Suisse à travers le « Programme bâtiments » et, d’autre part, les opposants qui ont dénoncé l’inconstitutionnalité de cet usage de la taxe sur le CO2 et plaidé en faveur d’incitations fiscales à destination des propriétaires immobiliers. Au terme de ces échanges, parfois vifs, une nette majorité a approuvé la création du programme et son mode de financement. Le plénum a rejeté une proposition d’une minorité bourgeoise de la commission visant à obliger les cantons à contribuer pour un montant au moins égal à celui de la Confédération. Les députés ont toutefois amendé le projet afin d’allonger le délai pour le versement des aides de 5 à 10 ans et de charger le Conseil fédéral de rapporter sur l’efficacité de ces mesures au terme des cinq premières années. Au vote sur l’ensemble, le projet amendé a été adopté par 113 voix contre 57.
Au Conseil des Etats, le débat a révélé un clivage analogue. Les sénateurs ont approuvé l’entrée en matière par 26 voix contre 11. Contrairement à la chambre du peuple, la chambre des cantons a suivi sa commission et décidé de limiter le soutien aux énergies renouvelables à un tiers du fonds affecté (soit 67 millions de francs). Toujours sur proposition de sa CEATE, elle a amendé le projet de loi de sorte que la récupération des rejets de chaleur et les installations techniques puissent également bénéficier de subventions. Enfin, les sénateurs ont refusé de restreindre l’octroi de ces aides aux seuls cantons qui contribuent aux mesures d’assainissement. Ils l’ont en revanche conditionné à la conclusion d’une convention-programme entre la Confédération et les cantons requérants. Au vote sur l’ensemble, le Conseil des Etats a approuvé le projet par 27 voix contre 7.
La chambre du peuple s’est ralliée à celle des cantons sur l’ensemble des divergences. En votation finale, le projet a été adopté, respectivement par 102 voix contre 74 (et 16 abstentions) et par 32 voix contre 10 [10]. Conséquemment, le Conseil des Etats a jugé que les objectifs visés par la motion Chevrier (pdc, VS) approuvée par le Conseil national l’année précédente étaient réalisés et l’a rejetée [11].
Chargée de l’examen préalable de deux initiatives parlementaires Hiltpold (plr, GE) visant à développer les incitations à la construction de bâtiments à standard énergétique élevé, la CEATE-CN s’est ralliée aux objectifs de l’initiant, tout en privilégiant d’autres instruments et une autre manière de procéder. Après avoir rappelé que le secteur du bâtiment relève de la compétence des cantons, les commissaires ont jugé que le parlement ne dispose pas des informations nécessaires pour créer lui-même un régime d’incitation conforme aux exigences formulées dans les deux initiatives. Aussi, la CEATE a déposé un postulat confiant au Conseil fédéral le mandat de fournir ces informations. Elle a en outre déposé un second postulat demandant au gouvernement d’examiner l’opportunité d’aménager les règles d’accréditation auxquelles doivent satisfaire les experts habilités à délivrer un CECB. La commission souhaite ainsi élargir l’accès à la formation CECB aux personnes des métiers du bâtiment, en plus des experts académiques du secteur. En plénum, une très large majorité a transmis les deux postulats au Conseil fédéral et les deux initiatives ont, quant à elles, été retirées par leur auteur [12].
Les chambres ont discuté une série de propositions concernant les incitations fiscales à l’assainisement énergétique des bâtiments. Le Conseil national, tout d’abord, s’est à nouveau penché sur la motion Leutenegger (plr, ZH) visant à rendre possible une répartition de l’investissement déductible sur plusieurs années (contre une seule actuellement) après que le Conseil des Etats, souhaitant éviter que cette innovation ne complexifie excessivement le système fiscal, l’a transformée en mandat d’examen, l’année précédente. La commission de l’économie et des redevances du Conseil national (CER-CN) a regretté la décision de la chambre haute, estimant qu’elle équivaut à un renoncement à obliger le Conseil fédéral à mettre en œuvre la modification proposée. Pour cette raison, elle a déposé elle-même une motion reprenant la proposition originelle du député Leutenegger. Se ralliant à l’avis de sa commission, le plénum a rejeté la motion amendée par le Conseil des Etats et adopté, par 115 voix contre 52, la motion de sa CER. Le Conseil national a par contre suivi le Conseil des Etats concernant la transformation en mandat d’examen de la motion du groupe démocrate-chrétien visant à réviser la loi fédérale sur l’harmonisation des impôts directs des cantons et des communes (LHID) pour exonérer de l’impôt le capital épargné destiné à financer des assainissements. En outre, les chambres ont transmis au Conseil fédéral une motion de la CER-CE visant à renforcer l’efficacité et l’efficience des déductions fiscales à travers l’adoption d’une méthode de calcul tenant compte de standards énergétiques minimaux [13].
À la suite du Conseil des Etats l’année précédente, le Conseil national a approuvé de justesse, par 85 voix contre 84, une motion Simonetta Sommaruga (ps, BE) visant à encourager les propriétaires à améliorer le rendement énergétique de leurs bâtiments par une meilleure information, par des incitations fiscales, ainsi que par l’affectation d’une partie du produit de la taxe sur le CO2. Le plénum a ainsi suivi la majorité de sa commission de l’énergie, laquelle a jugé que cette motion complétait adéquatement l’initiative Hegetschweiler, alors que la minorité, issue des rangs du PLR et de l’UDC, la jugeait superflue, étant donné que toutes les mesures proposées sont déjà à l’étude (certificat énergétique unique pour les bâtiments) ou en voie d’application (« Programme bâtiments ») [14].
La chambre basse a transmis, par 131 voix contre 59, au Conseil fédéral un postulat du groupe des Verts lui donnant mandat d’examiner l’opportunité de coordonner les diverses contributions financières en faveur de l’assainissement des bâtiments au sein d’un seul organe, en l’occurrence l’OFEN. Selon les postulants, un effort de coordination permettrait de gagner en efficacité et d’éviter des redondances [15].
En 2008, dans le cadre du plan d’action « efficacité énergétique », le Conseil fédéral avait décidé qu’à partir de 2015 seules les ampoules présentant une efficacité forte ou optimale (labels A et B) seront autorisées sur le marché suisse. Jugeant ce délai excessivement long au regard des progrès techniques et du développement actuel du marché, le conseiller national Neirynck (pdc, VD) a déposé une initiative parlementaire afin que les ampoules moins efficaces soient interdites dès 2010. Lors de l’examen préalable, la majorité bourgeoise de la CEATE-CN a estimé inopportun d’adopter des exigences distinctes de l’UE en cette matière, notamment en raison du risque de violation du principe du « Cassis de Dijon » que cela entraînerait. Une seconde majorité, formée de représentants du centre et de la gauche, a toutefois souhaité accélérer le renforcement des normes en matière de rendement énergétique. Ainsi, la CEATE-CN a déposé une motion de commission visant à interdire les ampoules des catégories C à G à compter du 1er janvier 2012. Le plénum a suivi sa commission en rejetant, par 90 voix contre 68, l’initiative et en approuvant, par 99 voix contre 67, la motion [16].
La Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie et l’OFEN ont mené une campagne très active pour le lancement du certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB) en août. L’établissement d’un CECB coûte 1200 francs aux propriétaires. Pour les inciter, l’OFEN a notamment mené une action promotionnelle en s’engageant à prendre en charge 1000 francs de la facture pour les 15 000 premiers bâtiments expertisés. L’opération a connu un franc succès, puique les 15 000 certificats subventionnés ont été écoulés en trois semaines [17].
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Réseau national à haute et très haute tension
Le Conseil fédéral a inscrit le réseau stratégique de transport d’électricité dans le plan sectoriel des lignes de transport. Ce réseau comprend les lignes indispensables à l’approvisionnement général et à l’alimentation du réseau ferroviaire, ainsi que les projets de lignes censées combler les lacunes du réseau existant et dont le gouvernement projette la réalisation d’ici 2015. L’intégration de ces projets dans le plan sectoriel vise notamment à simplifier et à accélérer la procédure d’autorisation. Cette modification fait suite à la grave panne qui a frappé le réseau électrique ferroviaire en 2005 et, par là même, révélé les points faibles du réseau d’approvisionnement. Le Conseil fédéral a par ailleurs adopté de nouvelles règles censées permettre un traitement plus simple et plus rapide des demandes d’approbation de plan d’installations électriques dans le cadre de l’extension future du réseau stratégique de transport [18].
À la suite du Conseil des Etats l’année précédente et en dépit de la désapprobation exprimée par les entreprises électriques, le Conseil national a adopté tacitement la motion Fournier (pdc, VS) chargeant le Conseil fédéral de définir des critères précis permettant de déterminer dans quels cas une ligne à haute tension doit être enterrée [19].
Sans attendre le verdict de la chambre basse, le DETEC a organisé une audition dans le cadre de l’élaboration d’un système d’évaluation censé permettre de choisir entre l’enfouissement et le tracé aérien en fonction de critères objectifs. Outre le coût respectif des variantes, le système proposé prend en considération trois domaines et pour chacun d’eux une série de critères. Il intègre ainsi la préservation du milieu naturel (paysage, rayonnement, sols et eaux, etc.), la sécurité de l’approvisionnement (délais de procédure et de construction) et les intérêts des communes (sites et monuments, tourisme, etc.). Le rapport publié en fin d’année a souligné que si les participants s’accordent sur la nécessité d’une évaluation objective, le choix et la pondération des critères sont extrêmement controversés. Le DETEC a toutefois décidé de le mettre à l’épreuve de la pratique en l’utilisant pour les projets de lignes Chippis-Mörel (VS), Airolo-Lavorgno (TI) et Niederwil-Bremgarten (AG) [20].
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Marché de l'électricité
La première étape de la libéralisation du marché électrique est entrée en force le 1er janvier de l’année sous revue. La polémique sur la hausse des tarifs est demeurée assez vive malgré les mesures urgentes prises par le Conseil fédéral en décembre 2008. En début d’année, à l’occasion du congrès de l’Association des entreprises électriques (VSE), Carlo Schmid, président de la Commission de l’électricité (ElCom), a rappelé à ses hôtes qu’ils doivent « démontrer que la libéralisation ne signifie pas maximisation du profit », se référant explicitement aux importants bénéfices réalisés par la branche en 2008. Il les a ainsi invités à convertir ces bénéfices en investissements afin de retrouver la confiance de l’opinion publique, condition nécessaire à la poursuite de la libéralisation [21].
Quelques semaines plus tard, l’ElCom a pris une décision très attendue concernant les tarifs d’utilisation du réseau à haute tension. Une large majorité des 2708 plaintes reçues par la commission visent en effet spécifiquement la hausse de ces tarifs, décidée par Swissgrid au printemps 2008, laquelle a ensuite servi de justification à la hausse générale du prix du courant. Ayant constaté une surfacturation moyenne de 53% des coûts du réseau, l’autorité de régulation a décidé de réduire ces coûts de transport et d’alléger la facture des consommateurs finaux d’une partie des coûts de l’énergie de réglage (de 0,9 à 0,77 ct/kWh). Au total, cette correction rétroactive au 1er janvier 2009 abaisse la facture électrique nationale de 225 millions de francs. En y ajoutant les 200 millions économisés grâce aux mesures urgentes adoptées par le Conseil fédéral en décembre 2008, la hausse des prix est finalement atténuée de 42% par rapport à l’annonce des entreprises électriques l’année précédente, soit, selon les cantons, de 6 à 14% au lieu de 10 à 20% [22].
Swissgrid, Alpiq, les Forces motrices bernoises (FMB) et les services industriels zurichois ont fait recours contre la décision de l’ElCom auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF). Les FMB ont en outre contesté la révision de l’ordonnance sur l’approvisionnement en électricité (OApEl) par le Conseil fédéral en décembre 2008. S’il ne s’est pas encore prononcé sur le fond, le TAF a refusé l’effet suspensif demandé par les recourants, considérant qu’il créerait une insécurité juridique préjudiciable à tous les intéressés [23].
Le bras de fer entre l’ElCom et Swissgrid a encore gagné en intensité, lorsque, le 19 mai, cette dernière a annoncé une hausse des tarifs d’utilisation du réseau de l’ordre de 17% pour l’année 2010 par rapport aux tarifs 2009 imposés par l’ElCom, soit 75 millions de francs supplémentaires à la charge des consommateurs finaux. Cette hausse a été justifiée par le transfert des coûts du réseau de distribution au réseau de transport, par des déclarations de coûts plus élevées par les propriétaires de réseaux de transport, ainsi que par la baisse des revenus consécutive à la mise en œuvre de l’accord européen sur le transit d’électricité. L’ElCom a jugé les nouveaux tarifs abusifs et a ordonné, à titre provisoire, à Swissgrid de les ramener pratiquement au niveau de 2009 [24].
Le Conseil national a transmis un postulat Heim (ps, SO) chargeant le Conseil fédéral de rapporter sur les causes et les conséquences de la hausse des tarifs de l’électricité pour les industries consommant d’importantes quantités de courant, ainsi que sur les mesures susceptibles d’atténuer les effets négatifs de la hausse sur la compétitivité des entreprises concernées [25].
Les chambres ont par ailleurs liquidé un certain nombre de propositions déposées l’année précédente visant à contrer la hausse du prix du courant et devenues caduques. Les sénateurs ont ainsi rejeté la motion CEATE-CN en faveur de la révision de l’OApEl et décidé de ne pas donner suite à l’initiative parlementaire de la commission de l’économie et des redevances du Conseil national. La chambre basse a quant à elle rejeté une motion Ineichen (plr, LU) allant dans le même sens que l’initiative [26].
La Commission de la concurrence (Comco) a sanctionné huit entreprises actives dans le canton de Berne (dont FMB et Alpiq) qui ont constitué un cartel horizontal. Outre un accord sur les prix, les sociétés concernées ont organisé un système de répartition des soumissions publiques propre à neutraliser la procédure d’adjudication des marchés publics. Elles ont écopé d’une amende totale de 1,24 million de francs [27].
À l’automne, le Conseil fédéral a tiré un premier bilan de la mise en œuvre de la loi sur l’approvisionnement en électricité (LApEl). Il lui est d’abord apparu que les objectifs visés par l’ouverture du marché n’ont pas encore été réalisés, en particulier s’agissant de la mise en place d’un approvisionnement concurrentiel et sûr, avec des prix transparents. Non seulement les gros consommateurs ont peu profité de la possibilité de changer de fournisseurs, mais de plus ces derniers ont annoncé, dès 2008, de considérables hausses de tarifs. La contestation par les entreprises électriques des mesures correctrices prises par le Conseil fédéral et l’ElCom et les conséquences potentiellement graves de cette situation pour les entreprises grosses consommatrices d’électricité ont incité le gouvernement à procéder à un réexamen complet de la LApEl en vue de sa révision, dans le cadre notamment du traitement des deux postulats allant dans ce sens transmis par les chambres l’année précédente. Ces travaux préparatoires ont été confiés au DETEC qui doit soumettre au gouvernement un projet de consultation relatif à la révision de la LApEl d’ici à début 2011 [28].
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Consommation d'énergie
En 2009, la consommation d’électricité a baissé de 2,1% par rapport à 2008 pour s’établir à 57,5 milliards de kWh (contre 58,7 en 2008). En comparaison aux périodes correspondantes de l’année précédente, cette baisse s’est principalement réalisée lors des trois derniers trimestres, le premier trimestre étant le seul à afficher une hausse (+1,5%), laquelle s’explique surtout par les rigueurs hivernales. L’OFEN a expliqué cette baisse par la crise économique (-1,5%) et la clémence des températures automnales qui s’est traduite par une diminution de 4,9% du nombre de degrés-jours de chauffage. La baisse de la demande a toutefois été atténuée par la croissance de 1,1% de la population résidante moyenne du pays (+87 600 habitants). La production d’électricité des centrales suisses a diminué de 0,7% pour s’établir 66,5 milliards de kWh (contre 67,0 milliards en 2008), soit le quatrième meilleur résultat. Les centrales hydrauliques ont produit 1,1% de courant en moins par rapport à 2008, les faibles précipitations du second semestre ayant occasionné un recul plus fort (-7,9%) que la progression pourtant remarquable enregistrée au premier semestre (+6,9%). Les centrales au fil de l’eau ont connu une baisse de 3,5%, tandis que celles à accumulation ont affiché une hausse de 0,7%. La production des centrales nucléaires a quant à elle enregistré un infime recul, passant 26,13 à 26,12 milliards de kWh. Il s’agit du quatrième meilleur résultat à ce jour. La disponibilité des cinq centrales nucléaires suisses a par conséquent reculé à 92,4% (92,7% en 2008). Globalement, les centrales hydrauliques ont contribué à hauteur de 55,8% (2008 : 56,1%) à la production d’électricité, les centrales nucléaires à raison de 39,3% (2008 : 39,0%), tandis que l’apport des centrales thermiques conventionnelles et des autres installations est demeuré à 4,9%. En 2009, la production nationale a excédé la consommation domestique pendant six mois. Avec des importations de 52,0 milliards de kWh et des exportations de 54,2 milliards, l’excédent des exportations s’est élevé à 2,2 milliards de kWh (contre 1,1 milliard en 2008) [29].
 
[1] BO CN, 2009, p. 1284; BO CE, 2009, p. 1281 ss.
[2] BO CN, 2009, p. 1365.
[3] NZZ, 30.6.09.
[4] NZZ, 26.8.09.
[5] FF, 2009, p. 4781 ss.; BO CE, 2009, p. 1125 ss. Cf. APS 2008, p. 137 s. Sur proposition du CF, le CE a par la même occasion décidé de classer les motions CEATE-CE (07.3558) et Leuthard (06.3134), estimant que les objectifs qu’elles visaient étaient réalisés par la modification de la loi. Concernant ces motions, cf. APS 2007, p. 154 s. (Leuthard) et 2008, p. 139 (CEATE-CE).
[6] Presse du 25.6.09.
[7] NZZ, 19.6.09 (1ère phase); presse du 3.7.09 (2ème phase); DETEC, communiqué de presse, 2.7.09. Concernant le programme de stabilisation, cf. supra, partie I, 4a (Politique conjoncturelle).
[8] FF, 2009, p. 995 ss. Cf. APS 2008, p. 140.
[9] FF, 2009, p. 1015 ss.
[10] BO CN, 2009, p. 533 ss., 975 ss. et 1307 s.; BO CE, 2009, p. 290 ss. et 730; FF, 2009, p. 3917 s. Au CN, une large majorité des députés des groupes libéral-radical et UDC a rejeté le projet. Le CN a par ailleurs décidé de classer l’initiative Kunz (udc, LU) pour la « promotion des énergies renouvelables sans incidences budgétaires », jugeant ses objectifs réalisés par cette modification de la loi sur le CO2 (BO CN, 2009, p. 548).
[11] BO CE, 2009, p. 298. Cf. APS 2008, p. 141.
[12] BO CN, 2009, p. 1367 s.
[13] BO CN, 2009, p. 1233 ss.; BO CE, 2009, p. 263 s. (CER-CE). Cf. APS 2008, p. 140.
[14] BO CN, 2009, p. 549 s. Cf. APS 2008, p. 140. Contrairement au CN, le CE a rejeté une motion de la CEATE-CN allant dans le même sens, la jugeant superflue (BO CN, 2009, 1233 ss.; BO CE, 2009, p. 898 s.).
[15] BO CN, 2009, p. 228.
[16] BO CN, 2009, p. 1355 ss.; presse du 9.9.09.
[17] NZZ, 12.5, 31.7 et 24.8.09.
[18] DETEC, communiqué de presse, 6.3.09; NLZ et NZZ du 7.3.09 (réseau); presse du 25.6.09 (procédure). Concernant la panne de 2005, cf. APS 2005, p. 146 s.
[19] BO CN, 2009, p. 1043 s.; NF, 5.6.09. Cf. APS 2008, p. 138.
[20] BZ, Lib., NF et NZZ, 20.11.09; DETEC, communiqué de presse, 19.11.09.
[21] Presse du 13.1.2009. Concernant la polémique suscitée par l’annonce de la hausse des prix du courant à la veille de la libéralisation, cf. APS 2008, p. 141 ss.
[22] Presse du 16.1 et du 10.3.09.
[23] LT et NZZ, 22.4.09 (Swissgrid); NZZ, 24.4 (Alpiq, FMB, etc.), 23.5 (FMB) et 18.6.09 (TAF).
[24] NZZ, 20.5 (Swissgrid), 9.6 et 14.7.09 (ElCom).
[25] BO CN, 2009, p. 2333.
[26] BO CE, 2009, p. 274 (CEATE-CN et CER-CN) et 576 (Ineichen). Cf. APS 2008, p. 141 ss.
[27] Lib., 15.7.09.
[28] NZZ et TG, 19.11.09; DETEC, communiqué de presse, 18.11.09. Concernant les postulats, cf. APS 2008, p. 143 s.
[29] Presse du 16.4.10; OFEN, Communiqué de presse, 15.4.10. Cf. APS 2008, p. 144 s.