Année politique Suisse 2009 : Infrastructure, aménagement, environnement / Transports et communications / Chemin de fer
Lors de la session de printemps, les chambres se sont attelées à
l’élimination des divergences concernant la vue d’ensemble du fonds destiné à la réalisation des
projets d’infrastructure des transports publics (FTP) et le futur
développement de l’infrastructure ferroviaire (ZEB). Sur proposition de sa commission des transports, le Conseil des Etats s’est rallié au Conseil national sur l’ensemble des points de désaccords, jugés mineurs par rapport à l’importance globale du projet, relatifs à la loi sur le développement de l’infrastructure ferroviaire (LDIF), non sans avoir écarté de justesse, par 22 voix contre 20, une proposition Janiak (ps, BL) visant à prioriser la réalisation de certains projets (comme les tunnels du Zimmerberg II, du Wisenberg et du Brütten). Les sénateurs ont en outre suivi sans discussion la chambre du peuple s’agissant de l’ordonnance portant règlement du fonds pour les grands projets ferroviaires. Le désaccord est cependant demeuré absolu au sujet de la réduction du financement des mesures antibruit et le projet d’arrêté fédéral a donc été liquidé suite au second refus d’entrer en matière du Conseil national. En votation finale, les deux chambres ont approuvé à l’unanimité la LDIF et seuls 14 conseillers nationaux ont rejeté l’ordonnance
[38].
Suite au refus du Conseil national de couper 500 millions de francs dans le fonds destiné à la
lutte contre les nuisances sonores générées par le trafic ferroviaire, le Conseil des Etats a adopté tacitement une motion Bieri (pdc, ZG) chargeant le Conseil fédéral de réexaminer la question des mesures antibruit dans le cadre de l’élaboration du message Rail 2030. Le gouvernement doit notamment évaluer l’efficacité des mesures réalisées et étudier l’opportunité d’actions supplémentaires
[39].
Le Conseil national a adopté, par 102 voix contre 74, une motion Reymond (udc, GE) chargeant le Conseil fédéral d’obtenir et de présenter au parlement les
comptes de résultat des lignes voyageurs intervilles des CFF. À la suite du motionnaire, la majorité issue des rangs UDC, PLR, PDC et PBD a estimé ces informations nécessaires pour se prononcer sur les projets de développement de l’infrastructure ferroviaire (ZEB)
[40].
La chambre basse a en outre adopté tacitement un postulat du même député priant le Conseil fédéral d’examiner la
possibilité pour les cantons de préfinancer les projets d’infrastructures ferroviaires reconnues comme options d’extension dans le message sur la vue d’ensemble FTP et d’indiquer, le cas échéant, les modifications législatives nécessaires
[41].
Afin de hâter la résolution du problème de saturation de la
ligne Lausanne-Genève, les gouvernements vaudois et genevois ont conclu une convention comprenant notamment le préfinancement de la quatrième voie sur le tronçon Lausanne-Renens pour un montant de 210 millions de francs. Cette avance de fonds aux CFF vise en outre à relancer le projet de troisième voie entre Renens et Coppet, pour l’heure relégué dans le paquet Rail 2030. À cet égard, elle est destinée à financer les études préalables et avant-projets y-relatifs
[42].
En fin d’année, l’OFT et les CFF ont lancé la
mise en œuvre du ZEB. Ils ont en outre incité les cantons à préfinancer les projets sur leurs territoires pour accélérer leur réalisation, à l’instar des cantons de Vaud et Genève. Cette solution est par ailleurs à l’étude dans les cantons d’Argovie et de Zoug pour hâter la construction des tunnels du Wisenberg et du Zimmerberg, respectivement
[43].
Le Conseil fédéral a décidé de
ne pas augmenter les ressources destinées à l’exploitation et à l’entretien des infrastructures des CFF et des chemins de fer privés suisses. Ce gel des dépenses à hauteur de 4 milliards de francs, alors que les entreprises ferroviaires demandaient 1 milliard supplémentaire, est motivé par la volonté du gouvernement de prioriser les objectifs de politique financière du programme de stabilisation. Conscient de l’insuffisance des moyens alloués au regard des besoins actuels et des projets d’extension de l’infrastructure, le Conseil fédéral a par ailleurs donné mandat au DETEC de présenter des propositions de nouvelles recettes et de coupes dans les investissements prévus pour 2011 et 2012. Ce dernier a annoncé l’étude de la possibilité de reporter certains projets d’extension et travaux d’entretien, d’augmenter le prix du sillon pour le trafic voyageurs (et donc le prix des billets) et de limiter l’alimentation du fonds FTP
[44].
Le Conseil national a approuvé, par 96 voix contre 94, une motion Hany (pdc, ZH) chargeant le Conseil fédéral de présenter un message additionnel relatif à la convention de prestations entre la Confédération et les CFF pour les années 2009 et 2010 comprenant des
investissements pour les infrastructures de l’ancienne régie et le développement du réseau à hauteur d’un milliard de francs environ au titre de la relance conjoncturelle. Constatant que l’objectif visé par la motion était partiellement atteint avec la mise en œuvre de la deuxième phase des mesures de stabilisation de l’économie, la CTT-CE a en outre jugé prioritaire l’affectation des ressources disponibles à la réalisation des projets déjà arrêtés. Suivant sa commission et à l’inverse de la chambre basse, les sénateurs ont rejeté la motion
[45].
À l’automne, le peuple genevois a approuvé par 61,2% des voix l’octroi d’un crédit supplémentaire pour la future
ligne transfrontalière du RER genevois Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse (F) (CEVA) afin de couvrir un surcoût de 107 millions de francs par rapport aux 400 millions de francs octroyés par le Grand Conseil en 2002. Suite à l’approbation du Grand Conseil en juin, le référendum avait été lancé par le front anti-CEVA, qui avait déjà tenté de faire barrage au projet l’année précédente au moyen d’une initiative populaire visant à modifier le tracé de la ligne. Le Grand Conseil avait alors invalidé l’initiative, décision confirmée par la suite par le Tribunal fédéral
[46].
Concernant la
NLFA, le conseil d’administration d’Alptransit Gothard SA a mandaté le consortium italien Condotte Cossi pour construire le tunnel de base du Ceneri
[47].
À l’automne, le DETEC a publié les résultats des études préalables concernant
le
tronçon d’accès sud de la NLFA
entre Lugano et Chiasso. Des quatre variantes étudiées, le groupe de suivi, composé de représentants de l’OFT, du canton du Tessin et des CFF, en a retenu deux en raison de leur impact moindre sur le paysage, notamment pour la traversée du lac de Lugano. Les deux tracés privilégiés sont directs et essentiellement souterrains. Si le troisième tracé, entièrement en surface, a été catégoriquement exclu, la quatrième variante, en quelque sorte intermédiaire, a été mise en attente et peut donc être reprise dans l’éventualité où les deux tracés retenus s’avéreraient irréalisables techniquement. La faisabilité géologique de ces derniers fait précisément l’objet de la prochaine étape des travaux préparatoires. D’un coût estimé entre 5 et 5,2 milliards de francs, ce projet est étudié dans la perspective de l’élaboration du message Rail 2030, lors de laquelle le Conseil fédéral tranchera les questions d’opportunité et de financement
[48].
Les travaux de construction de la ligne Mendrisio-Varese (I) ont débuté au cours de l’été. Sa mise en service est prévue pour 2013
[49].
[38]
BO CE, 2009, p. 44 ss. et 280;
BO CN, 2009, p. 266 ss. et 595;
FF, 2009, p. 1809 ss. Cf.
APS 2008, p. 159 s. Suite à l’adoption de la LDIF, le CE a rejeté tacitement les motions Leutenegger-Oberholzer (ps, BL) et Wehrli (pdc, SZ) approuvées par le CN en 2007, estimant que leurs objectifs respectifs étaient remplis (
BO CE, 2009, p. 50 s. Cf.
APS 2007, p. 173).
[39]
BO CE, 2009, p. 672.
[40]
BO CN, 2009, p. 1927 s.
[41]
BO CN, 2009, p. 223.
[42]
24h, 31.3.09;
24h,
LT et
TG, 3.4 et 22.12.09.
[43]
NLZ, 26.6.09 (ZG); presse du 1.12.09 (OFT/CFF);
BaZ, 18.12.09 (AG); DETEC,
communiqué de presse, 30.11.09.
[44] Presse du 11.9 (CFF) et du 17.12.09 (CF); DETEC,
communiqué de presse, 16.12.09. En septembre, les CFF ont publié un rapport montrant que les économies en matière d’entretien de l’infrastructure réalisées depuis la fin des années 1990 ont conduit à une accumulation de besoins telle que 1 milliard de francs seraient nécessaires pour les satisfaire (
Bund, 11.9.09).
[45]
BO CN, 2009, p. 222;
BO CE, 2009, p. 672. Le CN a rejeté, par 121 voix contre 67, une motion Leutenegger-Oberholzer (ps, BL) allant dans le même sens (
BO CN, 2009, p. 234).
[46]
TG, 26.2.09;
LT, 29.4, 26.6 (GC) et 17.7.09;
LT,
NZZ et
TG, 30.11.09 (votation). Cf.
APS 2008, p. 160.
[47]
NZZ, 12.6.09. Les chambres ont par ailleurs pris acte du rapport 2008 de la Délégation de surveillance de la NLFA (
BO CE, 2009, p. 722 ss.;
BO CN, 2009, p. 1789 ss.).
[48]
NZZ, 21.10.09; DETEC,
communiqué de presse, 20.10.09.
[49]
NZZ, 25.7.09. Cf.
APS 2008, p. 160.
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