L'historien Thomas Buomberger revient dans son nouveau livre "Die Schweiz im Kalten Krieg 1945–1990" sur la question de l'identité Suisse pendant la guerre froide. Celle-ci se serait construite autour de l'opposition face au communisme, avec l'exemple bien célèbre de l'affaire des fiches qui vit des milliers de suisses se faire surveiller par les autorités, car on considérait que leur sympathie pour les mouvements de gauche pouvait être un danger pour la nation. Un autre exemple de l'anti-communisme régnant durant cette période historique est l'élan de solidarité que la société eu envers les hongrois réprimés par les autorités soviétiques en 1956; une solidarité en partie due aux velléités d'une majorité de la population à l'encontre de l'URSS.
Thomas Buomberger postule que l'identité suisse s'est façonnée à cette époque dans une perspective de surcompensation – teintée de mauvaise conscience – face à l'inaction du pays lors de la deuxième guerre mondiale. La Guerre froide fut ainsi encore plus froide en Suisse que dans bien d'autres pays, pour reprendre les mots de l'historien. Il parle d'une "défense nationale spirituelle" qui aurait débuté juste avant la deuxième guerre mondiale et qui aurait été l'idéologie la plus influente pour le pays durant le 20ème siècle. Celle-ci amènera les autorités – par peur de cette guerre "imaginaire", selon les termes de l'historien, que fut la Guerre froide – à se lancer dans la construction d'un nombre incalculable de bunkers, amenant à la situation incongrue d'avoir assez de place pour abriter 115% de la population nationale, ce qui n'a pas d'équivalent dans le monde. La Suisse fut certainement le seul pays n'ayant pas fixé sa politique lors de la Guerre froide sur une lutte contre une potentielle guerre nucléaire, mais plutôt sur les conséquences d'une attaque nucléaire et comment y survivre.
La Suisse aurait donc, toujours selon Thomas Buomberger, adopté une attitude "du porc-épique", privilégiant cette posture extrêmement défensive face à la menace communiste, au détriment peut être du développement d'une conception positive de la vie et de la culture au sein du pays.

la question de l'identité Suisse pendant la guerre froide