Année politique Suisse 1987 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung
Ecoles primaires et secondaires
On a constaté dans ce domaine, dont la compétence appartient aux cantons, un désir nouveau – mais encore fragile – d'harmonisation, suivant en cela les recommandations de la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP). Cette coordination scolaire se fonde sur deux axes: l'enseignement d'une langue étrangère au niveau primaire et l'unification des dates de rentrée scolaire. En raison de l'aspect cantonal de ce sujet, l'évolution des lois scolaires des différents cantons est traitée dans la partie II, 6a, de cet ouvrage.
Certains milieux envisagent l'extension des disciplines enseignées à l'école primaire comme nécessaire. C'est notamment le cas du mouvement humaniste, créé en décembre 1986 et présidé par Félix Glutz, puisqu'il a lancé une initiative populaire «pour l'éducation aux valeurs inhérentes à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme dans l'enseignement public et privé». Il propose de compléter la Constitution fédérale par un article 27bis faisant de l'enseignement des droits de l'homme une «préoccupation majeure» de l'instruction publique et privée ainsi que de la formation des enseignants
[1].
Si l'inculcation de tels sentiments est importante dans notre pays, le multilinguisme fait lui aussi partie de nos valeurs fondamentales. En Suisse, la connaissance de plusieurs langues prend une signification particulière puisqu'elle permet d'établir un lien entre plusieurs cultures constitutives d'un même Etat. C'est pourquoi en 1975 déjà la CDIP avait établi des principes concernant l'enseignement d'une deuxième langue nationale au niveau primaire. Celui-ci se ferait dès la cinquième année, sans note ni devoirs à domicile.
En Suisse romande, les recommandations de la CDIP ont été réalisées ou sont en voie de l'être. Au Tessin, le français est enseigné dès la troisième année, l'allemand dès la septième. En Suisse alémanique, ces postulats sont plus contestés. Seul Berne a concrétisé ces recommandations à l'heure actuelle. Elles sont en cours de matérialisation dans les cantons de Glaris, Soleure, Bâle-Ville, Saint-Gall et Zurich. Dans les deux derniers cités, des initiatives populaires (notons que l'initiative populaire zurichoise a abouti)
s'opposent à l'introduction du français au niveau primaire. Les arguments des opposants résident dans la surcharge des professeurs et du plan d'étude des élèves ainsi que dans les risques d'interférence avec la langue maternelle. Ils craignent également que cet enseignement ne se fasse au détriment des autres matières. Des essais et des classes pilotes existent dans les cantons de Lucerne, Thurgovie, Appenzell Rhodes-Intérieures, Argovie et Bâle-Campagne. Mais dans ce dernier canton ainsi que dans ceux de Schaffouse et des Grisons, les autorités se sont prononcées contre l'introduction du français à l'école primaire. En Suisse centrale, une décision de principe sur l'introduction d'une seconde langue en primaire pour l'année scolaire 1991/92 a été prise mais chaque canton restant libre de son application, aucune concrétisation n'est encore apparue
[2].
Une autre réforme réside dans l'introduction d'une
semaine de cinq jours dans les établissements scolaires. A l'heure actuelle, seuls neuf cantons connaissent un tel système: Fribourg, Vaud, Neuchâtel, Genève, le Jura, le Tessin, Uri, Berne et les Grisons. Dans les trois derniers mentionnés, le congé du samedi est laissé à la libre décision des communes. En Valais, une révision de la loi scolaire est en préparation et pourrait introduire ce congé; le peuple devra toutefois encore se prononcer sur cet objet. Dans les cantons de Zurich et Thurgovie, deux initiatives ont été lancées en sa faveur. Dans plusieurs communes des cantons de Lucerne, d'Uri, de Schwytz et des Grisons existe la semaine de cinq jours. Dans les deux Bâles, les élèves et les enseignants ont droit, depuis le printemps 1987, à dix samedis libres supplémentaires par an
[3].
Suite à l'acceptation par le peuple en septembre 1985 de l'article constitutionnel fixant la rentrée scolaire entre la mi-août et la mi-septembre, de nombreux cantons ont dû remanier leur plan d'enseignement
[4]. De ce fait, l'année de transition 1988/89 sera longue puisqu'elle commencera au printemps 1988 pour s'achever en été 1989. Certains cantons ont introduit deux semaines de vacances supplémentaires pour leurs élèves, les professeurs devant, durant ce laps de temps, suivre des cours dans le cadre de la formation continue
[5].
En avril 1987, la communauté francophone de Berne a poussé un soupir de soulagement suite à l'acception par le souverain du crédit de plus de quinze millions de francs destiné à la construction du nouveau bâtiment de
l'école de langue française de Berne. Cantonalisée en 1980, celle-ci perdait de son autonomie mais obtenait en échange la promesse d'établissements neufs, les locaux actuels étant vétustes, exigus et mal situés. Tous les partis — à l'exception de l'Action nationale et de l'Alternative démocratique — le parlement et le gouvernement, ont approuvé le projet. Malgré ce soutien officiel, des craintes sont apparues parmi ses partisans car leurs adversaires faisaient de la nouvelle école un objet de luxe. De plus, ils craignaient les retombées de l'affaire des caisses noires. C'est pourquoi s'est créé un comité de soutien regroupant notamment de nombreux parlementaires fédéraux et députés cantonaux. Pour la Ville fédérale, la création d'une infrastructure mise à disposition de la minorité francophone est un devoir. Les enjeux de la votation d'avril étaient donc clairs: honorer une promesse datant de 1980, tester la fonction de pont entre deux communautés linguistiques revendiquée par le canton de Berne, prouver à la Confédération la fiabilité de Berne quant à l'attractivité de l'administration fédérale. Le crédit a finalement été accepté, avec 54% de oui, grâce notamment au soutien du Jura bernois
[6].
En
Valais, la loi sur l'organisation du cycle d'orientation, acceptée par deux citoyens sur trois en mai 1986 et introduisant des niveaux dans les classes, déploiera ses effets en 1988/89, les députés ayant décidé de reporter sa mise en oeuvre d'une année. Néanmoins, les communes le souhaitant peuvent sectoriellement et partiellement expérimenter ces nouvelles structures dès l'automne 1987
[7].
[2] TA, 11.9.87; BaZ, 12.9.87; NZZ, 4.11.87; Civitas, 6, juin 1987, p. 185 ss.
[3] Lib., 5.9.87; Vat., 13.10.87; BZ, 24.1.87.
[4] Treize au total: AG, AI, AR, BE, BL, BS, GL, SG, SH, SO, SZ, TG, ZH. Cf. aussi APS, 1986, p. 178.
[6] Der Bund, 25.2., 27.2., 19.3., 24.3., 28.3., 2.4. et 6.4.87; BZ, 27.2., 23.3., 31.3. et 6.4.87; NZZ, 7.4.87; Lib., 25.3. et 6.4.87; 24 Heures, 25.3. et 31.3.87. Cf. aussi APS, 1986, p. 178 s.
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