Année politique Suisse 1988 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung
Formation professionnelle
La Confédération soutient financièrement les écoles sociales depuis 1922. En 1986, elle a couvert 31,5% de leurs coûts. Même si le Conseil fédéral a reconnu que, sans cette aide, ces institutions n'auraient pu se développer et atteindre leur valeur actuelle, il a néanmoins proposé que, dans le cadre de la nouvelle répartition des compétences entre la Confédération et les cantons, la plus grande partie de cette contribution soit supprimée, faute de base légale. Seuls 6% des coûts seraient encore couverts au titre de la formation de personnel pour la surveillance de personnes handicapées.
Cette décision a provoqué une belle levée de boucliers. Si les dix écoles sociales helvétiques s'y sont opposées, des parlementaires l'ont, avec un certain succès, également contestée. Ainsi la motion Fischer (pdc, LU), demandant que les bases juridiques nécessaires au financement de ces écoles au-delà de 1990 soient créées, a été acceptée par le Conseil national, en dépit de l'opposition du gouvernement ainsi que des partis radical et libéral
[75]. Pour les députés partisans de ce texte, non seulement les cantons n'ont préparé aucune solution alternative (concordat) mais la dispute au sujet de la répartition des compétences, notamment financières, entre Confédération et cantons n'a pas à se faire au détriment de la formation professionnelle
[76].
Selon l'Union suisse des arts et métiers (USAM), le manque d'apprentis a atteint un nouveau record en 1988. Dans 98 professions, trop peu de postulants se sont présentés. Les branches les plus touchées sont celles de la construction, de l'alimentation et de l'hôtellerie. Par contre, il y a eu pléthore de candidats dans celles ayant une dimension artistique et créative, la mode par exemple. Depuis deux ans, le nombre des contrats d'apprentissage conclus est néanmoins en léger recul (de 66 000 en 1985 à 64 169 en 1987).
Pour la Société pour le développement économique de la Suisse (SDES), une réforme des structures du système de la formation professionnelle s'imposerait dans notre pays. Renforcer la collaboration entre les différents responsables de la formation, insister sur l'acquisition des connaissances de base, promouvoir les possibilités de formation continue et plus axer l'enseignement sur la quotidienneté figurent parmi les restructurations proposées
[77].
Qu'ont fait les entreprises, par ailleurs se plaignant du manque de qualification du personnel, en matière d'acquisition des connaissances? Selon une enquête menée par l'OFIAMT et l’OFES, moins du tiers de l'ensemble des cours de formation continue organisés en Suisse l'ont été par les employeurs. Ce sondage représentatif a montré que 40% des personnes interrogées ont suivi un tel cours lors des trois dernières années; près de 50% ont financé elles-mêmes leur formation; 61 % des hommes et 73°/o des femmes ont dû y consacrer tout ou partie de leurs loisirs. Pour la plupart, il s'agissait d'une spécialisation professionnelle; les domaines les plus fréquentés ont été l'informatique, le management et l'artisanat. Si l'on ne remarque pas de différence notable dans la participation à ces cours entre hommes et femmes exerçant une activité professionnelle, près de 3/4 des femmes ne travaillant pas (à l'extérieur du foyer) n'ont pas suivi de tels enseignements. Les raisons faisant renoncer à une formation continue, sexes confondus, sont l'âge trop élevé et la vie de famille principalement mais aussi le problème de son financement, le manque d'une offre adéquate, les horaires de travail et son lieu géographique
[78].
Afin de contribuer au développement des filières complémentaires, le Conseil des Etats a accepté la motion Uchtenhagen (ps, ZH) demandant au gouvernement d'élaborer, d'entente avec l'économie privée, un concept de formation continue hors entreprise accessible aux petites et moyennes entreprises
[79]. Le Conseil national, qui avait transmis cette motion en 1987, a demandé en plus au gouvernement d'exposer le rôle que pourrait jouer la Confédération dans la mise sur pied d'un programme national de formation continue, en adoptant un postulat du groupe socialiste
[80].
Quelle est la portée de notre système éducatif lorsque l'on sait que de nombreux habitants de Suisse, dont le nombre est généralement sous-estimé, souffrent d'analphabétisme fonctionnel? Comment ces personnes, ne sachant ni lire ni écrire ou avec beaucoup de peine, ont-elles pu traverser les mailles du filet de l'instruction? En réponse à l'interpellation Fankhauser (ps, BL) se préoccupant de ce problème, le Conseil fédéral a été obligé d'admettre d'une part qu'il n'existe que peu d'enquêtes sur ce sujet et, d'autre part, qu'il ne peut intervenir directement, la formation étant de la compétence des cantons. Mais il se déclare prêt à travailler avec la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) dans l'étude de cet aspect ainsi que dans l'élaboration de mesures compensatoires
[81]. Certains cantons, tel Berne par exemple, ont déjà débuté des programmes palliatifs
[82].
Une nouvelle école d'ingénieurs est projetée dans le canton de Soleure. Son coût s'élèverait à 79 millions de francs et sa gestion annuelle à 9 millions. Prévue pour quelque 300 élèves et 45 professeurs, elle délivrerait également des diplômes post-grades et assurerait une formation complémentaire. La commission ayant conçu ce projet, actuellement en consultation, souhaite que le peuple soleurois se prononce dans un premier temps sur une loi-cadre ayant trait à cette école ainsi qu'à son crédit de construction puis, dans une seconde phase, sur son emplacement. Le gouvernement cantonal pourrait cependant décider seul de son implantation. Par ailleurs, une école d'ingénieurs a ouvert ses portes à Sion (VS) en automne 1988
[83].
[75] Par 100 voix contre 47 (BO CN, 1988, p. 1521 ss.). Voir aussi APS 1987, p. 222.
[76] SGT, 30.9.88; TA, 6.10.88; LNN et NZZ, 8.10.88.
[77] Extrait de "La formation professionnelle à l'heure des mutations économiques", in RFS, 24, 21.6.88, p. 13.
[78] Presse du 15.4.88. Enquête faite par l'OFIAMT et l'OFES sur 1708 personnes âgées de 20 à 64 ans de décembre 1987 à février 1988.
[79] BO CE, 1988, p. 80 ss.
[80] BO CN, 1988, p. 1482.
[81] BO CN, 1988, p. 1495 s.; TW, 26.11.88.
[83] SoZ, 24.6.88; Bund et NZZ, 25.6.88.
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