Année politique Suisse 1967 : Eléments du système politique / Elections
 
Elections fédérales
Voir tableau – siehe Tabelle: elections_cn_1967.pdf
Les élections fédérales d'octobre 1967 se sont déroulées de façon plus animée que d'habitude. Alors que celles de 1963 avaient pu confirmer une stabilité politique de 15 années et n'avaient été marquées que par de très faibles changements de mandats, les dernières ont été caractérisées par un renforcement de la combativité. Une critique chargée d'aspects émotionnels s'est fait jour contre la « démocratie de concordance ». On a reproché au régime pluripartite de gouvernement de se refuser aux décisions et aux alternatives claires, de s'appuyer au contraire sur des accords et des compromis négociés dans le secret. On a trouvé regrettables l'absence de programme de gouvernement défini ainsi que la difficulté qu'il y a d'amener l'exécutif à rendre des comptes, l'opposition faisant défaut. Les succès des partis marginaux (Alliance des Indépendants, PdT et « Vigilants ») lors des élections cantonales précédentes avaient pu faire prévoir une lutte plus vive [1].
Les élections à l'Assemblée fédérale ont été caractérisées depuis quelques législatures par l'ampleur croissante du renouvellement personnel. La durée des mandats est devenue plus courte. 1967 a freiné le mouvement. Alors qu'en 1955 26, en 1959 31, en 1963 46 députés avaient renoncé à une réélection, il a fallu remplacer 35 conseillers nationaux en 1967. 29 conseillers nationaux avaient en outre été remplacés au cours de la législature (22 conseillers nationaux de 1959 à 1963). Le nouveau Conseil national devait donc compter, si on le comparait à celui de décembre 1963, au moins 64 têtes nouvelles (68 en 1963). Les résultats des élections, comme nous le montrons plus loin, amenèrent encore 10 conseillers nouveaux à siéger, 10 conseillers sortants ayant été battus. Ainsi, le Conseil national de 1967 a été renouvelé, par rapport à celui de 1963, dans la proportion de 37 % (41 % en 1963). Le renouvellement du Conseil des Etats s'éleva à 30 % [2].
On a pu croire que l'atmosphère plus chargée de combativité se traduirait par l'élaboration de programmes électoraux au ton renouvelé et plus agressif. Cela n'a pas du tout été le cas. Les partis se sont en effet cantonnés dans une réserve surprenante au sujet des problèmes nationaux controversés. Certes, ils ont publié des programmes d'action particuliers en vue de leur campagne [3]. Et les voeux de toutes sortes pour l'avenir n'en étaient pas absents. Mais les idéologues des partis se sont contentés en général de mettre en évidence ce que chaque citoyen pouvait de toute façon approuver (développement de l'enseignement et de la recherche, aménagement national et protection des eaux, amélioration de l'ANS, amélioration du réseau de communications, etc.). Ici et là, on a cependant admis ouvertement la nécessité d'un ordre de priorités. Sur ces priorités dans la liste des tâches urgentes comme sur le financement de ces tâches, les programmes disent d'autant moins que les propositions étaient plus étendues [4]. On n'est pas moins frappé de constater que les partis qui se réclament de l'opposition eux-mêmes sont restés discrets sur les questions les plus controversées. Les thèses de l'Alliance des Indépendants sont aussi réservées sur la politique étrangère, par exemple, que celles des partis représentés au Conseil fédéral. Certes, elles mettent plus de poids sur des postulats concernant la politique sociale et l'infrastructure. Mais la propagande des partis gouvernementaux a présenté aussi des nuances, des thèmes favoris, ainsi celle des socialistes sur le droit foncier et celle des conservateurs sur la protection de la famille, par exemple. On ne peut s'empécher de regretter que les partis se soient contentés de faire acte de présence dans le domaine qui est le leur depuis l'origine, à savoir la propagation d'idées politiques neuves et enthousiasmantes, alors qu'ils étaient en réalité appelés à faire là un véritable acte de conduite politique. Il ne faut par conséquent pas s'étonner que ces programmes n'aient pas déchaîné les passions politiques.
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Candidats et listes
Le nombre des candidats n'a pas eu tendance à décroître. 10 des 200 sièges du Conseil national n'ont pas été disputés, soit parce que des élections tacites eurent lieu (Schwyz, Glaris et Appenzell Rhodes extérieures), soit parce qu'aucune opposition ne s'est manifestée (dans les cantons d'Uri, Obwald et Appenzell Rhodes intérieures, qui n'élisent qu'un député). 1251 candidats au total se présentèrent pour les 190 sièges restants (1194 pour 192 sièges en 1963). 112 listes furent déposées en tout (107 en 1963), dont certaines couvrant, dans le canton de Berne particulièrement, une partie seulement du territoire cantonal. Le nombre de candidats cumulés sur les listes est resté bas et s'élevait à 16, comme en 1963, alors qu'auparavant il était plus considérable (1943: 63; 1947: 31; 1951:25; 1955: 23) [5].
La mise au point des listes de candidats constitue fréquemment une épreuve sérieuse pour l'unité des partis. Il faut satisfaire souvent, à l'intérieur du même parti, des tendances qui non seulement sont très différentes, mais qui peuvent aussi être contradictoires. Les droits acquis des conseillers sortants sont l'objet parfois d'attaques de la part de militants plus jeunes, successeurs en puissance. Ou bien, le parti doit accommoder «Geld und Geist », les influences économiques et les personnalités populaires. En effet, tous les partis ont besoin d'une part de candidats qui, grâce aux, organisations économiques riches en membres et en moyens qu'ils représentent, apportent des fonds et des électeurs sûrs, et d'autre part de candidats dont la popularité générale attire aux urnes les électeurs non organisés et indécis. Certains des conflits survenus au sein des partis en 1967 à ce sujet sont assez caractéristiques pour qu'on les signale ici.
Le problème de la limite d'âge a joué en Valais un rôle important. Le socialiste Dellberg et le radical Germanier se virent refuser une nouvelle investiture par leurs partis respectifs [6]. L'octogénaire Dellberg présenta sa propre liste, fut exclu du parti, mais remporta la victoire aux urnes. De même, il faut noter la tentative que firent certains partis de porter en liste des «locomotives» reconnues, bien qu'on ne puisse déterminer la mesure dans laquelle les stratèges du parti ont escompté moins leur élection que l'accroissement général des suffrages portés sur la liste. Ainsi, les Indépendants argoviens portèrent l'artiste de cabaret Rasser, et les radicaux bernois O. Fischer, directeur de l'Union suisse des arts et métiers, et le sportif Karl Glatthard sur leur liste. Ces tentatives peuvent échouer, témoin le fiasco subi par le Parti socialiste zurichois avec la candidature hors-parti, au Conseil des Etats, de Rolf Bigler, alors rédacteur en chef de la « Weltwoche ». Après avoir accepté, sous réserves il est vrai, une candidature, Bigler la retira pour des raisons mal éclaircies, mais qui ont dû dépendre de son contrat avec les éditeurs de la «Weltwoche» [7]. Parmi les expériences réussies, il faut signaler celle des radicaux zurichois, qui ont déterminé l'ordre de présentation de leurs candidats sur la liste, outre les critères d'une représentation professionnelle et régionale aussi variée que possible, par une enquête auprès des électeurs, donc par une espèce de test de popularité [8].
Il peut arriver aussi, à l'opposé, qu'un candidat exerce des pressions sur son parti pour être porté en liste, pour des raisons purement personnelles, ou encore cherche à forcer son élection en finançant sa propre campagne avec des moyens privés. Ainsi, le radical genevois Eichenberger fit distribuer un tract, qu'il avait fait camoufler en page rédactionnelle d'un journal illustré, et dans lequel, alors qu'il se faisait louer, ses colistiers sortants étaient attaqués et ridiculisés. Son parti l'exclut aussitôt, mais trop tard pour supprimer son nom de la liste, qui avait déjà été déposée [9]. Le fait que certains candidats se soient livrés à la corruption, formellement, donne à réfléchir. On avait déjà constaté et trouvé scandaleux, lors de précédentes élections, que des candidats à l'ambition voyante aient contribué largement de leur poche à leur propagande personnelle [10]. En 1967, par exemple, un candidat bernois dont la réélection ne paraissait pas sûre, gratifia un grand club sportif d'une nouvelle tenue, peu avant les élections [11].
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Campagne électorale
La conduite de la campagne électorale de 1967 a clairement montré que les anciens moyens de propagande tels que les assemblées publiques avaient largement perdu de leur efficacité face à des moyens plus récents, tels que la télévision. Les assemblées ne servent plus guère qu'à driller les militants. Elles ont cependant perdu tout pouvoir d'attraction sur les électeurs indépendants, et ne sont plus par conséquent l'instrument qui servait à les capter. Elles ont été généralement mal revêtues en 1967. Dans la banlieue bernoise, en guise d'exemple, où une réunion contradictoire avait été annoncée, ne se retrouvèrent que les deux orateurs et deux fonctionnaires de parti. On a pourtant essayé d'animer ces assemblées par des moyens artificiels, en combinant la réunion avec une revue de patinage, ou en offrant une collation aux membres du parti [12]. Le «Team 67 », groupement ad hoc formé pour les élections par les jeunes radicaux d'Argovie, pensa bien faire en affichant comme tambour électoral le fameux écrivain non-conformiste allemand Günther Grass, qui est d'ailleurs le beau-frère d'un des chefs du groupe [13]. Le succès des urnes ne répondit pas à cette audace, qui eut pourtant le mérite de faire battre le record de participation à une assemblée: 5000 curieux se trouvèrent même prêts à payer leur place pour assister à une représentation politique de ce style; ils ne furent pas autant à appuyer le «Team 67 ».
L'efficacité propre à chacun des autres moyens traditionnels de propagande ne peut être évaluée avec précision. Plusieurs journaux consacrèrent de nombreux articles aux élections et aux partis [14]. Il ne faut pas sous-estimer, en tout cas, la propagande de bouche à oreille, le porte-à-porte, pratiqués par les militants des partis. Ainsi, le travail discret de citoyens modestes semble avoir eu une influence déterminante sur le résultat des élections de Bâle-Ville au Conseil des Etats; le Parti libéral, riche en moyens financiers, en effet, malgré sa propagande démesurée — ou peut-être précisément à cause d'elle — ne parvint pas à faire passer son candidat. L'importance croissante de la radio et de la télévision ne doit pas être négligée; elle s'est développée avec le nombre des concessionnaires. Tous les groupements, même si leur importance politique n'était pas très considérable, purent utiliser ce canal pour plaider leur cause devant un large public [15]. Une chance supplémentaire fut ainsi accordée aux partis qui disposaient de faibles moyens financiers. En Suisse allemande, trois grandes émissions furent organisées. Le sujet de la première (les tâches de l'Etat moderne et leur financement) était formulé de façon si vague que les participants purent facilement sortir du sujet et faire de la propagande partisane [16]. La deuxième émission fut consacrée à une discussion contradictoire entre soi-disants partis gouvernementaux et partis d'opposition, qui trahit une méconnaissance étonnante des réalités politiques suisses et fit dévier le sujet [17]. La troisième enfin, au cours de laquelle neuf représentants des partis durent répondre sur le champ aux questions que leur posaient les téléspectateurs par téléphone, fut au contraire très passionnante [18]. On peut en conclure que la télévision a certes servi à intéresser les citoyens, mais sans leur simplifier le choix en aucune manière.
Le phénomène marquant des élections fédérales a été constitué sans aucun doute par l'apparition de nouveaux groupements politiques marginaur. Certes, en 1963, le Mouvement populaire zurichois contre la surpopulation étrangère, d'un certain Stocker, n'avait été pris au sérieux par personne. Quatre ans plus tard, ce mouvement, avec d'autres, qui réunissent des citoyens mécontents, défavorisés par la conjoncture économique, s'imposait comme une réalité politique impossible à ignorer. L'un de ces partis, les « Vigilants » genevois, était pourtant parvenu en 1965 déjà à s'assurer un succès remarquable en conquérant 10 sièges au Grand Conseil [19]. Miroirs fidèles de l'aigreur de leurs militants, ces nouveaux groupes jouèrent habilement du courant d'opposition dont on sentait la vigueur croissante, et se prononcèrent pour des solutions politiques plus ou moins extrêmes. A Genève et à Zurich, ils ont emboîté le pas, sans qu'on puisse néanmoins le prouver entièrement, aux partis frontistes d'extrême-droite apparus dans les années trente. Mario Soldini, l'un des chefs des Vigilants genevois, s'était par exemple signalé en 1935 comme collaborateur étroit du fasciste Oltramare. A Zurich, James Schwarzenbach, avec son « Action nationale contre la surpopulation étrangère », succéda en quelque sorte au groupe emmené par Stocker, en 1963 [20].
A l'aile gauche, faisant acte de non-conformisme, apparurent non seulement des jeunes gens en colère, mais aussi des hommes d'âge mûr. Il faut signaler, dans cet ordre d'idées, les « Junge Löwen » de Winterthour, qui ne présentèrent pas de liste particulière, et le «Team 67 », en Argovie, qui prônait une manière de libéralisme progressiste, et qui fit annoncer par son porte-parole Günther Grass que le premier devoir du citoyen était de refuser la tranquillité [21]. Le professeur Marcel Beck, qui appartenait au Conseil national, sans être inscrit à un groupe, représenta l'homme âgé en colère avec sa « Liste pour la libre expression au parlement ». Dans le canton de Vaud, des jeunes gens acquis à l'idée ethnique propagée par les séparatistes jurassiens formèrent le « Parti unitaire romand ».
Les partis représentés au Conseil fédéral se sont trouvés, en ce qui concerne les arguments électoraux, devant un choix: ou bien ils se sont décidés à défendre la politique faite par le gouvernement pendant la législature, ou bien ils ont essayé de démontrer qu'ils ne pouvaient être tenus pour responsables de certaines décisions critiquées. Cette seconde attitude ne doit pas être considérée à priori comme ambiguë. L'absence de 'responsabilité gouvernementale, telle que la connaissent les démocraties représentatives, rend naturel le fait que, dans un style d'ailleurs coutumier de la politique suisse, les partis «gouvernementaux» se soient livrés, dans la campagne électorale de 1967, à une manière plus ou moins compétitive d'opposition, afin de couper les ailes à l'« opposition » au sens étroit du terme [22]. La distance que certains partis cantonaux entendent ainsi prendre à l'égard du parti fédéral reste une question de tact et de mesure. Les radicaux bâlois, pour se mettre en valeur, déclaraient: «Si vous n'êtes pas toujours d'accord avec la politique radicale suisse à Berne, c'est une bonne raison de voter radical à Bâle... »; car ils désirent « un peu plus de courant d'air international, un peu moins de société des officiers et moins de mentalité de fabricants » [23]. Les thèses des radicaux vaudois furent quant à elles plus précises; ceux-ci critiquèrent ouvertement le régime actuel, en décrivant comme dépassées les structures de l'Etat, l'organisation du gouvernement et de l'administration [24]. De nombreux socialistes ont cru devoir se compter parmi les membres de l'opposition, et ont même revendiqué pour leur parti le qualificatif de parti d'opposition [25]. Cependant, tous les partis représentés au Conseil fédéral se sont trouvés unis pour combattre l'opposition au sens strict et les non-conformistes [26].
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Résultats des élections
Les résultats des élections ont été consignés dans le tableau ci-joint (elections_cn_1967.pdf) [27]. Nous n'avons pu les rendre d'une façon aussi détaillée qu'il serait souhaitable de le faire, faute de place. Tous les observateurs ont été d'accord pour remarquer que ces résultats reflétaient un certain mécontentement du corps électoral à l'égard d'une politique, jugée peu efficace, du Conseil fédéral. Celui-ci avait promis de combattre le renchérissement lors des arrêtés controversés de 1964. Certes, il était parvenu à freiner l'expansion désordonnée de l'économie, ce qui d'ailleurs avait entraîné des désagréments pour quelques groupes de professions; mais la montée des prix s'était plutôt accélérée depuis lors. Là-dessus se greffaient les problèmes des difficultés financières et de l'hyperxénie. On a reproché tout cela au Conseil fédéral, accusé d'avoir manqué de prévoyance et d'esprit planificateur. L'électeur mécontent a eu de la peine à se rendre compte que ces difficultés étaient les corollaires négatifs d'une expansion économique trop vive. Ces difficultés ne pénètrent la conscience des citoyens que lorsque ceux-ci en subissent les effets sur leur propre bien-être; la réaction est alors de chercher un bouc émissaire.
Le citoyen a par conséquent été disposé à distribuer des fiches de remerciements aux partis représentés au Conseil fédéral: les socialistes et les radicaux perdirent chacun deux sièges, les conservateurs chrétiens-sociaux trois (dont un fut cédé de plein gré aux radicaux dans le canton de Schwyz), et le PAB un. Les mécontents attribuèrent leurs voix essentiellement aux partis qui avaient combattu en leur temps les arrêtés fédéraux contre le renchérissement, l'Alliance des Indépendants et le PdT. Ce dernier gagna un mandat dans le canton de Neuchâtel. Les Indépendants parvinrent à augmenter leur députation de 10 à 16 (quatre gains à Zurich, un en Argovie, un à Genève). Leur succès en Suisse française n'est pas une nouveauté, car ils avaient disposé d'un siège genevois entre 1941 et 1943 déjà. Le mécontentement profita aussi au groupe opposé à la surpopulation étrangère, à Zurich, qui parvint à mobiliser quelque 5500 électeurs. En contrepartie, les Vigilants connurent la défaite à Genève. Les déplacements de sièges furent moins spectaculaires au Conseil des Etats, où d'ailleurs la députation ne devait pas être entièrement renouvelée, et où certains cantons font élire leurs représentants par le législatif cantonal. Les socialistes et le PAB perdirent chacun un siège, alors que les Indépendants et les radicaux en gagnaient un.
Quoique la campagne ait été plus vive que celle de 1963 et les précédentes, la participation au scrutin a continué de baisser. Elle s'est élevée en moyenne à 65,7 % contre 66,1 % en 1963 [28]. Après le sommet atteint en 1919, elle a constamment diminué, en conséquence malheureuse d'un développement réjouissant en lui-même, c'est-à-dire la démobilisation progressive de la lutte des classes, qui avait touché aux limites de la guerre civile en 1919.
Le grand renouvellement personnel du Conseil national conduit à poser la question des intérêts représentés. Est-ce que l'emprise de l'économie sur la politique s'est encore développée ? Plusieurs commentateurs se sont montrés en effet déçus de voir que le nouveau Conseil comptait plus de représentants déclarés d'intérêts économiques que le précédent [29]. Ce résultat frappant n'a pas manqué de suggérer à nouveau que la Suisse s'achemine vers un parlement professionnel, composé moins de représentants du peuple que de porte-parole des groupes d'intérêts économiques.
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Le nouveau Conseil national
Le nouveau Conseil national paraît à cet égard compter moins de représentants professionnels des associations, si l'on s'en tient à la profession déclarée par les conseillers (31 au lieu de 34). Mais si, comme cela a été fait [30], on considère comme représentants d'intérêts privés tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, exercent une fonction au sein d'une association économique, ce chiffre monte à 67. La coloration professionnelle d'un parlement ne peut être cependant définie exclusivement par des estimations de ce genre. Les Conseils d'autrefois étaient aussi fortement liés aux intérêts économiques, quoique cela fût moins visible et que les associations ne fussent pas aussi fortement organisées. Il est plus important de déterminer jusqu'à quel point il s'agit de représentants d'intérêts privés seulement, et jusqu'à quel point les partis ont la force d'imposer les valeurs supérieures de l'intérêt national. Les partis sont placés en ce domaine devant des épreuves vitales.
 
[1] NZZ, 3604, 1.9.67.
[2] Cf. Elections au Conseil national, 1969 et 1963, in Contributions à la statistique suisse, série publiée par le Bureau fédéral de statistique, et ERICH GRUNER und JÜRG SIEGENTHALER, « Die Wahlen in die eidgenössischen Räte im Oktober 1963 », in Annuaire de l'Association suisse de science politique (ASSP), 4/1964, p. 113 ss.
[3] Plateforme 1967, du Parti conservateur-chrétien-social de Suisse; Manifeste électoral du Parti radical-démocratique suisse; Programme d'action 1967 du Parti socialiste suisse; Programme d'action du PAB 1967-1971; Thèses 1967 de l'Alliance des Indépendants; Pour une autre politique, pour une autre Suisse, PdT 1967.
[4] Sur les programmes électoraux, voir plus bas, p. 149 ss.
[5] Voir plus haut, note 113.
[6] Dans les deux cas, si l'âge a joué un rôle, on ne doit pas négliger d'autres facteurs de rivalité, cf. NZ, 462, 6.10.67.
[7] Cf. NZ, 461, 468, 472, 6.10.-12.10.67; 596, 24.12.67; NZZ, 4229, 9.10.67; Weltwoche, 1770, 17.10.67; Tat, 235, 6.10.67; Bund, 334, 21.12.67.
[8] Cf. NZZ, 3707, 8.9.67; 3992, 25.9.67. — Signalons encore la manifestation réjouissante et courageuse faite par le conseiller national Andreas C. Brunner, de Zoug, au moyen de ses Gespräche mit den Wählern, tenues au cours de la campagne dans 11 endroits différents du canton et publiées aprés coup (Zug 1967).
[9] Cf. Weltwoche, 1770, 17.10.67; TdG, 251, 26.10.67; 252, 27.10.67; JdG, 251, 27.10.67; PS, 251, 31.10.67; NZ, 494, 25.10.67; BN, 439, 17.10.67. Eichenberger n'a pas été élu. "'
[10] Cf. ASSP, 4/1964, p. 139.
[11] Cf. Bund, 272, 10.10.67.
[12] Cf. NBZ, 241, 16.10.67; NZZ, 4336, 15.10.67; Bund, 272, 10.10.67.
[13] Cf. NZZ, 3485, 24.8.67; Vat., 197, 26.8.67.
[14] En Suisse allemande notamment, la NZZ procéda à une analyse détaillée et objective des programmes des partis (NZZ, 4262, 4298, 4364, 4404, 4475, 4481, 4489, 4536, 11.10.-26.10.67). La NZ offrit aux partis l'occasion de se présenter eux-mêmes, mais fit coiffer aprés coup ces textes d'un commentaire à l'effet cynique par A. Huber signant Urs Schweizer (« Wen schicken wir ins Bundeshaus »: NZ, 411, 423, 434, 449, 458, 470, 473, 483, 6.9.-19.10.67); voir aussi plus bas, p. 000, note 32. Le Bund donna en outre une série d'articles (« Vor den Nationalratswahlen »: Bund, 270, 274, 276, 279, 281, 283, 288, 8.10.-29.10.67). Il faut signaler en outre une étude de la NZZ sur la formation de la volonté politique dans la Confédération (NZZ, 3636, 3734, 3816, 3910, 3945, 4023, 4086, 4207 ,4.9.-7.10.67), et l'enquête faite par la NZZ sur les problèmes jugés les plus importants par l'électeur, résultats d'un sondage d'opinion (NZZ, 4460, 22.10.67).
[15] En octobre 1963, 1 581 000 concessionnaires radio et 349 000 concessionnaires de télévision. En octobre 1967, ces chiffres avaient passé à 1 725 000 et 849 000 respectivement. — Voir aussi JdG, 251, 27.10.67; NZZ, 4437, 20.10.67; Ostschw., 248, 25.10.67.
[16] BN, 434, 13.10.67; Bund, 293, 3.11.67.
[17] Bund, 293, 3.11.67; Vat., 20.10.67.
[18] Bund, 287, 27.10.67.
[19] Cf. APS 1965, in ASSP, 6/1966, p. 147 s.
[20] Cf. ASSP, 4/1964, p. 116 s.
[21] Voir plus haut, p. 22.
[22] Cf. NZZ, 3573, 30.8.67; 4336, 15.10.67; NZ, 423, 19.9.67.
[23] Cf. NZ, 453, 2.10.67.
[24] NZZ, 3573, 30.8.67; 4336, 15.10.67.
[25] Vat., 244, 20.10.67.
[26] Cf. NZZ, 4219, 8.10.67; NBZ, 200, 20.8.67. Voir aussi NBZ, 236, 10.10.67.
[27] Voir aussi FF, 1967, II, p. 1069 ss.
[28] Alors que la participation baissait dans de nombreux cantons alémaniques où elle est traditionnellement forte (Lucerne, Soleure, Schaffhouse, Saint-Gall, Argovie et Thurgovie), elle est heureusement remontée dans les cantons romands (Vaud: 46,3 contre 42,9 %; Valais: 80,0 contre 71,9 %); Neuchâtel 56,5 contre 45,4 %; Genève: 49,5 contre 44,1 %).
[29] Cf. TdG, 261, 7.11.67; GdL, 255, 1.11.67.
[30] Cf. PETER GILG, Die berufs- und interessenpolitische Gliederung des neuen Nationalrares, tiré à part du Bund, 304, 16.11.67; 305, 17.11.67.