Année politique Suisse 1975 : Eléments du système politique / Elections
Elections cantonales et communales
Les tendances générales des élections cantonales et communales ont été esquissées ci-dessus. Plus encore que lors du renouvellement des Chambres fédérales, les particularités régionales y jouent un grand rôle. Dans cinq cantons (Bâle-Campagne, Tessin, Lucerne, Zurich et Appenzell Rhodes-extérieures) ainsi que dans deux villes importantes (Genève et Lucerne), il s'agissait de renouveler le parlement et l'exécutif ; les Grisons renouvelaient leur seul législatif. Tous ces scrutins eurent lieu en avril et en mai.
Presque partout, la réélection de l'exécutif donnait lieu à compétition mais nulle part l'ancienne répartition ne fut modifiée. Dans les cantons de
Bâle-Campagne et
Zurich, les socialistes ont cherché à nouveau à reconquérir un double mandat qu'ils détenaient jadis en présentant des candidats de lutte. A Liestal, le Parti évangélique tentait lui aussi d'obtenir un siège au gouvernement ; le POCH, en outre, faisait de même dans les deux cantons et Zurich vit également se présenter la Ligue marxiste révolutionnaire. A Zurich, la campagne fut marquée par les attaques d'étudiants progressistes contre le représentant des indépendants, A. Gilgen, chef du Département de l'instruction publique, auquel on reprochait une politique de l'éducation répressive. Dans le
canton de Lucerne, le POCH présentait le seul « outsider » face aux conseillers d'Etat sortants. La lutte semblait plus ouverte au Tessin, où la proportionnelle favorise la représentation d'un plus grand nombre de partis au gouvernement
[42].
En
ville de Lucerne, le PDC s'attaquait à la prédominance traditionnelle des radicaux, tandis qu'à
Genève, Vigilance postulait pour la première fois un siège à l'exécutif municipal
[43].
Mentionnons encore diverses
élections complémentaires qui n'ont pas davantage donné lieu à des changements de nature politique. En
Thurgovie, la succession de deux magistrats, l'un radical, l'autre agrarien, n'a pas été combattue. En
Argovie, on vit démissionner le radical B. Hunziker, chef des Travaux publics, qui s'était signalé lors du conflit avec les occupants du terrain de la centrale de Kaiseraugst, ainsi qu'un démo-chrétien qui, élu conseiller national, devait abandonner, selon la loi argovienne, son siège au Conseil d'Etat. Une candidature non officielle d'un démo-chrétien dirigée contre la prédominance des juristes au sein de l'exécutif, demeura sans succès. Il en alla de même avec une candidature du PdT à
Berne, qui convoitait un siège radical à l'exécutif de la ville
[44].
Lors du renouvellement des conseils législatifs, le POCH réussit partout en Suisse alémanique où la proportionnelle est appliquée à enlever un siège ou deux.
Au Grand Conseil de Zurich, en revanche, le PRD, qui avait dirigé notamment sa campagne contre les extrémistes de gauche et la subversion, devenait pour la première fois depuis l'introduction de la proportionnelle le groupe le plus fort et le bloc bourgeois, formé du PRD, de l'UDC et du PDC, obtenait la majorité absolue des mandats. L'Action nationale, comme l'Alliance des indépendants, perdait par contre des sièges, quand bien même la nouvelle droite, divisée en plusieurs formations, attirait une part plus élevée d'électeurs qu'en 1971.
Au Grand Conseil de
Lucerne, le PDC emportait la majorité absolue. Dans les
Grisons, où le système électoral (majoritaire, assemblées partiellement ouvertes) respecte largement les conditions locales, les démocrates connaissaient un succès qu'ils ne purent rééditer six mois plus tard, lors des élections fédérales. Le
parlement municipal de Genève a vu le bloc de la gauche dépasser l'Entente nationale, Vigilance parvenant à accentuer encore sa position d'arbitre. La défaite des radicaux a été attribuée au fait que ceux-ci, au Grand Conseil, refusaient au canton des moyens financiers supplémentaires. Au sein de la plupart des législatifs renouvelés, les femmes ont su affermir leur position, tout particulièrement à
Bâle-Campagne, où la présence féminine est devenue la plus forte de tous les parlements cantonaux
[45].
[42] Bâle-Campagne (élections du 20.4) : BN, 79, 5.4.75 ; NZZ, 88, 17.4.75 ; NZ, 124, 21.4.75. Zurich (élections du 27.4) : NZZ, 90, 19.4.75 ; 91, 21.4.75 ; TA, 94, 24.4.75 ; 97, 28.4.75. Lucerne (élections du 27.4) : NZZ, 94, 24.4.75 ; Vat., 97, 28.4.75 ; 100, 1.5.75. Tessin (élections du 20.4) NZZ, 86, 15.4.75 ; BN, 89, 17.4.75 ; CdT, 92, 22.4.75. La réélection de l'exécutif de AR par la Iandsgemeinde ne fut pas disputée (NZZ, 97, 28.4.75).
[43] Lucerne (élections du 25.5) : LNN, 106, 9.5.75 ; 119, 26.5.75. Genève (élections du 25.5) TG, 104, 6.5.75 ; 119, 26.5.75.
[44] Thurgovie (élections du 2.3) : Ldb, 45, 25.2.75 ; NZZ, 51, 3.3.75. Argovie (élections du 21.12) : TA, 109, 14.5.75 ; Vat., 227, 1.10.75 ; 270, 20.11.75 ; 295, 19.12.75 ; LNN, 279, 1.12.75 ; 297, 22.12.75. Pour l'occupation de Kaiseraugst, cf. infra, part. I, 6a (Atomkraftwerke). Berne (élections du 8.6) : Bund, 131, 9.6.75.
[45] Zurich (élections du 27.4) : Ldb, 85, 15.4.75 ; NZZ, 98, 29.4.75 ; TLM, 119, 29.4.75. Lucerne (élections du 27.4) : Vat., 99, 30.4.75. Grisons (élections du 4 au 25.5) : TA, 102, 5.5.75) ; BÜZ, 140, 26.5.75 ; Genève (élections du 27.4) : NZZ, 84, 12.4.75 ; JdG, 97, 28.4.75 ; Bund, 98, 29.4.75 ; cf. infra, part. I, 5 (Situation der öffentlichen Finanzen, Kantone). Bâle-Campagne (élections du 20.4) : BN, 94, 23.4.75 ; 97, 26.4.75. Pour les députées, cf. aussi Vat., 81, 16.4.75 ; JdG (ats), 139, 18.6.75. A Bâle-Campagne, les femmes représentent le 16,2 % des sièges, au Conseil communal de Genève le 21,2 %. Les élections au parlement de AR ne sont pas l'affaire des partis (Tat, 107, 7.5.75).
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