Année politique Suisse 2001 : Economie / Agriculture
Politique des revenus
Par rapport aux trois années précédentes – dont une augmentation remarquable de 21% en 2000 –,
le revenu agricole a marqué une nette baisse en 2001. Les agriculteurs ont gagné en moyenne 53 300 francs par exploitation, soit un recul de 7% par rapport à la moyenne des années 1998-2000 (57 200 francs). Dans la même mesure, le salaire moyen du paysan est passé de 2892 francs en moyenne durant cette période à 2533 francs en 2001. En tout, la production agricole a atteint 7,2 milliards de francs au cours de l’année sous revue, contre 7,5 milliards l’année précédente. Cette diminution conséquente est notamment liée à la chute des prix de la viande, suite à la polémique autour de la vache folle. Les fortes pluies ont limité le rendement de la production végétale et n’ont en rien aidé au maintien de l’embellie amorcée en 2000. Cette année avait de plus pu compter sur l’amélioration impromptue du marché du bois, suite aux dégâts de «Lothar». La taille moyenne des exploitations demeure de 18 hectares, et celles-ci occupent 1,3 unité de main-d’œuvre familiale
[5]. Dans un rapport antérieur, l’OFAG mettait en garde contre la disparition des entreprises agricoles, dont un tiers ne serait pas garantie à long terme faute de moyens financiers. La libéralisation du marché implique de plus un creusement toujours plus important de l’écart entre les revenus des grandes et des petites exploitations, au moment où un quart de ces dernières ne générait pas un revenu capable de couvrir les besoins privés
[6].
Alors que le revenu agricole accuse une baisse de 7%,
les paiements directs ont pris le chemin inverse et ont marqué une augmentation du même ordre. Le chiffre moyen de 2001 est de 7% supérieur au chiffre de la période 1998-2000, passant de 38 600 à 41 400 francs par exploitation de référence. Les nouvelles contributions à la surface pour les terres ouvertes et les cultures permanentes, les contributions à l’agriculture bio et celles pour les sorties régulières des animaux en plein air sont notamment à la base de cette augmentation
[7].
Deux interventions parlementaires sont en outre venues alimenter le débat sur la contribution fédérale à l’agriculture. Une motion Bader (pdc, SO) a demandé que le gouvernement fasse en sorte de
désengorger la situation des agriculteurs endettés, dès lors incapables de réagir efficacement aux fluctuations du marché. Un prêt fédéral sans intérêt pourrait être la solution à cet état de fait. Tout en reconnaissant une situation précaire pour 40% des exploitations agricoles en Suisse, le gouvernement a toutefois refusé de placer le service de la dette comme cause principale de ce phénomène. Rappelant que les modifications de l’ordonnance sur l’aide aux exploitations comprendraient un volet important sur le problème de la dette, il a proposé de transmettre la motion sous forme de postulat. Une seconde motion, lancée par Marcel Sandoz (prd, VD), a demandé au Conseil fédéral de mettre en place une
assurance revenu pour les agriculteurs, afin de lutter contre les risques de rendement, de production et de prix auxquels ceux-ci ont été confrontés au cours de l’année. Là encore, le gouvernement a proposé de transformer la motion en postulat, arguant du fait qu’un engagement de l’Etat sur le domaine des assurances, pas nécessaire en complément des mesures existantes, serait peut-être envisagé à long terme en fonction de l’évolution de l’UE et de l’OMC. La discussion a été renvoyée. En 2000, une
motion Binder (udc, ZH) demandant un moratoire sur nouvelles dispositions légales susceptibles de renchérir la production agricole avait de justesse convaincu le National (72 voix contre 69). Le Conseil des Etats s’est montré plus inflexible et a transmis la motion comme postulat
[8].
[5] Station fédérale de recherches en économie et technologie agricoles (FAT), rapport du 8.4.02; presse du 9.4.02.5
[8]
BO CN, 2001, p. 935 (Bader) et 1437 (Sandoz);
BO CE, 2001, p. 132 s. (Binder) et
APS 2000, p. 108.8
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