Année politique Suisse 1974 : Grundlagen der Staatsordnung / Rechtsordnung
 
Droits fondamentaux
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Droits de l'homme
L'adhésion de la Suisse à un système de garantie collective des droits de l'homme est devenue effective en 1974. Les articles confessionnels — dernier obstacle majeur — ayant été supprimés en 1973, le Conseil fédéral incita le parlement à ratifier la Convention européenne des droits de l'homme, signée en 1972 déjà. Contrairement à une déclaration du chef du DPF en 1973, on n'a donc pas attendu la revision du référendum en matière de traités internationaux [1]. En lieu et place, des propositions ont été présentées aux deux Chambres qui tendent à soumettre la convention au verdict du souverain. Ces propositions ont cependant été repoussées à une forte majorité ; à l'inverse de 1972, les libéraux estimèrent superflu cette fois un vote populaire. Le conseiller national O. Fischer (prd, BE) refusa de donner au Conseil fédéral la compétence de reconnaître le caractère obligatoire de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, de même que le droit pour tout un chacun — du moins pour une première période de trois ans — de recourir à la Commission européenne des droits de l'homme ; lui aussi fut battu. Bien au contraire, le Conseil national accepta deux postulats invitant le Conseil fédéral à examiner aussi, sous réserve, l'adhésion aux protocoles additionnels que l'on voulait laisser de côté. Le 28 novembre, le conseiller fédéral Graber déposa à Paris les instruments de la ratification. La Suisse, ce faisant, offrait pour la première fois à ses habitants la possibilité de contester sa juridiction devant une instance internationale ; les décisions de cette instance n'exercent cependant pas un effet juridique immédiat sur le droit interne [2].
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Protection des données
Dans divers domaines — écoute téléphonique, internement administratif, situation des étrangers — on s'est efforcé de concrétiser davantage les droits reconnus dans la convention européenne en améliorant notre système juridique [3]. Rappelons ici les voix qui réclamaient une fois de plus la protection de la vie privée contre l'usage abusif de l'ordinateur ; ces craintes sont nées à propos de projets de l'administration cherchant à se doter de systèmes complets d'information pour la police criminelle, l'armée et les universités. Un projet de loi, oeuvre des Jeunes radicaux, a été déposé devant le Grand Conseil genevois ; il prévoit le traitement confidentiel des données ainsi que la nomination, par le parlement, d'un délégué à la protection des données auquel peuvent s'adresser les personnes lésées [4].
 
[1] FF, 1974, I, no 15, p. 1020 ss. Cf. APS, 1972, p. 12 s. ; 1973, p. 12 et 14 s. ainsi que infra, part. 1, 2.
[2] BO CE, 1974, p. 378 ss. ; BO CN, 1974, p. 1461 ss., 1484 ss., 1502 s. Un postulat de la commission du CN concerne le 1er protocole additionnel (respect de la propriété, droit à l'instruction, élections au scrutin secret ; cf. BO CN, 1974, p. 1463, 1466, 1503), une motion Alder (adi, BL), transformée en postulat, le protocole no 4 (contrainte par corps, liberté d'établissement, expulsion ; cf. BO CN, 1974, p. 1749 s.). La ratification s'est faite moyennant des réserves en matière d'internement administratif, de fonctions judiciaires des administrations cantonales et de non-publicité du jugement dans certains cantons. Dépôt des instruments : JdG (ats), 279, 29.11.74. Cf. aussi S. Trechsel, Die Europäische Menschenrechtskonvention, ihr Schutz der persönlichen Freiheit und die schweizerischen Strafprozessrechte, Bern 1974.
[3] Cf. infra, ordre public, internement administratif ainsi que part. I, 7d (étrangers).
[4] Cf. Bund, 205, 3.9.74 ; Ww, 43, 23.10.74 ; TLM, 341:7.12.74. Pour la police, cf. infra, ordre public, pour l'armée, cf. part. I, 3, pour les universités, cf. part. I, 8a. Genève : JdG, 60, 13.3.74 ; BN, 262, 8.11.74. La commission d'experts dont l'institution avait été proposée par le CF à ce sujet en 1972 n'a pas encore été créée (Ww, 43, 23.10.74 ; cf. APS, 1972, p. 13).