Année politique Suisse 1989 : Chronique générale / Défense nationale
 
Organisation militaire
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Armée 95
Le chef du DMF, Kaspar Villiger, a présenté le concept du futur plan directeur de la défense nationale, appelé «Armée 95». Il permettrait de rajeunir l'armée, de la rendre plus flexible et d'en adapter les structures aux conditions de notre temps ainsi qu'aux nouvelles formes de menaces. Cette réforme irait dans le sens d'une réduction des activités militaires. Cependant, deux principes resteraient intangibles: celui d'une armée de milice ainsi que l'obligation générale de servir. La durée totale du service demeurerait inchangée (331 jours). Par contre, certaines'mesures seraient immédiatement perceptibles telles que, par exemple, l'abaissement de l'obligation de servir de 50 à 42 ans pour les soldats et les sous-officiers et, probablement, de 55 à 50 ans pour les officiers. Des trois classes de l'armée (élite, landwehr, landsturm), une seule subsisterait (élite). L'école de recrues pourrait être réduite de deux semaines, les cours de répétition – qui passeraient de 11 à 15 – seraient limités à 15 jours. Ces dispositions devraient conduire à une sensible réduction de l'effectif réglementaire, qui passerait de 625 000 à 450 000 hommes [30].
Les réactions des partis à ces propositions ont été diverses. Le PRD les juge positives, l'UDC les estime réalisables et insiste sur la nécessité d'une réforme similaire dans la protection civile. Le PDC, tout en reconnaissant l'impératif besoin de restructurations, reste nuancé. Par contre, le PSS trouve que le projet manque de substance et regrette qu'une réduction globale de la durée du service militaire n'ait pas été envisagée [31]. A ce titre, le Conseil national a transmis un postulat du député Fäh (prd, LU) demandant un examen de toutes les possibilités offertes par ce nouveau concept [32].
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Organisation des troupes
Les Chambres ont adopté à l'unanimité la révision de l'organisation des troupes [33]. Celle-ci prévoit une restructuration de l'artillerie par la constitution de six nouveaux groupes d'obusiers blindés ainsi que la création de services d'instruction supplémentaires afin d'en former les soldats. Par ailleurs, elle vise aussi une réorganisation des troupes de transmission, rendue indispensable par l'introduction d'un matériel hautement sophistiqué (stations à ondes dirigées numériques, équipements multi-canaux, appareils complémentaires de chiffrage) ainsi que par l'évolution tactique. Enfin, elle désire transformer certaines formations fédérales du service territorial et de la mobilisation en unités cantonales [34].
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Justice militaire
Certains parlementaires aimeraient réformer le droit pénal militaire. Si le conseiller national Spielmann (pdt, GE) a déposé une initiative parlementaire demandant la suppression de la justice militaire en temps de paix, les députés Pini (prd, TI) — par le biais d'une initiative parlementaire — et Rechsteiner (ps, SG) — par celui d'une motion — ont exigé l'abolition de la peine capitale telle qu'elle est prévue par certains articles du code pénal militaire et ce en vertu d'une conformité avec le droit civil [35]. Signalons cependant que la réforme du code pénal militaire est liée à celle du code pénal suisse, actuellement en cours [36].
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Service féminin de l'armée
Le brigadier Eugénie Pollak — à la tête du Service féminin de l'armée (SFA) depuis janvier 1989 — n'envisage aucune réforme fondamentale. L'effectif du SFA a passé de 1850 soldates en 1970 à 2660 en 1989; 600 femmes manquent à l'appel pour qu'il soit complet. S'il est hors de question que le SFA devienne obligatoire, E. Pollak désire néanmoins renforcer la formation de ses recrues, notamment dans le domaine technique [37].
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Nominations
Le Conseil fédéral a nommé au poste de chef de l'état-major général (EMG) Heinz Häsler, jusqu'à présent commandant du corps d'armée de campagne 2, et ce au détriment du candidat romand Jean-Rodolphe Christen, commandant du ler corps d'armée. Le nouveau chef de l'EMG entrera en fonction le ler janvier 1990. Ce choix a relancé la polémique existant entre Alémaniques et Romands autour des hauts postes de l'armée. En effet, cette nomination est intervenue contrairement au principe de l'alternance entre les deux communautés. De ce fait, les Romands sont absents de l'état-major de direction de l'armée — aucun d'entre eux n'a dirigé I'EMG depuis 1957 — et l'emprise alémanique sur les postes-clef de la défense militaire s'est momentanément accrue. La difficulté de trouver, chez les Romands, des successeurs ainsi que la relative jeunesse du commandant Christen (il aurait passé sept ans à la tête de l'EMG) pourraient, selon d'aucuns, expliquer cette décision du gouvernement. Par ailleurs, le Conseil fédéral a nommé le divisionnaire Werner Jung commandant des troupes d'aviation et de DCA — en succession à Walter Dürig — et le divisionnaire Paul Rickert commandant du corps d'armée de campagne 4, succédant ainsi à Josef Feldmann [38].
 
[30] Suisse, 20.5.89; JdG, 26.5.89; DMF, Documentation pour la presse, Berne 1989; H. Bachofner, "Armee im Wandel", in ASMZ, 1989, no 10, p. 635 s.
[31] LM, 26.5.89.
[32] BO CN, 1989, p. 1732 s.
[33] BO CE, 1989, p. 611 s. et 639 ss.; BO CN, 1989, p. 2206 s. et 2280.
[34] FF, 1989, II, p. 1065 ss.
[35] Délib. Ass. féd., 1989, V, p. 31 s. (Spielmann), III, p. 26 (Pini) et p. 102 (Rechsteiner).
[36] Cf. supra, part. I, 1b (öff. Ordnung).
[37] Presse du 11.4.89.
[38] Presse du 20.4.89; L'Hebdo, 27.4.89.