Année politique Suisse 1996 : Enseignement, culture et médias / Enseignement et recherche
 
Ecoles obligatoires
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Modèles scolaires
Le Grand Conseil vaudois a adopté le vaste projet de réforme du système scolaire cantonal. Suite à ce vote, des milieux proches du parti libéral et de la Ligue vaudoise ont lancé et déposé un référendum contre la nouvelle loi. Les principales critiques des référendaires avaient trait notamment à l'introduction retardée à la 9e année de l'enseignement du grec ancien: les pourfendeurs de la réforme estimaient indispensable que les élèves puissent commencer deux ans plus tôt l'étude de la langue hellénique. Les opposants regrettaient également que l'on ait renoncé, au profit d'une orientation sur 2 ans, à la sélection en 5e année prévalant jusqu'alors pour l'accès à la voie prégymnasiale. Selon eux, l'ancien système avait fait ses preuves, permettant aux élèves les meilleurs de progresser plus rapidement et d'entamer plus tôt la formation devant les mener à l'université. Les citoyens vaudois n'ont pas suivi les arguments des milieux référendaires, estimant que la réforme proposée permettait une meilleure orientation des élèves et était conforme au principe de l'égalité des chances [2].
Le Conseil d'Etat tessinois a adopté un nouveau plan d'études valable pour le degré secondaire inférieur. Celui-ci prévoit notamment l'augmentation des heures d'allemand au détriment de l'enseignement du français ainsi que la réintroduction des notes de conduite supprimées dans les années 70. Dans le canton de Schaffhouse, le Grand Conseil a décidé de raccourcir de 5 à 4 ans la durée du degré secondaire inférieur au profit du degré primaire. Un projet similaire a été adopté par le gouvernement thurgovien. Dans le canton du Valais, la vaste réforme de l'ensemble du système scolaire a été présentée dans ses grandes lignes par l'exécutif; parmi les innovations principales figurent l'introduction de cycles d'apprentissage sur deux ans, une évaluation plus globale des élèves ne faisant pas uniquement recours au critère de la note ainsi qu'une plus grande autonomie tant pédagogique qu'administrative accordée aux différents établissements. Le projet de refonte du système scolaire argovien a pour sa part été adopté par le parlement cantonal. La disposition la plus controversée ayant trait au raccourcissement de 13 à 12 ans des études menant à la maturité a notamment été adoptée par les députés, malgré la vive opposition des milieux enseignants. L'introduction précoce de l'apprentissage du français avait été auparavant retirée du projet par l'exécutif, ce dernier se pliant aux critiques des enseignants. Le Conseil d'Etat saint-gallois ainsi que celui bernois ont décidé de supprimer définitivement l'examen d'entrée à la voie prégymnasiale qui prévalait encore dans certaines communes des deux cantons. Désormais, le passage au degré secondaire supérieur se fera d'après les évaluations faites par les professeurs. Dans le canton de Berne, en cas de désaccord avec les recommandations faites par les enseignants, les parents pourront cependant exiger que leur enfant passe un examen d'entrée au gymnase [3].
Un groupe d'étude de la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) a proposé de regrouper "sous un seul toit" les élèves des niveaux primaire et secondaire inférieur, à l'image de ce qui existe au Tessin et dans certains cantons de Suisse romande. Seules certaines matières - les mathématiques et l'enseignement des langues étrangères - devraient continuer à être enseignées de manière différenciée. Selon les experts de la CDIP, ce regroupement permettrait d'éviter les problèmes engendrés par une sélection prématurée. Le groupe de réflexion a également proposé que la scolarité obligatoire se termine par la réalisation d'un travail pratique qui constitue une transition vers le monde du travail pour ceux destinés à entreprendre un apprentissage. Ce travail, accompagné d'examens de fin de cycle, devrait par ailleurs donner droit à un certificat [4].
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Durée de l'école et horaires scolaires
Le Conseil d'Etat saint-gallois a décidé que le samedi serait désormais libre pour les écoliers du canton. Dans le canton de Zurich, après que le Conseil d'Etat eut laissé l'année précédente la liberté aux communes d'introduire la semaine de cinq jours, 70 communes représentant quelque 58% des élèves ont introduit le samedi férié. Le même succès a pu être constaté dans le canton de Bâle-Campagne. Par ailleurs, des projets visant également à supprimer l'école le samedi sont en voie d'être adoptés dans les cantons de Glaris, d'Argovie et de Thurgovie. Dans le canton de Genève, l'exécutif a l'intention d'introduire le mercredi et le samedi fériés pour les classes du degré primaire; les autres degrés devraient pour leur part se conformer à l'horaire valable dans les autres cantons de Suisse romande (semaine de cinq jours). Enfin, dans le canton de Bâle-Ville, le Conseil d'Etat a décidé de prolonger jusqu'à l'année 97/98 l'introduction à titre probatoire de l'école par bloc de temps ainsi que de la semaine de cinq jours [5].
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Restrictions budgétaires et enseignants
Les mesures d'économies budgétaires ont à nouveau concerné les écoles obligatoires dans de nombreux cantons. Parmi les conséquences engendrées par ces restrictions financières, la suppression de nombreux postes d'enseignants, l'augmentation du nombre d'élèves par classe ou le blocage - voire la baisse - des salaires ont suscité le mécontentement des enseignants, qui ont organisé des actions de protestation dans certains cantons (Soleure, Genève, Zurich). Dans les cantons de Zurich et de Lucerne, des projets visant à introduire le salaire au mérite sont par ailleurs élaborés par les exécutifs. Le peuple schaffhousois a pour sa part adopté un projet introduisant une évaluation quadriennale des enseignants [6].
Selon les chiffres fournis par l'association faîtière des enseignants et enseignantes suisses (ECH), le nombre d'enseignants à la recherche d'un emploi a diminué, passant de 1400 en 1995 à 970. Les plus touchés sont ceux du degré primaire ainsi que les jardinières d'enfants. Les cantons les plus concernés sont ceux de Vaud (230 personnes), de Berne (220) et du Valais (110) [7].
Suite à la recommandation faite par la CDIP en 1995 quant à la souhaitable tertiarisation de la formation des enseignants, de nombreux cantons ont présenté des projets plus ou moins avancés. Certains projets - notamment celui des cantons de Suisse centrale et celui réunissant le Jura, Neuchâtel et la partie francophone du canton de Berne - consacrent des collaborations intercantonales. La formation sera dispensée soit au sein de hautes écoles pédagogiques - conçues à l'image des HES parallèlement créées (voir infra) - soit au sein des universités. La disparition des séminaires pédagogiques cantonaux n'a pas manqué par ailleurs de rencontrer de vives résistances en Suisse alémanique (surtout centrale) ainsi que dans les milieux professionnels concernés. Les opposants à la tertiarisation craignent notamment que la formation des enseignants ne devienne trop théorique, en particulier pour les degrés scolaires inférieurs. Une pétition munie de quelque 80 000 signatures a même été déposée en fin d'année à la Chancellerie fédérale: les pétitionnaires protestent entre autres contre ce qu'ils considèrent être une uniformisation et centralisation regrettables de la formation pédagogique [8].
 
[2] 24 Heures, 9.2, 20.6, 10.7 et 2.12.96; JdG, 22.8, 15.11 et 2.12.96. Voir également APS 1995, p. 276 s.2
[3] TI: CdT, 19.9.96; Bund, 9.10.96. SH: SN, 2.11.96. TG: SN, 25.10.96. VS: NQ, 15.4.96; NF, 5.4.96. AG: AT, 23.10.96. SG: SGT, 17.4.96. BE: Bund, 25.4 et 14.9.96. Voir également APS 1995, p. 277.3
[4] Presse du 16.10.96.4
[5] SG: SGT, 24.4.96. ZH: NZZ, 25.1, 23.3 et 4.4.96. BL: BaZ, 20.3.96. GL: BaZ, 18.12.96. AG: AT, 23.3.96. TG: SGT, 24.4.96. GE: JdG, 22.8.96. BS: BaZ, 13.12.96. Voir également APS 1995, p. 277 s.5
[6] SO: SZ, 24.8, 15.10, 30.11 et 4.12.96. GE: JdG, 9.11.96. ZH: TA, 25.1 et 10.7.96; DAZ, 29.11.96. LU: NLZ, 13.11.96. SH: SN, 29.11 et 2.12.96; BaZ, 21.8.96. BE: Bund, 24.9, 30.5 et 4.12.96; NQ, 9.12.96. VS: NQ, 22.3.96. VD: JdG, 23.8.96. Voir également APS 1995, p. 278. Dans le canton de Lucerne, une initiative demandant de ne pas dépasser le chiffre de 25 élèves par classe est pendante (NLZ, 16.1.96). Dans celui de Bâle-Campagne, une initiative visant à limiter le nombre d'élèves à 20 a également été lancée. Dans ce dernier canton, une initiative qui veut s'opposer au projet gouvernemental de donner une totale autonomie aux communes en matière de salaire des enseignants a en outre été déposée (BaZ, 15.3, 17.7, 14.8 et 25.9.96). Voir également APS 1994, p. 247.6
[7] Lib., 21.8.96; NQ, 31.10.96. Voir également APS 1995, p. 278.7
[8] Vision générale: TA et NZZ, 23.5.96; NQ, 19.6.96; Ww, 20.6.96; TW, 25.11.96; Lib., 29.11.96. Suisse centrale: Bund, 15.1 et 1.4.96; NLZ, 23.3 et 29.10.96. BE-JU-NE: Express, 8.6.96. VS: NQ, 7.10.96. ZH: TA, 25.10.96. BL: BaZ, 23.5 et 20.6.96. BE: Bund, 15.6 et 22.11.96. FR: Lib., 14.3.96. VD: 24 Heures, 23.2.96. GR: BüZ, 20.9.96. Voir également APS 1995, p. 278. Il est à relever que dans le canton de Genève, la tertiarisation de la formation des enseignants a d'ores et déjà commencé: JdG, 19.6.96.8