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Bildung, Kultur und Medien
Kultur, Sprache, Kirchen
Veröffentlichung eines Berichtes über Fragen der schweizerischen Kulturpolitik — Auswirkungen der Rezession und der Finanzknappheit auf die Kulturförderung — Auseinandersetzungen über umstrittene kulturelle Aktivitäten — Bemühungen um die Erhaltung des Rätoromanischen — Einreichung der Initiative für Trennung von Kirche und Staat.
Culture
Selon Jacob Burckhardt, l'Etat et la culture sont — deux magistrats fédéraux l'ont rappelé en 1976 — des puissances antagonistes [1]. Il ressort de certaines critiques que le rapport de la commission Clottu sur les questions de politique culturelle suisse, publié au printemps 1976, a trop peu mis cet antagonisme en évidence [2]. Cette vaste enquête, dont l'histoire remonte à 1967, visait deux buts : dresser un inventaire de l'infrastructure culturelle de notre pays et établir un rapport complet sur la situation des artistes en Suisse. La commission a d'autre part dressé un catalogue de recommandations ; y figurent au rang des demandes retenues : l'amélioration des possibilités de formation, la multiplication des bourses pour l'encouragement des beaux-arts, l'institution d'une prévoyance professionnelle (2e pilier) pour les artistes et une péréquation financière entre les centres urbains et leurs agglomérations pour la promotion de la culture [3]. La politique culturelle est définie dans le préambule du rapport comme « une tâche globale, enveloppant toutes les manifestations de l'activité humaine qui, d'une façon ou d'une autre, créent des conditions nouvelles à l'épanouissement des individus et au développement de la société » [4]. Le rapport Clottu n'a pas éveillé que des louanges. On a relevé, certes, le sérieux et l'exactitude avec lesquels le matériel statistique sur la culture en Suisse a été rassemblé. Mais plusieurs critiques ont reproché aux auteurs de n'avoir pas donné une orientation fondamentalement nouvelle à la politique culturelle suisse [5]. Aux Chambres fédérales, certains des problèmes mis en lumière ont ouvert la voie à des interventions personnelles. Le maire de Lucerne, H. R. Meyer (prd), s'est exprimé sur le subventionnement des théâtres et orchestres professionnels [6].
Le renouvellement de la Commission fédérale des beaux-arts représentait le premier test pour savoir comment les autorités fédérales tiendraient compte du rapport Clottu. Parmi les douze propositions de réforme touchant à cette commission figurent le « mode de sélection des membres de la commission » et la « durée et nature du mandat des président et vice-président ». La réélection de son président, en place depuis de longues années, n'a pas été bien accueillie dans tous les milieux et on s'est demandé si les autorités fédérales avaient pris connaissance de cette grande enquête sur la culture [7].
La politique de la culture est en grande partie l'oeuvre des pouvoirs publics. Sous ce rapport, la situation de l'économie et des finances de l'Etat n'a pas été favorable. Une enquête auprès des artistes, directeurs de galerie et de théâtre a révélé que la récession s'est étendue à la vie des arts en Suisse et qu'elle a ébranlé l'activité de beaucoup d'artistes. Le conseiller national Rothen (ps, SO) a demandé dans une motion un meilleur soutien des artistes indépendants touchés par le chômage et la réduction de travail [8].
Malgré les notables améliorations qui leur ont été accordées ces dernières années, les cinéastes se plaignent aussi de n'obtenir qu'un soutien trop modeste. 2,5 millions de francs au total leur ont été distribués en 1976. Pour l'année prochaine, les subventions fédérales ont été portées à 2,75 millions ; lors de la discussion du budget, le parlement n'a pas soutenu unanimement le supplément de crédit [9]. Les mesures d'économie ont retardé le début des travaux du « Technorama » à Winterthour. Le Conseil fédéral avait proposé un crédit de 6 millions de francs que la commission préconsultative du Conseil des Etats a provisoirement bloqué [10].
A Lausanne, la répartition des subventions entre les divers types de théâtre a soulevé une controverse. De petits théâtres craignent que l'application des règlements existants les conduise à une mort douce. Une étude sociologique de portée suprarégionale a été publiée dans ces circonstances. Elle cerne, sur 30 ans, la politique théâtrale de la capitale vaudoise [11]. Une enquête de la Société suisse du théâtre a apporté un démenti à l'opinion qui veut que les lieux de rencontres culturelles ne soient réservés qu'à une élite : presque un quart de la population suisse va au théâtre [12].
Mais la culture reçoit aussi une signification politique à travers les tensions dans l'Etat et la société qu'engendrent et expriment des activités culturelles ; l'antagonisme mentionné au début du chapitre se manifeste sous cette forme en toute clarté.
A Zurich, on a projeté d'aménager, avec l'aide de la ville, un foyer permanent de création culturelle au lieu dit de la « Rote Fabrik » (dans le quartier du Wollishofen). Dans le cadre de l'ancienne fabrique, un premier contre-programme culturel a été présenté sous le nom de « Thearena » [13].
Les tensions s'avivent quand des institutions étrangères décernent des distinctions à des auteurs suisses qui sont contestés dans leur propre pays. La remise à Max Frisch du Prix de la paix des libraires allemands, n'a pas été saluée avec un enthousiasme unanime [14]. Mais, le couronnement au Festival de Mannheim, d'un film documentaire suisse, a surtout soulevé la désapprobation : 18 professeurs de l'Université de Berne ont protesté contre l'attribution d'un prix au film « Die Erschiessung des Landesverräters Ernst S. » (L'exécution du traître à la patrie Ernst S.) de R. Dindo et N. Meienberg. L'oeuvre contestée, qui traite de la Suisse au temps de la Deuxième Guerre mondiale, a suscité une opposition entre la vision historique des mobilisés d'alors et celle des milieux de jeunes contestataires. Le conseiller fédéral Hürlimann a refusé à la fin de l'année d'accorder une prime de qualité au film, malgré l'avis favorable de la commission d'experts compétente [15]. L'écrivain valaisan, Maurice Chappaz, a soulevé de sérieux remous avec son livre « Les maquereaux des cimes blanches ». Il stigmatise ceux qui abaissent, dans son canton, le patrimoine au rang des affaires. La Société suisse des écrivains a condamné les attaques dirigées contre l'auteur [16].
Le conflit à propos du Centre de la Divine Lumière à Winterthour avait pris l'année passée des proportions exagérées. II a trouvé une fin provisoire après l'arrestation du conducteur spirituel du groupe, Swami Omkarananda, dont le Tribunal fédéral a prononcé l'expulsion [17].
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Langues
Le rapport Clottu consacre un paragraphe particulier aux activités culturelles dans le Tessin et dans les parties rhéto-romane et italienne des Grisons. Il insiste sur la nécessité d'une protection de la langue et de la culture particulières à ces régions [18]. La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) a réalisé un viceu exprimé de longue date par les Rhéto-Romans : l'ouverture à Coire d'un office des programmes [19] Au cours d'un colloque au Château de Lenzbourg, on a discuté de l'opportunité d'appliquer le principe de territorialité (délimitation des aires linguistiques) pour venir en aide au romanche. Le postulat d'un jeune juriste rhéto-roman adressé à la Lia Rumantscha (LR) a lancé la discussion. Il demandait qu'une loi cantonale reconnaisse les frontières traditionnelles du rhéto-roman [20]. L'échange d'écoliers entre la Romandie et la Suisse alémanique a repris son essor après quelques années d'interruption. Les divergences d'opinions en Suisse romande à propos d'un manuel d'enseignement de l'allemand ont déjà été mentionnées [21].
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Eglises
La discussion entamée l'année passée au sein de l'Eglise catholique au sujet de l'évêque intégriste Marcel Lefèbvre et de son séminaire à Ecône (VS) est restée d'entière actualité. L'ordination de prêtres dans ce séminaire traditionaliste, les messes célébrées par l'évêque à Lille (France) et Genève, le voyage de Lefèbvre à Rome ont attiré l'attention bien au-delà des frontières de notre pays [22]. En politique intérieure, la prise de position des évêques suisses sur l'initiative pour la participation des organisations syndicales a revêtu une importance particulière et a été abondamment commentée [23]. La publication des dignitaires de l'Eglise a enflammé les esprits et, dans beaucoup de cercles, on a discuté de la mesure et de l'opportunité de l'engagement politique des Eglises. Les rapports entre les Eglises et les partis, la puissance politique des Eglises et leur ascendant sur les citoyens ont été débattus [24].
L'initiative fédérale sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat a été déposée en septembre. Elle demande l'introduction d'un nouvel article 51 dans la Constitution qui aurait la teneur suivante : « L'Eglise et l’Etat sont complètement séparés » [25]. Le Conseil d'Etat zurichois a rejeté, sans fournir de contre-projet, une initiative populaire de même inspiration. De son côté, un groupe de travail du Parti socialiste avait présenté une solution de rechange : le prélèvement d'un impôt d'Eglise devrait garantir un juste soutien à toutes les communautés religieuses reconnues [26]. Au Tessin, où l'égalité entre les Eglises réformée et catholique a été reconnue constitutionnellement en 1975, les jeunes radicaux ont lancé une initiative pour la suppression de l'article traitant de la religion. Ils fondent leur démarche sur la Constitution fédérale qui garantit la liberté de conscience, de croyance et du culte [27].
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[1] Cf. L. von Moos, in Documenta, 1976, no 3, p. 21 et H. Hürlimann, in Documenta, 1976, no 5, p. 15.
[2] Eléments pour une politique culturelle en Suisse, Rapport de la Commission fédérale d'experts pour l'étude de questions concernant la politique culturelle suisse, Berne 1975 (cit. Rapport Clottu).
[3] Historique : Rapport Clottu, p. 5 ; APS, 1967, p. 127 ; 1969, p. 141. Rapports : APS, 1972, p. 137 ; 1974, p. 145 ; TA, 2, 5.1.76. Recommandations : Rapport Clottu, p. 373 ss.
[4] Rapport Clottu, p. 14.
[5] JdG, 46, 25.2.76 ; NZ, 62, 25.2.76 ; 407, 31.12.76 ; NZZ, 46, 25.2.76 ; 49, 28.2.76 ; Vat., 46, 25.2.76 ; VO, 45, 25.2.76 ; 48, 28.2.76. Controverse : Schweizer Monatshefte, 56/1976-77, no 3, p. 223 ss.; no 9, p. 843 ss.
[6] Postulat Meyer : BO CN, 1976, p. 123 s. ; cf. APS, 1973, p., 136. Cf. aussi question ordinaire Bächtold (prd, SH) (BO CE, 1976, p. 329). Sur les dépenses culturelles, cf. Ww, 21, 26.5.76 ; sur les subventions étatiques, voir : SZ, 90, 17.4.76 et Pro Helvetia, Rapport d'activité 1975, p. 5 ss.
[7] Rapport Clottu, p. 131 ; TA, 264, 11.11.76.
[8] Enquête : TG (ats), 29, 5.2.76 ; TA (sda), 30, 6.2.76. Motion Rothen : BO CN, 1976, p. 1347 ; TA, 283, 3.12.76.
[9] BO CN, 1976, p. 1549 ss. ; NZ, 391, 15.12.76.
[10] FF, 1976, I, p. 1257 ss. ; Ldb, 51, 2.3.76 ; 135, 15.6.76 ; 139, 19.6.76 ; 217, 18.9.76 ; NZZ, 51, 23.76 ; JdG, 93, 22.3.76.
[11] Subventions théâtrales : TLM, 169, 17.6.76 ; VO, 225, 30.9.76. Etude : « Jeux et enjeux dans la politique culturelle lausannoise en matière de théâtre dramatique », in Revue suisse de sociologie, 2/1976, no 3, p. 195 ss. ; TA, 173, 28.7.76 ; TLM, 220, 21.9.76.
[12] Vat., 56, 8.3.76 ; LNN, 61, 13.3.76 ; TLM, 83, 23.3.76.
[13] TA, 89, 15.4.76 ; 295, 17.12.76 ; FA, 46, 25.6.76 ; 24 heures, 247, 22.10.76 ; JdG, 251, 27.10.76.
[14] NZZ, 220, 20.9.76 ; Vat., 219, 20.9.76 ; BN, 220, 21.9.76 ; 24 heures, 220, 21.9.76.
[15] Concernant le film : TA, 56, 8.3.76 ; Focus, 1976, no 77, p. 31 ss. Mannheim : NZ, 319, 13.10.76. 18 professeurs : Bund, 249, 23.10.76 ; Ww, 44, 3.11.76. Prime de qualité : LNN, 306, 31.12.76 ; TA, 1, 3.1.77 ; 24 heures, 20, 25.1.77. Réaction de Meienberg : TW, 11, 14.1.77 ; TG, 12, 15.1.77.
[16] M. Chappaz, Les maquereaux des cimes blanches, Vevey 1976. Cf. TLM, 128, 7.5.76 ; JdG, 139, 17.6.76 ; 276, 25.11.76 ; LNN, 140, 19.6.76.
[17] NZZ, 2, 5.1.76 ; 160, 12.7.76 ; 163, 15.7.76 ; 234, 6.10.76 ; TG, 161, 13.7.76 ; 164, 15.7.76 ; JdG, 233, 6.10.76. Cf. APS, 1975, p. 147 s.
[18] Rapport Clottu, p. 412 ss. ; CdT, 46, 25.2.76 ; JdG, 46, 25.2.76 ; Lib., 121, 25.2.76.
[19] BüZ, 251, 25.10.76 ; LNN, 251, 27.10.76.
[20] NZZ, 268, 15.11.76 ; 270, 17.11.76 ; BüZ, 272, 18.11.76.
[21] Echange : NZZ, 184, 9.8.76 ; TA, 188, 14.8.76 ; JdG (ats), 219, 20.9.76. Pour l'enseignement de l'allemand, cf. supra, part. I, 8a (Enseignement primaire et secondaire).
[22] Cf. APS, 1975, p. 148 et Abbé J. Anzévui, Le drame d'Ecóne, Sion 1976. Commentaires : NZZ, 37, 14.2.76 ; 39, 17.2.76 ; 255, 30.10.76 ; TLM, 46, 15.2.76 ; 111, 20.4.76 ; 146, 25.5.76 ; 171, 19.6.76 ; 187, 5.7.76 ; 199, 17.7.76 ; 201, 19.7.76 ; 243, 30.8.76 ; 24 heures, 203-205, 31.8-2.9.76 ; Focus, 1976, no 79, p. 10 ss. ; no 80, p. 10.
[23] Cf. supra, part. I, 7. Communiqué des évêques : TA, 29, 5.2.76 ; 35, 12.2.76 ; BZ, 37, 14.2.76 ; Vat., 224, 25.9.76. Réactions : NZZ, 53, 4.3.76 ; 112, 14.5.76 ; SZ, 79, 3.4.76.
[24] Cf. « Die politischen Parteien der Schweiz und das Christentum », in Reformatio, 25/1976, p. 517 ss.
[25] FF, 1976, III, p. 741 ss., la presse du 18.9.76 ainsi que TA, 252, 28.10.76. Cf. J. Bruhin, Die beiden Vatikanischen Konzile und das Staatskirchenrecht der Schweiz. Bundesverfassung, Freiburg/Schweiz 1975 ; Ww, 14, 7.4.76 ; 37, 15.9.76 ; TLM, 187, 5.7.76 ; Lib., 14, 16.10.76.
[26] Cf. APS, 1975, p. 149 ; NZZ, 127, 2.6.76 ; 150, 30.6.76 ; 182, 6.8.76 ; 240, 13.10.76 ; 243, 16.10.76 ; JdG, 134, 11.6.76. Parti socialiste : TA, 132, 10.6.76 ; FA, 34, 11.6.76 ; NZZ, 135, 12.6.76.
[27] Cf. APS, 1975, p. 172 ; CdT, 15, 20.1.76 ; Dov., 15, 20.1.76 ; TA, 17, 22.1.76.
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