Année politique Suisse 1990 : Bildung, Kultur und Medien / Bildung und Forschung
Ecoles obligatoires
Le modèle scolaire 6/3 (six ans d'école primaire, trois ans d'école secondaire) est actuellement pratiqué dans 18 cantons. Deux autres sont en train de modifier leur législation: celui du Jura en vue d'adopter la structuration susmentionnée ainsi que celui de Bâle-Ville dont la population a accepté, en 1989, un modèle mixte 7/2. Si le canton du Tessin ne fait plus de différence entre les années primaires et secondaires (modèle 9/0), ceux d'Argovie, de Bâle-Campagne et. de Vaud connaissent cinq années de primaire et quatre de secondaire.
Après plusieurs années de procédure, le souverain
bernois a entériné en janvier l'initiative populaire demandant l'instauration du modèle 6/3. Lancée en 1986 par un comité composé d'enseignants et de politiciens principalement verts et de gauche, elle était soutenue par les socialistes, les écologistes, les indépendants, les démocrates-chrétiens, les évangélistes, la VPOD ainsi que par de petites formations de gauche et d'extrême-gauche. Pour eux, l'introduction d'un tel système s'imposait en vertu de l'harmonisation intercantonale ainsi que pour des raisons pédagogiques puisqu'une sélection précoce entraîne une forte concurrence entre des enfants encore jeunes qui, de ce fait, désapprennent la camaraderie et la collaboration. Une orientation plus tardive offre l'avantage d'intervenir à un âge où l'enfant est plus à même de la supporter. De surcroît, un tel modèle favorise la politique régionale puisqu'un plus long apprentissage en commun améliore la situation des petites écoles primaires périphériques. A ses arguments s'opposaient ceux des radicaux, des démocrates du centre (initialement favorables au modèle 6/3) et de certains milieux enseignants qui craignaient principalement un nivellement général de la formation. Comme un maître peut déjà déceler lors des premières années d'école ceux de ses élèves aptes à poursuivre une scolarité secondaire, il ne sert à rien, selon les adversaires de l'initiative, de prolonger les degrés
primaires, une sélection plus différée entraînant une pression permanente sur les élèves pendant les Sème et 6ème années. Afin de concurrencer le modèle 6/3, ses opposants propagèrent l'idée d'un modèle 4/5+. Le peuple du canton de Berne ne les suivit pas puisqu'il accepta, par 53,6% des voix, le système 6/3
[2].
Le parlement du canton du
Jura a adopté, en seconde lecture, la nouvelle loi scolaire qui, notamment, introduit le modèle 6/3 dans les écoles du canton. Norme-cadre, elle a pour but une démocratisation de l'accès aux études ainsi que la dynamisation du fonctionnement du système scolaire. Par son biais, tout enfant aura désormais droit à l'éducation, quel que soit le statut de ses parents
[3].
La nouvelle loi scolaire
tessinoise a été entérinée par le Grand Conseil, après plus de seize ans de travaux préparatoires. Soutenue par les radicaux, les démocrates-chrétiens et ceux du centre, elle était combattue par les socialistes; lors du vote, les verts et les socialistes unitaires s'abstinrent. Les points qui furent les plus litigieux lors des discussions parlementaires eurent trait à l'enseignement religieux et à la suppression des subventions gouvernementales aux écoles privées, pour lesquels des solutions de compromis furent trouvées
[4].
Plusieurs décisions ont été prises par les cantons encore réticents à un enseignement obligatoire précoce d'une seconde langue nationale. Ainsi, le département de l'instruction publique du canton de Neuchâtel a décidé d'introduire, dès l'année scolaire 1990/91, l'enseignement obligatoire de l'allemand dès la quatrième année. Basé sur le langage oral et l'effet d'imitation, il ne donnera lieu à aucune note. Pour pouvoir appliquer cette mesure, les programmes en français et en mathématiques ont été allégés. Le parlement cantonal de Bâle-Campagne a accepté un crédit de 2,8 millions de francs pour la mise en oeuvre de l'enseignement précoce du français. Les Conseils de l'éducation des cantons d'Obwald et de Schwyz ont opté pour l'introduction de l'enseignement précoce du français lors de l'année scolaire 1995/96 et celui de Zoug l'a planifié pour 1993/94
[5].
Les autorités
uranaises ont décrété un enseignement similaire de l'italien dès les classes de 5ème primaire et ce au plus tard en 1994/95
[6].
Si l'on se réfère au rapport de la CDIP
"Education dans la Suisse de demain", les
structures scolaires doivent prendre en considération les évolutions survenues notamment dans le domaine de la famille, du travail et du temps libre. Pour ce faire, l'école doit s'adapter au nouveau rythme de vie des parents, la structure familiale traditionnelle sur laquelle elle se base étant de moins en moins pertinente. C'est pourquoi de nouveaux modes d'organisation scolaire doivent être développés, tels la semaine de cinq jours ou l'enseignement par bloc de temps
[7].
Actuellement, sept cantons connaissent formellement la
semaine de cinq jours à l'école primaire
[8]. Dans le canton de Zurich, l'initiative populaire demandant l'instauration d'une telle semaine a été retirée, les initiants craignant que ce thème n'apparaisse trop tôt dans le débat public. Le parlement du canton d'Argovie ayant accepté un décret conseillant aux communes de faire des essais dans ce domaine, l'initiative populaire en la matière connut un sort similaire à celui de sa consoeur zurichoise mais sous condition qu'un projet soit présenté avant la fin de 1990 et que le gouvernement soutienne les efforts des communes
[9].
Si l'on se réfère à l'ensemble des divers sondages et études entrepris au niveau de l'ensemble du pays, il semblerait que tant les élèves que leurs parents et enseignants soient globalement en faveur d'une telle semaine. Le principal problème lié à son introduction demeure celui de la compensation des heures de cours supprimées. Ainsi, l'Association suisse des enseignants subordonne-t-elle son approbation à une restructuration des horaires et à un maintien du mercredi après-midi de libre.
Des discussions ont aussi lieu pour organiser les horaires scolaires par
bloc de temps, afin qu'ils correspondent mieux aux rythmes de vie des familles. Une telle structuration serait avantageuse pour les enfants dont les deux parents travaillent ou pour ceux issus de famille monoparentale. Ainsi, le Conseil de l'éducation du canton de Saint-Gall a-t-il suggéré de planifier de tels horaires deux matinées par semaine. Cette solution est estimée insuffisante par les parents et rencontre l'hostilité des enseignants, qui ne souhaitent pas se voir déléguer l'entièreté des devoirs d'éducation. Selon des arguments pédagogiques, il semblerait, de surcroît, que la concentration des enfants décroisse après trois heures de classe, particulièrement chez les plus jeunes d'entre eux
[10].
Dans la plupart des cantons, on assiste aux prémices d'un
manque d'enseignants, après des années de pléthore. La situation est plus particulièrement critique en Suisse alémanique où, par exemple, le canton d'Argovie dut faire appel, lors de la rentrée scolaire 1989/90, à un certain nombre d'instituteurs allemands
[11]. . Des
salaires peu attractifs, des
conditions de travail difficiles ainsi qu'un manque croissant de
motivation ont incité les maîtres à s'orienter vers le secteur privé, déplacement favorisé par la haute conjoncture économique. Afin de faire face à ces problèmes déjà existants ou en devenir, les cantons procèdent à certaines réformes afin de rendre la profession d'enseignant plus attirante. La réévaluation des appointements, des cours de réinsertion – principalement adressés aux enseignantes ayant quitté, pour des raisons familiales, l'enseignement – et d'introduction professionnelles – pour ceux désirant, après une première formation, devenir maîtres – le job-sharing
[12] ainsi qu'une plus grande souplesse dans la reconnaissance des diplômes des autres cantons font notamment partie de cet arsenal, visant aussi à améliorer l'image de la profession
[13].
La dernière disposition citée a fait l'objet d'une résolution formelle des directeurs des départements de l'instruction publique des cantons romands et du Tessin, qui ont décidé de
reconnaître réciproquement les titres décernés aux instituteurs. Soumise à la seule condition de la maîtrise de la langue d'enseignement, cette mesure permet au principe des vases communiquants de s'appliquer, induisant ainsi une régulation du marché du travail des enseignants. Une telle reconnaissance est également encouragée par la CDIP
[14]. Néanmoins, certains problèmes demeurent, tels ceux des salaires, des limites d'âge, du devoir d'enseignement et de la disparité des formations, handicap particulièrement notable dans l'enseignement secondaire.
Le parlement cantonal bernois a accepté les bases de la
conception globale de la formation des enseignants. Des treize types de formation actuellement existants, ce projet n'en conserve que quatre, basés sur l'âge des élèves
[15].
[2] BZ, 6.1., 11.1., 16.1., 19.1. et 29.1.90; Bund, 19.1., 20.1. et 29.1.90; Suisse, 15.1. et 29.1.90; TW, 24.1. et 25.1.90; LNN, 19.1.90; presse du 29.1.90; L'Hebdo, 18.1.90; DP, 979, 18.1.90. Cf. aussi APS 1989, p. 228.
[3] Dém., 27.9., 16.11., 23.11., 4.12. et 21.12.90; Suisse, 27.9. et 21.12.90. Cf. supra, 7d (Ausländerpolitik). Fait notamment référence aux enfants de parents saisonniers.
[5] NE: Express et Suisse, 12.5.90; NZZ, 7.6.90. BL: BaZ, 4.5.90. OW, SZ: Vat., 20.1. et 16.2.90; LNN, 15.12.90.
[6] LNN, 4.5.90; CdT, 16.7.90. Cf. aussi infra, part. I, 8b (Das Verhältnis zwischen den Sprachgruppen).
[8] Ce sont: BE francophone, FR, GE, JU, NE, TI et VS.
[9] ZH: SZ, 15.6.90. AG: AT, 7.5., 9.5. et 26.6.90.
[11] TA, 5.4.90; AT, 23.5., 4.7. et 21.11.90 (augmentation de salaire décidée par le parlement cantonal). Pour les salaires cf. aussi infra, part. II, 5b.
[12] Duo pédagogique: consiste dans le partage d'une place de travail par deux enseignants.
[13] NZZ, 12.2.90; LNN, 24.2.90; L'Hebdo, 30.8.90.
[14] 24 Heures et NZZ du 4.7.90; TA, 17.7. et 25.10.90; presse du 27.10.90. Décision d'encouragement de la reconnaissance des titres des enseignants prise lors de l'assemblée annuelle de la CDIP, en octobre.
[15] Bund et BZ, 15.8.90.
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