Année politique Suisse 1992 : Infrastructure, aménagement, environnement / Transports et communications
Trafic routier
Le Conseil fédéral a
mis en consultation un projet de relèvement des amendes d'ordre (amendes sans jugement pénal) dont le montant maximal (excès de vitesse) pourrait passer de 100 à 300 francs. La législation, datant de 1973, n'ayant jamais été adaptée, le gouvernement a décidé de compenser le renchérissement et de contraindre les automobilistes au respect des limitations de vitesse (ce qui favoriserait également la réduction des émissions polluantes). Par ailleurs, il a été prévu de faire passer le délai de réflexion et de paiement de 10 à 30 jours, et de donner la possibilité aux cantons de recourir à des privés pour percevoir les amendes pour stationnement interdit. Si les réactions du TCS furent mesurées, il n'en alla pas de même de celles de l'ACS et du parti des automobilistes qui contestèrent ces dispositions avec vigueur. Par contre, les cantons, les partis et les autres organisations concernées se sont montrés généralement favorables à ce projet
[20].
Le Conseil national, tout comme la petite chambre en 1989, a décidé de ne pas donner suite à l'initiative du canton de Zurich demandant que la Confédération perçoive une
taxe kilométrique sur les véhicules automobiles, qui serait redistribuée ensuite de manière égale et individuelle à la population (écobonus). La majorité de la chambre a estimé que les derniers développements en la matière ne permettaient pas d'accepter le texte; en 1991, après avoir adopté le principe de l'écobonus, le Conseil fédéral, après diverses recherches, s'est heurté a des problèmes techniques et financiers qui l'on conduit a abandonner cette idée. En outre, l'annonce de la création d'un écobonus avait soulevé de vastes protestations, autant dans la population que dans le monde politique
[21].
Pour les autres mesures en faveur de la protection de l'environnement, cf. infra, part. I, 6d (Qualité de l'air).
Le Conseil fédéral a présenté son
message concernant la prorogation et la refonte des redevances sur l'utilisation des routes. Ces taxes ayant une durée de validité de dix ans, elles arriveront à échéance en 1994. Or, le gouvernement entend les prolonger tant que le trafic routier ne couvre pas les frais qu'il occasionne, et désire d'autant plus les maintenir que d'autres Etats européens ont introduit de tels instruments, et que la CE envisage de faire de même. En outre, la procédure de consultation, largement positive en ce domaine, lui a donné le feu vert. Les seules modifications par rapport à l'ancienne version sont, d'une part, le relèvement du prix de la vignette autoroutière (40 francs au lieu de 30) pour l'adapter au renchérissement et, d'autre part, l'inscription, dans l'article constitutionnel concernant la taxe poids lourds, d'un alinéa stipulant qu'à terme, le gouvernement pourra percevoir une taxe non pas forfaitaire comme aujourd'hui, mais liée aux prestations. La commission du Conseil national a largement accepté les propositions du gouvernement
[22].
Le Conseil national a décidé de ne pas donner suite à l'initiative parlementaire Scherrer (pa, BE) qui prévoyait une révision de la loi sur la circulation routière afin d'y inscrire et d'y relever les
limitations maximales de vitesse autorisées sur les routes et les autoroutes, ce qui aurait signifié un transfert de compétences du Conseil fédéral au parlement. Le texte de l'initiant prévoyait'de fixer les limites maximales sur les routes hors des localités à 100 km/h et à 130 km/h pour les autoroutes, celles-ci ayant pu être plus basses pour certains types de véhicules (camions, autocars, remorques) ou sur certains tronçons particulièrement dangereux. Pour la majorité de la chambre, la fixation des limitations de vitesse doit rester de la compétence du gouvernement, car cela nécessite de la souplesse et répond à des critères techniques qu'il serait regrettable de politiser. En outre, les limitations en vigueur aujourd'hui seraient pleinement satisfaisantes
[23]. La même chambre a également rejeté l'initiative parlementaire Frey (udc, ZH) qui entendait elle aussi inscrire les limitations générales de vitesse dans la loi et non dans les ordonnances, mais sans fixer de valeur à ces limitations
[24].
Pour les limitations estivales sur les autoroutes, cf. infra, part. I, 6d (Qualité de l'air).
Alors qu'en 1991, pour la première fois, le
nombre de morts sur les routes est passé au-dessous de la barre des 900 pour s'établir à 860 (-10% par rapport à 1990), en 1992, cette tendance s'est encore accentuée; 830 personnes (-4% par rapport à 1991) ont perdu la vie sur les routes suisses, ce qui constitue le chiffre le plus bas depuis 40 ans. Si le nombre total des accidents a augmenté de 2000 pour se situer à 80 000, le nombre de blessés a également diminué (-2%). Notons que le nombre d'accidents mortels ayant pour cause une consommation excessive d'alcool fut en hausse
[25].
Le problème de
l'alcoolisme au volant a d'ailleurs préoccupé le parlement. Dans un premier temps, La petite chambre a refusé la motion Seiler (udc, SH) qui demandait que des sanctions plus graves qu'aujourd'hui soient infligées aux automobilistes conduisant sous l'effet de l'alcool. Elle a estimé que, si de telles mesures étaient effectivement souhaitables, le texte proposé était par trop détaillé
[26]. Par contre, elle a transmis comme postulat la motion Bühler (prd, LU) qui demande de prolonger la durée du retrait de permis pour conduite en état d'ébriété, celle-ci pouvant être de dix ans pour certains récidivistes
[27]. Les sénateurs ont encore rejeté la motion Weber (adi, ZH) qui exigeait un abaissement du taux d'alcoolémie autorisé de 0,8 à 0,5 pour mille, estimant qu'une telle disposition manquerait d'efficacité, et qu'il valait mieux attendre une harmonisation au niveau européen en ce domaine
[28]. Le Conseil national, pour sa part, a accepté la première partie de la motion Gonseth (pe, BL) demandant l'élaboration rapide de bases légales permettant des contrôles systématiques à l'éthylomètre sur les conducteurs
[29].
D'autre part, le Conseil national a rejeté le postulat Maeder (—, AR) qui demandait au Conseil fédéral d'examiner la pertinence d'une obligation pour les voitures de
rouler même de jour avec les phares allumés et, le cas échéant, de prévoir une modification législative allant dans ce sens. La chambre a estimé que cela irait à l'encontre du but recherché et de la pratique des autres pays européens
[30].
La même Chambre a encore transmis le postulat Nabholz (prd, ZH) qui invite le gouvernement à procéder à une enquête sur le comportement des usagers de la route, afin de trouver des solutions pour un plus grand respect des règles de la circulation et résoudre les contradictions croissantes entre les intérêts des piétons, des cyclistes et des automobilistes
[31].
Dans le cadre d'une consultation sur une révision partielle de l'ordonnance sur la sécurité routière, la plupart des cantons et organisations concernées se sont déclarés favorables au port obligatoire de la ceinture de sécurité sur les sièges arrières. Une telle prescription, outre son impact en matière de sécurité, permettrait une harmonisation à l'échelle européenne. Les réserves émises ont concerné essentiellement certains problèmes techniques. La même unanimité a été observée quant à l'introduction d'un dispositif latéral de protection sur les camions
[32].
Le Conseil fédéral a modifié l'ordonnance sur la construction et l'équipement des véhicules routiers afin de ne rendre le contrôle technique obligatoire que tous les quatre ans au lieu de trois après la mise en circulation, ce qui devrait réduire les charges des cantons. Cependant, dès la 7e année, le véhicule devra être contrôlé tous les deux ans. Par ailleurs, les cyclomoteurs doivent désormais être munis d'un rétroviseur gauche, tandis que les tracteurs doivent posséder deux miroirs réglables et les remorques agricoles des feux rouges fixes et des clignoteurs de direction
[33].
Le Conseil national a transmis un postulat de sa commission inspiré par une pétition déposée par les organisations IG Velo et ATE et qui invite le gouvernement à intervenir auprès des entreprises de transports publics afin.que l'accès des bicyclettes aux gares ainsi que la possibilité de les transporter soient améliorés
[34].
[20] Presse du 2.7 et 5.11.92; NZZ, 19. 11.92. Voir aussi APS 1991, p. 163.
[21] BO CN, 1992, p. 177 ss. Voir aussi APS 1989, p. 141 et 175, 1990, p. 151 et 1991, p. 193 s.
[22] FF, 1992, II, p. 725 ss.; presse du 28.1 et 24.4.92. Voir aussi APS 1989, p. 144 et 1990, p. 151. Les recettes de ces taxes ont augmenté entre 4 et 5% par année depuis leur entrée en vigueur et ont rapporté, en 1990, 137 millions de francs pour la taxe poids lourds et 191 millions pour la vignette autoroutière. Par ailleurs, la Commission européenne a proposé aux pays membres de la CE l'introduction d'une taxe poids lourds selon un système qui laisserait une certaines liberté aux Etats pour en fixer les modalités: NQ, 1.10 et 27.10.92.
[23] BO CN, 1992, p. 612 ss.; JdG, 21.3.92. '
[24] BO CN, 1992, p. 614 ss.; JdG, 21.3.92.
[25] Presse du 28.2, 14.8 et 15.2.93.
[26] BO CE, 1992, p. 41 s.
[27] BO CE, 1992, p. 1233 s.
[28] BO CE, 1992, p. 42 ss.; presse du 30.1.92. '
[29] BO CN, 1992, p. 2158.
[30] BO CN, 1992, p. 628 s.
[31] BO CN, 1992, p. 629.
[32] Presse du 20.5 et 3.10.92.
[34] BO CN, 1992, p. 2582 ss.
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