Alors que le ministre de l'énergie Albert Rösti a acté, en août 2024, la levée du tabou sur la construction de nouvelles centrales nucléaires en Suisse, la question des déchets nucléaires est revenue sur le devant de la scène au mois de novembre 2024.
D'abord, un comité de scientifiques et de personnalités politiques a déclaré, le 15 novembre 2024, que le peuple suisse devrait pouvoir se prononcer sur la décision de stockage en profondeur des déchets radioactifs sur le site de Stadel, dans l'Unterland zurichois. Selon ce comité, dénommé «Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple», il est impératif que la population helvétique ait son mot à dire sur un sujet qui aura des conséquences sur «30'000 générations». La recherche d'un site pour le stockage des déchets radioactifs, menée par la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra), a débuté en 2008 et le site de Stadel s'est progressivement imposé comme emplacement privilégié. Face à ce choix, le comité pointe du doigt une zone densément peuplée, ainsi que la proximité du Rhin et de l'aéroport de Kloten. Même si une telle décision devra être validée par le Conseil fédéral et le Parlement, comme prévu dans la Loi sur l'énergie nucléaire (LEnu), le comité estime que la sphère politique ne pourra pas faire l'économie d'un vote populaire sur la question.
Il est intéressant de noter que la date de publication de cette communication du comité «Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple» n'est pas anodine. En effet, la Nagra a déposé, le 22 novembre 2024, 1 semaine plus tard, une demande d'autorisation auprès de l'Office fédéral de l’énergie (OFEN) pour le projet d'enfouissement des déchets radioactifs sur le site de Stadel dans le canton de Zürich. Cette demande d'autorisation conclut dix années d'études détaillées de différents sites en Suisse. Si la nouvelle n'était plus un secret, car la décision du site de Stadel avait déjà été communiquée, cette étape administrative a fait beaucoup de remous dans la presse helvétique qui estime que le lancement de cette demande d'autorisation constitue une «étape historique».
Pour ce qui est de l'agenda politique, le Conseil fédéral statuera sur le sujet en 2029, avant que l'Assemblée fédérale ne se prononce l'année suivante. Après validation de ces étapes, le chantier pourrait commencer en 2045 et aboutir en 2060 selon les dernières estimations. Néanmoins, il est déjà acquis qu'une votation populaire se dressera sur le chemin de l'enfouissement des déchets nucléaires. Non seulement le comité «Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple» a déjà plaidé pour une décision démocratique, mais surtout il suffit de 50'000 paraphes car la décision fédérale est soumise au référendum facultatif. Si cette réalité rajoute des bâtons dans les roues du projet, le directeur général de la Nagra, Mathias Braun, s'est félicité dans la presse qu'une tel «projet suscite un large débat démocratique, basé sur des faits».