Lors de la session de printemps 2025, le Conseil national a examiné l'initiative populaire «Pour une Suisse qui s’engage (initiative service citoyen)». Cette initiative populaire vise à modifier la Constitution fédérale de sorte que toute personne de nationalité suisse soit appelée à effectuer un service citoyen. Ce service citoyen consisterait soit en un service militaire, soit en un engagement améliorant le bien-être de l'ensemble de la collectivité. Au cours des débats en chambre, le conseiller national Jean-Luc Addor, (udc, VS), qui s'exprimait au nom de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national (CPS-CN), a indiqué que comme le Conseil fédéral, la commission proposait le rejet de l'objet, sans contre-projet direct ou indirect, puisque ses membres estiment que les dysfonctionnements et les problèmes d'effectifs que connaissent aujourd'hui l'armée et la protection civile pourraient être résolus grâce à une modification de la Loi fédérale sur le service civil (LSC) et de la Loi fédérale sur la protection de la population et sur la protection civile (LPPCi). Une minorité a aussi été proposée par la conseillère nationale Andrea Zryd (ps, BE). Cette proposition de contre-projet indirect vise à réduire le temps de travail hebdomadaire maximum afin de permettre à ceux qui le désirent de s'engager davantage pour la société. Elle a été rejetée par 16 voix contre 6 et 2 abstentions. Il a également fait mention d'une autre proposition de contre-projet indirect, qui visait à introduire une obligation de servir axée sur les besoins des instances concernées. L'élu valaisan a précisé qu'elle a été rejetée en commission par 22 voix contre 2 et aucune abstention.
Jean-Luc Addor a aussi rappelé certains des arguments sur lesquels s'est fondée la CPS-CN pour proposer le rejet de l'initiative populaire. Il a ainsi affirmé que l'idée d'instaurer un service également obligatoire pour les femmes irait à l'encontre des aspirations d'un nombre considérable d'entre elles et pourrait avoir un effet négatif sur l'économie, «puisque la société civile se verrait retirer un nombre encore plus grand de personnes que ce n'est le cas lors du service militaire». Par ailleurs, le conseiller national valaisan a estimé que cette initiative n'apporterait pas de réponse au manque d'effectifs de la protection civile et risquait aussi de favoriser une diminution des effectifs de l'armée, puisque le service militaire serait mis sur un pied d'égalité avec un service permettant de s'engager pour le bien de la collectivité. Il a donc annoncé que la commission recommandait au Parlement, par 21 voix contre 3 et aucune abstention de rejeter l'initiative «service citoyen».
Le PLR s'est prononcé contre cet objet, comme l'a notamment affirmé le conseiller national Heinz Theiler (plr, SZ) l'engagement volontaire de citoyennes et citoyens actifs dans des organisations de secouristes, dans des associations musicales ou sportives ou en tant que pompières et pompiers deviendrait quelque chose d'obligatoire. L'UDC s'est alignée sur le parti bourgeois, rappelant que ce texte risquait de priver le marché du travail de deux fois plus de travailleuses et travailleurs qu'aujourd'hui. La gauche s'est quant à elle prononcée en faveur de l'objet. Pour les Vert-e-s, cette initiative populaire est en effet un moyen d'élargir la notion de service en faveur du pays à tous les engagements qui permettent de faire avancer le bien commun. C'est en substance ce qu'a affirmé le conseiller national Gerhard Andrey (vert-e-s, FR) lorsqu'il a indiqué qu'«aujourd'hui encore, la sécurité est pensée de manière trop étroitement militaire». Le PS s'est par la suite attaché à montrer qu'une réduction des forces de travail mentionnée par la droite n'était pas problématique puisqu'elle permettrait de préserver davantage l'environnement et de favoriser l'égalité entre les hommes et les femmes, comme l'a indiqué la conseillère nationale Anna Rosenwasser (ps, ZH).
Au moment de clore les débats, la ministre de la défense Viola Amherd, qui s'exprimait au nom du Conseil fédéral, a appelé les parlementaires à rejeter l'initiative sans contre-projet direct ou indirect, en mettant elle aussi en avant les effets négatifs qu'elle pourrait avoir sur le marché du travail.
Lors du vote, les parlementaires ont décidé par 166 voix contre 19 et 3 abstentions de suivre le projet du Conseil fédéral pour chaque article, c'est à dire de se prononcer contre toutes les clauses de l'initiative populaire dite «service citoyen». Ils ont par ailleurs rejeté la minorité Zryd par 126 voix contre 56 et 6 abstentions. Puisque l'entrée en matière du Parlement est obligatoire dans le cadre de l'examen d'une initiative populaire, les membres du Conseil national n'ont pas procédé à un vote sur l'ensemble du texte. L'objet doit à présent être examiné par le Conseil des Etats.
Dossier: Développement du système de l'obligation de servir