Chronique générale
Résumé
Avec pour toile de fond un blocage croissant des relations internationales et une crise toujours plus prononcée de l'emploi dans le monde occidental, la politique suisse s'est quelque peu figée. Certes, la conception globale des média s'est ajoutée aux grands projets existants. Toutefois, la réalisation des anciennes conceptions concernant l'énergie, les transports et même la révision totale de la Constitution fédérale n'a fait que de lents progrès. Des grandes oeuvres législatives, deux seules — la prévoyance professionnelle (deuxième pilier) et le régime définitif de l'assurance-chômage — ont été achevées. La loi sur les étrangers n'a pas passé le cap du référendum, alors qu'une aggravation des dispositions pénales destinées à sauvegarder l'ordre public était acceptée en votation populaire. Pour la première fois depuis des décennies, une initiative a connu le succès, bien que l'Assemblée fédérale lui ait opposé un contre-projet; il s'agit de l'instauration d'un contrôle des prix permanent pour certains biens et services.
Compte tenu des dangers que représentent une récession qui s'amplifie et de nouveaux désordres, le souci de la sécurité économique et publique semble avoir joué un rôle déterminant dans les décisions du peuple. L'opposition n'est cependant pas restée muette comme le montrent les initiatives en cours. De son côté, le Conseil fédéral a pris conscience de la nécessité de résoudre un certain nombre de problèmes urgents: il a lutté pour améliorer la situation financière, il a préparé un programme destiné à soutenir l'activité économique et il a assuré le libre accès aux études universitaires. Dans ses activités, le gouvernement n'a pas seulement dû faire face à l'opposition d'associations de défense d'intérêts à l'échelon national ou de comités d'initiative, mais encore, comme dans le cas du projet de la place d'arme de Rothenthurm, à la résistance obstinée de groupements régionaux, qui continue du reste à se manifester au sujet de la construction des centrales nucléaires ou de grandes infrastructures de transport.
De surcroît, la perspective du renouvellement du Conseil national en automne 1983 semble avoir provoqué un certain ralentissement dans les prestations fournies par l'Etat fédéral. Le virage à droite s'est poursuivi lors des élections cantonales et communales. Certes, on a constaté une fois de plus une certaine disposition au compromis entre les quatre partis représentés au sein du Conseil fédéral, tandis que le nouveau programme du parti socialiste tempérait les aspirations révolutionnaires de son avant-garde. Sur le plan cantonal et communal, dans les grandes villes de Zurich et de Bâle en particulier, les joules politiques n'ont pourtant rien perdu de leur intensité. En revanche, les manifestations de jeunes et les désordres consécutifs ont baissé en intensité sous la pression de la police, des autorités et de larges milieux de la population.