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1971
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1989
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2026
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Pour conquérir l'un des deux sièges jurassiens au Conseil national, 34 personnes se sont portées candidates lors des élections fédérales de 2023, parmi lesquelles 13 étaient des femmes. Les 17 listes déposées, issues de 8 partis, constituaient un nouveau record. Une multiplication des listes qui s'explique par une volonté de ratisser large, selon le Quotidien Jurassien, mais qui comportait le risque de susciter de la confusion, voire du désintérêt, dans l'esprit des électeurs et électrices.
Avant la campagne, le journal local a cependant souligné qu'il ne s'agissait pas, pour une fois, d'une élection courue d'avance. Cela tenait notamment au fait que l'un des deux sortants, l'ajoulot Jean-Paul Gschwind (centre), ne se représentait plus, à 71 ans et après trois législatures sous la Coupole fédérale. L'autre sortant, le socialiste Pierre-Alain Fridez, a demandé une dérogation à son parti afin de pouvoir briguer un mandat supplémentaire, après avoir lui aussi déjà effectué trois législatures à la chambre basse. Les statuts du PS jurassien prévoyaient en effet un maximum de trois mandats pour les parlementaires fédéraux. Malgré l'opposition de la jeunesse socialiste, désireuse de laisser place à la relève, la dérogation a été accordée à Fridez lors d'un congrès extraordinaire. Avec le médecin de Fontenais, les socialistes gardaient ainsi une locomotive électorale pour le national, alors que leur siège au Conseil des Etats semblait déjà menacé. Comme en 2019, Loïc Dobler a endossé le rôle de colistier, la presse envisageant un départ en cours de mandat de Fridez pour lui laisser sa place. Une deuxième liste provenait des rangs socialistes, avec deux candidatures de la JS. En outre, un apparentement a été conclu avec les Vert-e-s, qui présentaient une liste principale et une liste jeune.
Au Centre, ce sont trois listes qui étaient sous-apparentées. Sur deux d'entre elles figuraient les député.e.s Amélie Brahier, Gauthier Corbat, Anne Froidevaux et Magali Voillat. La troisième liste provenait des rangs des jeunes démocrates-chrétiens. De plus, le Centre a uni ses force avec celles de la liste des Socio-Chrétiens (anciennement PEV). En revanche, l'apparentement entre Centre et Vert'libéraux n'a pas vu le jour, malgré la volonté des partis nationaux d'aller dans ce sens. Le Centre Jura a considéré qu'il était trop tôt pour cela, considérant l'histoire récente du PVL dans le Jura, issu d'une scission d'anciens membres du PDC. Les Vert'libéraux sont donc partis seuls dans la bataille, en présentant deux listes. Seul autre mouvement n'ayant conclu aucun apparentement, HelvEthica, né durant la crise du Covid-19 pour défendre les libertés individuelles, était représenté par deux candidats (une liste).
Enfin, PLR et UDC ont chacun déposé trois listes en vue de l'élection, dont une liste jeune du côté de l'UDC. Surtout, les deux partis de droite ont décidé de mettre leurs différences de côté afin de partir ensemble dans la course. Un apparentement qui s'est produit pour la première fois depuis 2007 et l'élection du controversé Dominique Baettig (udc). Depuis lors, les libéraux-radicaux avaient refusé une alliance – un «traumatisme» effacé en 2023, selon le Quotidien Jurassien. Cet apparentement traduisait également la volonté du PLR suisse de conclure des alliances avec l'UDC dans de nombreux cantons.
Partant du constat qu'ils n'avaient aucune chance d'obtenir un strapontin sans apparentement, les deux partis ont souhaité faire campagne sur des thèmes communs, à savoir «la reconnaissance de la valeur du travail, l'agriculture, la conservation de l'armée et une mobilité qui réponde aux besoins de tous», malgré des différences sur les questions européennes et migratoires. Les autres partis ont dénoncé de l'opportunisme électoral. L'UDC a rétorqué qu'ils avaient «peur de cette alliance» avec le PLR, dans laquelle les deux partis misaient sur leurs points forts communs. Le PLR a souligné que la gauche n'était pas autant critiquée lorsqu'elle concluait des alliances. Une analyse des profils Smartvote des partis a cependant montré que les positions des Vert-e-s et du PS étaient pratiquement les mêmes, ce qui n'était pas le cas du PLR et de l'UDC. Interrogé par le Quotidien Jurassien, le politologue Pascal Sciarini a rappelé qu'en 2019, l'UDC aurait gagné sept sièges supplémentaires si elle s'était associée au PLR dans tous les cantons: «ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd», a-t-il conclu. Sur les listes UDC, on retrouvait notamment Thomas Stettler, qui figurait également sur la liste commune avec le PLR pour le Conseil des Etats.
Dernier parti du paysage politique jurassien n'ayant pas annoncé de candidatures, le PCSI a finalement renoncé à se lancer dans la course, préférant se concentrer sur les prochaines échéances électorales cantonales. Ainsi, les 9 pour cent de voix récoltées par le parti de centre-gauche en 2019 étaient à repourvoir.
Le jour de l'élection, il a fallu être patient pour connaître les élu.e.s. En raison d'un bug informatique, les résultats sont tombés après 20h. Une attente qui n'a pas gâché la joie de Thomas Stettler et de ses partisan.e.s, lorsque la nouvelle est tombée. En conservant à peine 200 voix d'avance sur le Centre, l'alliance PLR-UDC a terminé en deuxième position, permettant à l'agriculteur de 53 ans d'obtenir son ticket pour Berne. Il a ainsi gagné le droit d'accompagner Pierre-Alain Fridez, réélu pour un quatrième mandat. Le coup a été dur pour le Centre: Gauthier Corbat n'est pas passé loin de rafler le siège sur le gong, mais il n'a finalement pas succédé à Jean-Paul Gschwind. Pourtant, l'entrepreneur ajoulot a récolté plus de voix à titre individuel que Thomas Stettler. C'est donc l'alliance avec le PLR qui a fait la différence pour le parti agrarien. Le score de l'UDC a été très bon: avec 19.1 pour cent des votes (+4.5pp par rapport à 2019), il est devenu le troisième parti du canton, devancé par le PS (29.6%, +2.6pp) et le Centre (26.5%, +3.7pp). Les Vert-e-s ont perdu du terrain par rapport à 2019 (11.1%, -4.5pp), une tendance observée dans toute la Suisse. De son côté, le PLR (8.7%, -0.4pp) n'a pas pu profiter de l'alliance pour tirer son épingle du jeu. A l'heure du bilan, les membres du parti ont constaté que la multiplication des candidatures n'était visiblement pas une bonne solution, regrettant n'avoir pas su mobiliser leur électorat. Chez les centristes, frustré.e.s d'avoir perdu leur siège, on a d'ailleurs jugé que le PLR avait «encore joué le rôle de marchepied pour l'UDC». Figure de l'ex-parti démocrate-chrétien, l'ancien ministre François Lachat a fustigé l'union «contre-nature de la carpe et du lapin, pour reprendre La Fontaine». Les listes des Vert'libéraux (2.4%), d'HelvEthica (1.7%) et des Socio-Chrétiens (0.9%, -0.5pp) n'ont pas joué de rôle significatif dans le scrutin, pour lequel la participation s'est montée à 43.6 pour cent.
Pour l'anecdote, la commune jurassienne d'Ederswiler est celle qui a le plus voté pour l'UDC de tout le pays. En effet, 93.5 pour cent des bulletins du seul village germanophone du canton étaient destinés au parti agrarien. A l'inverse, la commune de Fontenais est celle où le parti socialiste a remporté le plus de suffrages en Suisse, avec un score de 46.3 pour cent.
Quelques jours après son élection, Thomas Stettler a déclenché une polémique lors de sa participation à l'émission de débat «Infrarouge» de la RTS. N'ayant pas apprécié que l'UDC soit qualifiée de «raciste» par un autre intervenant, il a réfuté cela, concédant que le parti est «xénophobe, peut-être». Cette réponse n'a pas manqué d'être reprise dans les médias nationaux et dans la sphère politique. Par la suite, Thomas Stettler a expliqué avoir eu l'intention de thématiser la peur de l'inconnu et «la crainte des cultures qui nous sont étrangères», ressentie selon lui auprès des électeurs et électrices rencontrées durant la campagne, et non l'hostilité envers les étrangers. En tout cas, la presse a rapporté que l'UDC Suisse n'aurait que très peu goûté à la déclaration de son nouvel élu.

Election Conseil national 2023 – Jura
Dossier: Eidgenössische Wahlen 2023 - Überblick

Une étude européenne, «Polarisierung in Deutschland und Europa: Eine Studie zu Gesellschaftlichen Spaltungstendenzen in zehn europäischen Ländern», de l'université technique de Dresden et de la fondation Mercator a fait les titres des médias suisses. En effet, le Sonntags-Zeitung a écrit un article à son sujet portant le titre: «Links, urban, gebildet – und intolerant» qui a eu un écho dans d'autres journaux, remettant en question les clivages politiques suisses et la signification que porte le mot tolérance. L'étude dont il est question s'est intéressée à la polarisation affective dans 10 pays européens, dont la Suisse ne faisait pas partie. Certains médias suisses – dont le Sonntags-Zeitung – ont alors parlé de tolérance, ce que d'autres médias ont contesté.
La polarisation affective consiste, selon le Tages Anzeiger du 9 août, à mesurer la sympathie ou l'antipathie de quelqu'un pour un groupe politique. Elle mesure aussi plus précisément la différence entre la sympathie ressentie pour son propre groupe et l'antipathie ressentie pour un autre groupe. Cette forme de polarisation se différencie de la polarisation politique qui mesure à quel point les positions, paroles et programmes politiques sont différents les uns des autres: à quel point, le programme du parti X est éloigné du programme du parti Y. L'étude a conclu que, dans les pays analysés, les personnes vivant en ville, ayant un niveau d'éducation élevé, se positionnant à gauche et gagnant un revenu élevé montraient une plus forte polarisation affective.
Les médias ont parfois affiché des propos déroutants en utilisant le mot tolérance comme synonyme de la polarisation affective – ce sur quoi les conclusions de l'article scientifique se basent. En effet, le politologue Claude Longchamp, cité dans un article du Argauer Zeitung, a dit que la tolérance et la polarisation affective n'étaient pas équivalentes et que l'étude ne faisait référence qu'à cette dernière. L'article du Sonntags-Zeitung, parlant d'intolérance, se serait basé sur une source qui aurait «mal lu l'étude».
Des journaux suisses ont alors porté un intérêt particulier à cette étude et ont évoqué ce que la polarisation affective signifie pour la politique helvétique, bien que, d'après Ivo Scherrer, politologue et conseiller interviewé pour l'édition du Tages Anzeiger du 9 août 2023, les conclusions des chercheur.euse.s ne peuvent pas être directement appliquées à la Suisse, qui n'a pas été prise en compte par l'étude et a un système politique différent des pays analysés. Les études qui se sont concentrées sur la Suisse, ont montré que la polarisation politique et affective sont élevées en Suisse, en comparaison internationale, mais que les nombreuses votations soumises au peuple diminuent l'effet négatif que la polarisation affective peut avoir sur la démocratie: «Hohe affektive Polarisierung kann somit auch auf ideologische Verhärtungen, auf unzureichendes Verständnis für abweichende Einstellungen sowie auffehlende Kompromissbereitschaft verweisen. Dann werden demokratische Willensbildungs- und Entscheidungsprozesse erschwert, und ihre Akzeptanz schwindet. Das schadet der Demokratie», était alors cité Hans Vorländer, directeur du Forum Mercator (Midem), dans la NZZ du 5 août 2023.
L'incapacité à trouver des compromis peut être mise en lien avec un article du Tages Anzeiger datant du 27 octobre qui a mentionné la polarisation entre la ville de Zurich et le reste du canton. L'article a évoqué des débats sur les relations entre les deux acteurs. La ville montrant une majorité à gauche (PS) et le canton à droite (UDC), depuis les années 90, la création d'un demi-canton pour la ville de Zurich a été évoquée à plusieurs reprises et par les deux extrémités du spectre politique, dans le but de représenter au mieux les intérêts de chacun des acteurs. Pour des raisons financières et le peu d'influence que la ville de Zurich aurait, ces discussions n'ont jusqu'à présent pas mené à une nouvelle frontière. A l'automne 2023, en pleine période électorale, divers articles ont aussi évoqué que la Suisse n'était pas à l'abri d'une érosion politique. En effet, Pascal Sciarini, cité dans Le Temps du 28 août, et Ivo Scherrer dans le Tages Anzeiger, ont fait les éloges du centre politique suisse (Le Centre, PLR) qui permettrait d'éviter une majorité absolue sous la coupole et de trouver des compromis. Cependant, leur perte de terrain pourrait jouer des tours à la démocratie helvétique, qui se retrouverait «dans une zone de majorité introuvable» selon Pascal Sciarini. Aussi, Ivo Scherrer a évoqué le fait qu'en comparaison internationale, et sur un échelle à deux dimensions politiques, la gauche et la droite suisse sont très à gauche et très à droite, ce qui renforce l'importance des partis centraux dans la temporisation de la polarisation politique.
En tout et pour tout, parce que dans une démocratie comme la Suisse, la discussion et les compromis sont essentiels, la polarisation est et restera un sujet de taille pour la politique helvétique.

La polarisation à l'approche des élections fédérales 2023
Dossier: Politischen Gräben in der Schweiz

690 candidatures pour 100 places : voici la donnée principale de l’équation des élections au Grand Conseil du canton de Genève, qui se déroulaient en parallèle du premier tour de l'élection au Conseil d'Etat. Avec 67 candidatures de plus qu’en 2018 et 214 de plus qu’en 2013, on se bousculait au portillon pour accéder au législatif cantonal. Ces candidatures, parmi lesquelles 39% de femmes, se répartissaient entre 12 listes. Les listes Ensemble à Gauche – Liste d’Union populaire et Ensemble à Gauche – SolidaritéS DAL Parti du Travail étaient à majorité féminine, et celles des Vert-e-s, des Vert’libéraux et du PS comportaient entre 40 et 50% de femmes. Pour les listes de Libertés et justice sociale – un nouveau mouvement emmené par l’ancien ministre Pierre Maudet –, du Centre, du PLR, de Civis et de l’Elan radical, la part des femmes se situait entre 30 et 40%, alors qu’au MCG et à l’UDC, elle était en-dessous de 30%. Lors des précédentes élections en 2018, 32% de femmes avaient été élues. En outre, on recensait plus de candidatures à droite, du fait du nombre de mouvements politiques élevés de ce côté de l’échiquier politique. Pour de nombreuses formations, l’enjeu principal du scrutin consistait à franchir le quorum de 7% des suffrages, afin de garantir une représentation au Grand Conseil. La concurrence semblait particulièrement forte au centre-droit. Le Centre, les Vert’libéraux, mais aussi le MCG, Liberté et justice sociale ou encore les listes Elan radical et Civis, dont la tête d’affiche était l’ex-conseiller d’Etat Luc Barthassat, espéraient attirer les voix de cet électorat. Que tous s'accaparent une part du gâteau s’annonçait donc compliqué. Parmi ceux dont l’appétit était le plus grand, les Vert’libéraux visaient une progression significative, eux qui avaient récolté 1.6% des suffrages en 2018. Depuis, leur candidat aux élections fédérales Michel Matter a été élu au Conseil national en 2019, et le parti a bénéficié d’une large visibilité grâce à deux initiatives cantonales qu’il a lancées, la première traitant des rentes des conseillers d’Etat et la seconde du congé parental.
Parmi les partis qui pouvaient se targuer d’être assurés de franchir le quorum, on ne pouvait compter que le PLR – la formation la plus représentée au législatif avec 26 député.e.s –, le PS et les Vert-e-s. Ces derniers espéraient progresser au Grand Conseil, après avoir réalisé le meilleur score du canton lors des élections fédérales de 2019. Restait à savoir si une éventuelle progression se ferait au détriment du PS. A l’extrême-gauche, des tensions ont conduit à une scission au sein de SolidaritéS. La liste d’Union populaire (LUP) était en concurrence avec la liste traditionnelle de SolidaritéS-DAL-Parti du Travail. De l'avis de la LUP, cette scission découlait du « manque d’un espace collectif permettant aux classes populaires de dialoguer démocratiquement » au sein de la gauche radicale. Unies, les formations composant Ensemble à Gauche avaient à peine franchi le quorum en 2018, avec 7,8% des voix. En partant divisées, leurs chances de se maintenir semblaient donc maigres. En 2005 et 2009, l’extrême-gauche, faute d’union, avait déjà disparu du Grand Conseil. L’UDC n’était pas non plus complètement sereine : avec 7.3% en 2018, le parti avait de justesse passé « le cut », tandis que l’un de ses concurrents principaux, le MCG, avait récolté 9.4% des suffrages.
Au vu de cette situation tendue pour plusieurs partis, la question de l’abaissement du quorum est revenue sur le tapis. Pour le politologue de l’Université de Genève Pascal Sciarini, un quorum plus bas serait certes une manière de rendre le système plus démocratique, mais comporterait un risque en termes de gouvernabilité, avec un émiettement des partis : « plus il y a de partis, plus il est difficile de former des alliances stables et durables» a-t-il confié au journal Le Temps. A l’heure actuelle, Genève est déjà l’un des cantons dont le système politique est le plus fragmenté. Pour le président du Grand Conseil jusqu’à la fin de la législature, Jean-Luc Forni (centre), « le fourmillement des petits partis qui ne parviennent pas à faire alliance entre eux ne va pas améliorer la polarisation gauche-droite », entraînant ainsi des risques de blocages sur la durée, comme le Grand Conseil genevois en a déjà connu durant la législature écoulée.
Dans la constellation politique genevoise, unique en Suisse à bien des égards, la liste Libertés et justice sociale était une toute nouvelle formation à entrer dans la danse. Construite par et autour de l’ex-conseiller d’Etat Pierre Maudet, exclu du PLR suite à ses démêlés avec la justice, le mouvement avait pour objectif de « redynamiser Genève en proposant 24 projets, réalisables en une législature et susceptibles de rassembler à gauche comme à droite ». Ses 29 candidat.e.s ont souhaité mener une campagne de terrain, qui a parfois été qualifiée de populiste par ses opposant.e.s. Selon Le Temps, cette liste avait du potentiel pour attirer les « déçus du système », en concurrence frontale avec le MCG. Face à ce nouvel adversaire, l’enjeu pour le mouvement citoyen genevois était tout simplement la survie du parti, en perte de vitesse depuis plusieurs années. Pour maintenir sa représentation, le MCG a misé sur sa traditionnelle rhétorique anti-frontalière durant la campagne, et sur son ministre sortant Mauro Poggia pour tirer la liste.
Durant la campagne, la Tribune de Genève a établi, grâce à un sondage, les thèmes les plus importants selon les genevoises et genevois. Parmi les trois thèmes les plus cités figuraient premièrement le pouvoir d’achat et le coût de la vie. En effet, le logement pèse particulièrement lourd dans le budget de nombreuses familles genevoises. C’est un problème de longue date, avec une offre qui ne répond pas à la demande et pousse de nombreuses familles à déménager en France voisine dans l’espoir de trouver une solution plus abordable. Aussi, avec l’inflation qui touche la Suisse depuis 2022, il est devenu de plus en plus compliqué de boucler les fins de mois non seulement pour les personnes avec des revenus moindres, mais aussi pour la classe moyenne. Deuxièmement, la question de l'aménagement du territoire a figuré en tête de classement, sachant que Genève a le deuxième taux de logement disponibles le plus bas de Suisse, après Zoug. Troisièmement, la mobilité, une problématique de longue date au bout du lac, a préoccupé les citoyen.ne.s. Entre voitures, piétons, bus et vélos, la ville de Genève est congestionnée et vit au rythme des bouchons. Aux yeux de nombreux acteurs, une réduction du trafic motorisé est indispensable. La mobilité individuelle a notamment été visée lors des débats. Au cours de la campagne, chaque liste a apporté ses recettes pour résoudre ces défis.
Malgré de nombreux palabres, les tentatives d’alliance à droite en vue de l'élection sont restées lettre morte, seul un apparentement entre UDC et MCG ayant vu le jour. L’UDC appelait pourtant à un large accord liant le PLR, le Centre et les Vert’libéraux. Si ces partis partageaient les mêmes positions sur le thème de la fiscalité par exemple, leurs positions divergeaient à de nombreux égards, preuve en est ce qui touche à la fonction publique. Dans ce domaine, le MCG a tendance à voter avec la gauche, loin de l’UDC qui s’y oppose totalement. En raison de ces divergences idéologiques, une vaste alliance n'était pas possible, aux yeux du Centre notamment.

Lors de l'élection, la participation s'est élevée à 37.1%. La droite est sortie gagnante du scrutin. Le PLR est resté le premier parti du canton, malgré un recul assez prononcé (19.0%, -6.2 points de pourcentage). Il a conservé 22 sièges (-6 par rapport à la législature précédente). Ce sont surtout le MCG et l'UDC qui ont progressé, au-delà des meilleurs scénarios envisagés. Avec 11.7% des voix (+2.3pp), le MCG a récupéré 14 sièges (+3), alors que l'UDC a engrangé 10.7% des suffrages (+3.4pp), pour 12 sièges (+4). En outre, la liste Libertés et justice sociale a réalisé une entrée fracassante sur la scène politique, en franchissant facilement le quorum, avec 8.4% des voix et 10 sièges. Ce résultat est dû, selon la Tribune de Genève, au « sens politique hors du commun » de Pierre Maudet qui a, en parallèle, réussi à revenir au Conseil d'Etat. Déception en revanche pour le Centre, dernier parti à franchir le quorum avec 7.9% (-2.8pp), et 9 sièges (-3). La presse a ainsi relevé la dégringolade de l'Entente genevoise, l'alliance historique entre PLR et centristes, partie désunie pour la première fois depuis des décennies. Cette « sanction des partis classiques » a profité au bloc populiste composé de l'UDC, du MCG et de LJS selon la Tribune. Ce bloc disposera ainsi de 37 sièges au parlement pour la législature. Rien ne dit cependant que ces formations accorderont leurs violons. Plusieurs clés de lecture sont possibles, notamment sur la position de Libertés et justice sociale, qui pourrait jouer un rôle de pivot. Néanmoins, une chose est sûre : la gauche a été la grande perdante de cette élection. Certes, le PS (14.6%, -0.7pp, 18 sièges (+1)) et les Vert-e-s (12.9%, -0.2pp, 15 sièges (même nombre qu'en 2018)) se sont maintenus, mais les écologistes n'ont pas confirmé leur score des élections fédérales de 2019. Surtout, les divisions de la gauche radicale lui ont sans surprise coûté sa place au Grand Conseil et ont favorisé le virage à droite du législatif. En effet, la liste EàG – SOL DAL PDT a récolté 3.5% des voix et celle d'EàG – LUP 3.1%. Ainsi, le camp rose-vert ne compte plus que 32 strapontins, moins du tiers des voix. Il sera donc fortement amoindri pour la législature à venir, et ne pourra plus compter sur le MCG pour former une majorité sur les thèmes de défense de la fonction publique et des prestations de l'Etat, comme ce fût le cas lors de la législature précédente. Enfin, plusieurs formations n'ont pas franchi le quorum. La déception est grande du côté des Vert'libéraux, qui ne sont pas passés loin avec 6.6% des voix (+5.0pp). Pour Marie-Claude Sawerschel, présidente de la section cantonale du parti, « les listes se sont cannibalisées entre elles au centre ». Les listes Civis et Elan radical ont quant à elles récolté respectivement 1.1% et 0.3% des voix. Au final, 31 femmes ont été élues.

Election Grand Conseil genevois 2023
Dossier: Kantonale Wahlen - Genf
Dossier: Kantonale Parlamentswahlen 2023

L'élection au Conseil des États lors des fédérales a donné lieu à un duel gauche-droite dans le canton de Genève. La gauche espérait conserver ses deux sièges, alors que la droite rêvait de faire son retour au sénat après trois législatures d'absence. Après avoir laissé planer le doute, le duo sortant a annoncé son retrait de la politique fédérale, ouvrant la course à sa succession. La socialiste Liliane Maury Pasquier et le vert Robert Cramer terminaient tous deux leur troisième mandat. Pour rempiler, Robert Cramer aurait dû bénéficier d'une dérogation car les vert.e.s limitent à trois le nombre de mandats de leurs parlementaires fédéraux. De son côté, Liliane Maury Pasquier parcourait depuis de longues années déjà les travées du palais fédéral. Elle avait en effet siégé entre 1995 et 2007 au Conseil national, avant d'accéder à la chambre haute. Successeur désigné de Maury Pasquier, Carlo Sommaruga a naturellement postulé pour une accession à la chambre haute, ayant atteint la limite fixée par son parti de quatre mandats au national. Pour les écologistes, Lisa Mazzone, après une législature durant laquelle elle fut la benjamine du national, était favorite pour succéder à Cramer. Questionnée par la Tribune de Genève sur son possible manque d'expérience – elle est âgée de 30 ans – pour briguer un siège aux États, elle a rappelé qu'avant elle, Alain Berset (ps, FR) et Raphaël Comte (plr, NE) étaient dans la même tranche d'âge lors de leur élection. De plus, elle a déclaré voir dans sa candidature l'occasion de rajeunir la politique, d'apporter un vent de fraîcheur et de renforcer la voix des femmes au sein d'un Conseil des États trop conservateur selon elle. L'écologiste a donc présenté une double candidature au national et aux États.
Pour la droite, les départs de Maury Pasquier et Cramer ont alimenté l'espoir de reconquérir un siège aux États, bastion de la gauche depuis 2007, année du départ de la sénatrice PLR Françoise Saudan. Cette ambition semblait légitime dans le cas d'une vaste alliance, non seulement entre le PDC et le PLR, mais aussi avec l'UDC et le MCG. Face à une gauche unie, il était nécessaire de trouver un.e candidat.e rassembleur.euse, faisant l'unanimité au sein de la droite. En effet, si les partis de droite avaient décidé de lancer chacun leur candidature, la tâche se serait annoncée impossible. Dans cette optique, le conseiller national Hugues Hiltpold (plr) s'est rapidement profilé. Cependant, l'UDC préférait Benoît Genecand (plr), candidat en 2015, parmi les prétendant.e.s du PLR, car celui-ci a notamment remis en question la libre-circulation des personnes en 2017, un thème cher au parti agrarien. Le député ne s'est cependant pas porté candidat. C'est finalement une droite fragmentée qui s'est lancée dans la bataille. Après douze années passées au national, Hiltpold a incarné la meilleure carte de la droite, d'autant plus que le PLR et le PDC sont partis unis dans la course. Alors que le nom de Guillaume Barazzone (pdc) avait à plusieurs reprises été évoqué, c'est finalement Béatrice Hirsch (pdc) qui a accompagné Hiltpold sur la liste de l'«Entente» pour représenter le PDC. La conseillère nationale Céline Amaudruz a elle été choisie comme candidate par l'UDC. Bien qu'elle ait ouvert la porte à une candidature commune avec le PLR, elle a en revanche rappelé qu'il n'était pas envisageable pour l'UDC de renoncer à présenter quelqu'un pour favoriser l'élection d'un.e PLR. Si un accord devait être conclu, il fallait qu'il soit gagnant-gagnant. Pour les partis de l'«Entente», les candidatures de l'UDC et du MCG, qui a présenté François Baertschi, ne constituaient pas de bonnes nouvelles, car elles risquaient de leur coûter des voix sur la droite de l'échiquier politique.
Parmi les autres candidatures, Willy Cretegny, viticulteur marqué à gauche et fermement opposé au libre-échange, s'est présenté sur une liste indépendante. Les autres candidats et candidates étaient Stefania Prezioso Batou et Jean Burgermeister pour «Ensemble à Gauche/SolidaritéS», Paul Aymon sous la liste «Prophète», Susanne Amsler et Marc Wuarin pour les Vert'libéraux, André Leitner et Thierry Vidonne pour le PDB ainsi que le président du parti du travail genevois Alexander Eniline.
Durant la campagne, le tandem Mazzone-Sommaruga a dévoilé huit thèmes sur lesquels il souhaitait s'engager, dont l'égalité entre hommes et femmes, des retraites dignes, y compris le refus du relèvement de l'âge de la retraite des femmes, une politique de santé qui permette un accès à des soins universel, et évidemment le combat contre le réchauffement climatique. Ces thèmes ont également figuré sur l'agenda des candidat.e.s de l'Entente. Sur la question climatique, Hugues Hiltpold s'est dit favorable à une politique basée sur des incitations pour améliorer par exemple l'efficacité énergétique des bâtiments. Pour le candidat libéral-radical, la taxation constitue une solution de dernier recours. Infirmière de profession, sa colistière Béatrice Hirsch a notamment souligné l'importance de mettre en œuvre des réformes dans les domaines de la santé et des assurances sociales, estimant particulièrement que l'assurance-maladie est «à bout de souffle». La question des infrastructures de transport a également été très discutée. Pour obtenir des financements de la part de la Confédération, il est nécessaire d'envoyer à Berne des élu.e.s qui s'engagent sur ce terrain, a-t-on pu lire dans la presse. C'est en particulier l'épineux dossier de la traversée du lac qui est revenu sur le tapis. Alors que le peuple a exprimé, à 63 pour cent, la volonté de voir un tel ouvrage se réaliser, le projet n'a pour autant pas avancé de manière significative. Il s'est heurté à des préoccupations, venant principalement de la gauche, concernant la préservation du paysage. Dans ce contexte, de nombreux candidats et candidates ont fait part de leur volonté de faire passer les intérêts du canton avant leurs positions partisanes.

Les ambitions de reconquête de la droite ont été douchées dès le premier tour, lors duquel la participation était de 39.01 pour cent. En effet, les deux candidatures de gauche ont caracolé en tête avec une large avance sur la concurrence: Lisa Mazzone a récolté 41'757 suffrages et Carlo Sommaruga 38'344, creusant un écart presque colossal avec leurs adversaires de l'Entente Hugues Hiltpold (23'424 voix) et Béatrice Hirsch (21'716 voix). Lors de l'analyse de ce résultat, l'influence des «Genferei» dans lesquelles le PLR et le PDC ont été empêtrés les mois précédents les élections est fréquemment revenue sur le tapis. L'affaire Maudet ainsi que celle des notes de frais des conseiller.ère.s administratif.ve.s de la ville de Genève, dans laquelle Guillaume Barazzone a notamment été impliqué, ont certainement poussé une partie de l'électorat de droite, déçue par ces scandales, à s'abstenir de voter. À gauche, on a relevé que les candidatures n'ayant rien à se reprocher sont sorties renforcées de ce premier tour. Lisa Mazzone et Carlo Sommaruga, en plus de bénéficier de la vague verte, ont pu se targuer d'un excellent bilan et d'un engagement sans faille, a relevé Nicolas Walder, le président du parti écologiste cantonal. De plus, le ticket de l'«Entente» a souffert de la candidature de Céline Amaudruz, qui a engrangé 20'267 voix. Les autres candidates et candidats ont terminé plus loin, et ne se sont pas représenté.e.s pour le second tour (à l'exception de l'indépendant Paul Aymon).

En vue du deuxième tour, la gauche a appelé son électorat à ne pas se démobiliser, afin d'assurer le maintien de ses deux sièges. Selon le politologue Pascal Sciarini, un retournement de situation était cependant hautement improbable. En effet, contrairement à l'alliance formée dans le canton de Vaud, l'UDC n'a pas retiré sa candidate afin de soutenir le PLR au deuxième tour. En cause, les différences, notamment au niveau du programme, étaient trop grandes entre les sections genevoises des deux partis pour trouver un terrain d'entente. Par exemple, leurs positions étaient totalement opposées sur la suite à donner à l'accord-cadre, soutenu par le PLR et entièrement rejeté par l'UDC. Cependant, les jeunes PLR et UDC se sont mis en porte-à-faux de leurs sections-mères en soutenant un ticket Hiltpold-Amaudruz. En outre, l'«Entente» n'a pas pu compter sur le soutien du PVL, qui a donné la liberté de vote à ses partisan.e.s pour le deuxième tour après avoir engrangé près de 12'000 bulletins au premier tour.

Lors du deuxième tour, le 10 novembre 2019, la logique a été respectée. Avec 32.81 pour cent de participation, ont été élu.e.s Lisa Mazzone et Carlo Sommaruga, crédité.e.s de respectivement 45'998 et 41'839 suffrages. Malgré un score plus élevé qu'au premier tour, les 27'297 voix accumulées par le PLR Hugues Hiltpold n'ont pas suffi à combler son retard. Il était suivi par sa colistière Béatrice Hirsch (22'960 voix), elle-même talonnée par Céline Amaudruz (21'926 voix). Pour la quatrième législature consécutive, le canton de Genève sera représenté par un duo de gauche à la chambre haute. Ce résultat est le fruit d'une solide campagne à gauche, mais également des désaccords qui ont affaiblis la droite. Celle-ci a souligné l'importance de se remettre en question à la suite de cette défaite. Pour expliquer ce résultat, les observateurs et observatrices de la politique genevoise ont relevé que la gauche a mieux su incarner les thématiques climatiques et d'égalité entre les sexes, porteuses durant ces élections fédérales.

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