Participation aux élections fédérales 1983

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Dans l'optique propre aux spécialistes des sciences sociales, les premières observations élargissent l'horizon politique et permettent de discerner certains points forts: au-delà de la capacité d'action et de la volonté politique des partis gouvernementaux, de nouveaux problèmes aigus en matière d'environnement et des craintes ressurgies au sujet de l'emprise étrangère ont élargi le terrain des conflits nationaux entre la gauche et la droite. On a également relevé que l'abstention politique persistante perpétue l'existence de carences problématiques dans la représentation parlementaire. La participation s'est accrue surtout dans quelques régions où la discussion sur le thème d'une «nouvelle qualité de vie» fait partie du débat politique depuis plusieurs années.

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La mobilisation politique des citoyens se traduit par le taux de participation aux scrutins électoraux. Depuis le début des années huitante, les discussions à ce sujet ont perdu de leur acuité. L'opinion publique semble s'être résignée au fait que la Suisse ait l'un des taux les plus bas parmi les démocraties occidentales. Lors du dernier scrutin, la problématique de la participation a connu un regain d'intérêt. Le recul du taux de participation a en effet, pour la première fois depuis la fin de la guerre, marqué un temps d'arrêt (1975: 52,4%; 1979: 48,1%; 1983: 48,9%). A ce sujet, il importe cependant de relever la persistance d'évolutions contradictoires et de différences régionales caractéristiques. Dans le canton de Schaffhouse, où l'abstentionnisme est toujours punissable, le taux de participation de 73,1 pourcent a de nouveau atteint le niveau le plus élevé, tandis que, dans les cantons ne disposant que d'un seul siège au Conseil national, et où se présentaient des favoris politiquement incontestés, on a enregistré des taux de participation très bas. On a constaté également en divers endroits la présence de nombreuses listes blanches. Les reculs les plus forts ont été constatés pour la première fois dans les cantons des Grisons et de Schwyz. Le motif principal réside vraisemblablement dans l'insatisfaction d'une partie de la population en rapport avec des projets nationaux à l'étude et qui concernent ces régions. Les hausses du taux de participation les plus marquées sont celles de Genève, des deux Bâles, de Thurgovie et de Fribourg. Dans les agglomérations des grandes villes, cela tient probablement aux problèmes écologiques ou aux tendances xénophobes. Là, à la différence des Grisons et de Schwyz, la protestation des citoyens qui dure depuis longtemps a joué le rôle d'un puissant facteur de mobilisation. Dans le canton de Fribourg, l'accroissement de la participation coïncide avec une restructuration du paysage politique. Les analyses faites à partir d'enquêtes confirment la situation décrite ci-dessus, à savoir qu'avec respectivement 31 pourcent et 23 pourcent, le désintérêt politique et la résignation sont en tête des principaux motifs d'abstention; en revanche, la sollicitation excessive de l'électeur par la fréquence des scrutins n'est mentionnée qu'au troisième rang (données comparatives pour 1979: 28 pourcent des abstentionnistes ne portaient aucun intérêt aux élections, tandis que 25 pourcent affichaient de la résignation). Quant à l'insatisfaction politique, elle est ressentie de façon semblable par les citoyens qui vont voter et par ceux qui n'y vont pas. Pour 62 pourcent des abstentionnistes, l'issue du scrutin est déjà certaine bien avant la campagne électorale; le reste des électeurs passifs hésitaient encore au cours des dernières semaines avant les élections.

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