A travers une motion, Laurence Fehlmann Rielle (ps, GE) a chargé le Conseil fédéral de lancer une campagne de sensibilisation, en collaboration avec les cantons, afin d'inciter les entreprises à engager des travailleurs et travailleuses de la catégorie «senior», c'est-à-dire de plus de 50 ans. Lors de son passage devant le Conseil national à la session d’été 2024, la socialiste a exposé qu'une personne de plus de 50 ans, se retrouvant au chômage, a plus de difficultés à retrouver du travail en raison des nombreux préjugés persistant chez les employeurs — moins de flexibilité, de compétences numériques, moins bonne santé, etc. A partir de 55 ans, ces mêmes personnes restent en moyenne au chômage pendant plus d’une année. La députée a également relevé l’incohérence de refuser d’engager des personnes seniors avec le fait d’augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Rappelant également la pénurie de personnel auquel la Suisse fait face, l’auteure de la motion a réitéré qu’il était primordial de transmettre une image valorisante du travailleur dit âgé aux entreprises.
A la tête du DEFR, Guy Parmelin a rappelé que le maintien et la meilleure réinsertion des travailleurs et travailleuses seniors sur le marché du travail était depuis longtemps une préoccupation du gouvernement suisse. En effet, le Conseil fédéral s’est encore récemment investi pour cette cause, à travers la réalisation de six conférences nationales portant sur ce thème et qui ont permis de mettre en place 14 mesures concrètes, citant par exemple une orientation de carrière gratuite pour les personnes dès 40 ans. Le ministre de l’économie a ajouté que le chômage des actifs de plus de 50 ans était inférieur à la moyenne, malgré une recherche d’emploi plus longue — point qui est pris en compte par l'assurance-chômage en accordant une durée maximale d'indemnisation prolongée à ces personnes. Finalement, le Conseil fédéral a estimé qu’une campagne de sensibilisation pourrait stigmatiser davantage les seniors et ne permettrait ainsi pas d’atteindre l’objectif. Il a donc appelé à refuser la proposition.
A l’issue du vote, le Conseil national a rejeté le texte de la motion par 131 voix contre 64. Seuls les socialistes, les Vert-e-s et un député centriste ont voté en faveur, ce qui n’a pas suffi à faire pencher la balance.

Dossier: Situation des travailleurs âgés sur le marché du travail