Rétrospective annuelle 2024 : Population et travail
En 2024, l'évolution démographique a particulièrement marqué la sphère politique et médiatique. Le vieillissement de la population a largement été discuté, notamment en lien avec le financement des retraites, alors que le sujet du recul des naissances a alimenté les inquiétudes avec un pic dans la presse au mois d'avril. Au Parlement, une motion visant à étudier le changement démographique de la Suisse et ses conséquences a même été acceptée par le Conseil national. Ainsi, l'évolution démographique de la Suisse et les débats qui l'accompagnent ont, par effet de ricochet, stimulé les discussions relatives à la thématique du travail comme la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, le temps de travail, la protection des travailleurs et travailleuses et le droit du travail.
Tout d'abord, en lien avec le vieillissement de la population et le départ à la retraite des baby-boomers, la pénurie de main-d'œuvre qualifiée est restée un sujet phare de la politique du marché du travail, comme en 2023. A la chambre du peuple, un postulat visant à examiner les mesures à prendre pour réduire la situation de pénurie de personnel a été accepté. La question de l'employabilité des personnes seniors a également été soulevée comme mesure, ainsi que l'idée d'une campagne de sensibilisation au chômage des seniors. Une autre mesure discutée a été celle de faciliter l’échange transfrontalier de main-d'œuvre qualifiée, ou encore la formation des personnes titulaires d'un permis de séjour, ainsi que l'accès facilité pour les étranger.ère.s titulaires d'un diplôme d'une haute école suisse. Néanmoins, toutes ces mesures ont été refusées. Concernant le travail au noir, sujet également récurrent du marché du travail, une motion visant à améliorer les possibilités de lutte a été largement soutenue par le Conseil national.
Puis, en lien avec la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, le temps de travail a polarisé les débats sous la coupole fédérale. D'un côté, plusieurs parlementaires se sont montrés inquiets de l'augmentation du travail à temps partiel, qui risque d'aggraver encore la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Plusieurs propositions ont eu pour but d'y remédier en mettant en place des mesures incitatives pour augmenter le temps d'occupation ou en récompensant les heures supplémentaires par une déduction fiscale. Le postulat sur le temps d'occupation a d'ailleurs été accepté malgré de vives oppositions lors des débats en plénum. D'un autre côté, certains parlementaires ont plaidé pour une réduction du temps de travail pour des raisons sociales et climatiques. L'idée d'une semaine de quatre jours, qui présente l'avantage de rendre les entreprises plus attractives et de permettre l'embauche de personnel qualifié, a refait surface dans les médias en cette fin d'année. Le lancement d'un projet pilote privé à l'échelle nationale a étayé les discussions.
Finalement, au sein du chapitre population et travail, comme le montre l'analyse APS des journaux (Figure 2), la thématique du droit du travail a été la plus récurrente dans la presse (1.9%). Quelques modifications ont eu lieu en la matière sous la coupole fédérale. La première concerne l'ouverture dominicale des commerces de petite taille qui a été acceptée par le Conseil national. La CER-CE a toutefois recommandé à son conseil de privilégier l'initiative du canton de Zurich qui vise à assouplir les règles d'ouverture des magasins, et dont elle estime être une solution plus modérée. La deuxième concerne la reprise des travaux de l'initiative parlementaire visant à assouplir les conditions encadrant le télétravail. La procédure de consultation a été ouverte: le texte soumis propose de réduire la durée minimale de repos et d'étendre l'intervalle durant lequel la journée de travail peut être effectuée. La troisième et quatrième s'attaquent à la protection des travailleurs et travailleuses. Deux motions ont été acceptées par le Conseil national dans le domaine de la construction afin d'obliger les employeurs à présenter un plan de sécurité et de protection de la santé avant le début des travaux, ainsi que de leur permettre de prolonger les délais en cas de vagues de chaleur.