Rétrospective annuelle 2024: Problèmes politiques fondamentaux

Le pourcentage d'articles concernant le chapitre «problèmes politiques fondamentaux», publié par la presse suisse en 2024, a diminué de plus de la moitié, comparé à 2021 (voir l'analyse APS des journaux, Figure 2). Pour être précis, le pourcentage d'articles politiques à ce sujet n'a cessé de décroître depuis trois ans, partant de 2.5 pour cent des articles politiques pour atteindre 1.2 pour cent des articles en 2024. Au cours de l'année sous revue, de nombreux acteurs de la scène politique et médiatique helvétique ont souligné une ambiance pesante dans un contexte national et international tendu. Ces acteurs se sont d'ailleurs montrés inquiets pour l'avenir de la démocratie suisse, invoquant une forte polarisation des partis et un manque de dialogue entre les acteurs. Cette polarisation empêcherait la rencontre des extrêmes dans la recherche d'un compromis. Toutefois, il semble que le système à plusieurs partis politiques permette encore de minimiser l'effet de la polarisation. La presse a aussi discuté du pessimisme de la population. En début d'année, diverses études relatant de l'atmosphère nationale et de la vision de l'avenir en Suisse ont noté une hausse du pessimisme et une perte de confiance en l'économie libérale.

Cette observation a aussi été faite par le Baromètre des préoccupation UBS 2024 publié fin 2024. L'étude note que la situation personnelle est jugée par la majorité de l'électorat comme positive, mais que que la part de personne jugeant la situation actuelle comme bonne et qui perçoit l'avenir avec optimisme a diminué en 2024. Le baromètre indique aussi que la santé, l'environnement et la prévoyance vieillesse occupe le haut du classement des préoccupations en Suisse. Le top dix est marqué par l'incertitude économique et le coût de la vie. Aussi, les thématiques de la santé, de l’immigration, des coûts de logement, de la sécurité et de la criminalité ont plus inquiété les Helvètes en 2024 qu'en 2023. Pour près de la moitié des interrogés, le gouvernement et l'administration suisses ne sont pas à la hauteur, alors même qu'une confiance plus importante est attribuée aux institutions suisses qu'aux institutions internationales. Dans cette optique, les bouleversements géopolitiques inquiètent la population. 76 pour cent de la population souhaite que la Suisse ait un comportement plus offensif quand il est question de ses intérêts. Au final, c'est dans ce climat relativement morose que les discussions autour de la révision de la Constitution fédérale, de l'identité nationale et du futur de la Suisse ont eu lieu.

D'abord, la première révision de la Constitution a fêté ses 150 ans alors que le lancement de la récolte de signatures pour la nouvelle révision totale de la Constitution, qui avait été lancée l'année passée en l'honneur des 175 ans de la première Constitution, a été reporté. Les initiants de l'initiative populaire ont invoqué un manque de préparation, alors que les médias ont plutôt pointé du doigt les maigres chances d'aboutir, compte tenu de la situation géopolitique et des préoccupations actuelles des citoyens et citoyennes.

Finalement, l'identité nationale et le futur de la Suisse ont aussi été abordés sous trois angles distincts en 2024. Premièrement, les emblèmes nationaux ont suscité l'intérêt des parlementaires avec trois motions. Une première motion souhaitant que la Confédération soit l'unique gestionnaire du Grütli, et puisse donc décider qui y tient une allocution le premier août, a été acceptée par le Conseil national. Une seconde motion qui vise la protection du drapeau suisse a remis au centre de la table la relation des Suisses à leurs symboles. Une troisième motion pour permetttre, à nouveau, l'utilisation des armoiries suisses par les équipes nationales suisses a été acceptée par le Parlement. Deuxièmement, le Conseil des Etats a rejeté la possibilité de créer un nouveau fonds pour promouvoir l’implication des jeunes en politique ainsi que l'apprentissage et la connaissance des langues nationales. Troisièmement, les délibérations autour de la prochaine exposition nationale ont repris des couleurs quand Svizra27 a présenté son plan de faisabilité. Cependant, le soutien du Conseil fédéral reste indécis, ce qui pourrait mettre en péril le projet, selon les acteurs concernés.

Dossier: Rétrospective annuelle 2024