La Commission de la politique de sécurité du Conseil national (CPS-CN) a déposé une motion demandant au Conseil fédéral d'établir un dispositif permettant à RUAG MRO de disposer des moyens financiers nécessaires pour investir davantage dans l'entreprise Nitrochemie. En effet, cette entreprise, détenue conjointement par RUAG MRO et Rheinmetall, devrait recevoir CHF 200 millions pour se développer. RUAG MRO et Rheinmetall doivent se partager les coûts liés à cette augmentation de capital. Rheinmetall est en mesure de fournir les liquidités nécessaires et souhaite que RUAG MRO puisse en faire de même, mais l'entreprise suisse ne dispose actuellement pas des moyens nécessaires pour le faire. La CPS-CN estime que si RUAG MRO n'est pas en mesure d'investir davantage dans Nitrochemie et que la part qu'elle détient dans cette entreprise est réduite, l'armée suisse n'aurait plus un accès prioritaire aux charges propulsives produites par Nitrochemie, puisque l'influence de la Suisse sur cette entreprise serait considérablement réduite. C'est en substance ce qu'a indiqué la conseillère nationale Isabelle Chappuis (centre, VD), qui s'exprimait au nom de la commission. Elle a également indiqué que si RUAG MRO n'était pas en mesure d'investir davantage dans Nitrochemie, des emplois suisses seraient menacés. En effet, selon elle, la perte d'influence de RUAG MRO sur Nitrochemie mettrait «potentiellement en péril le site de Wimmis et ses 650 employés».
S'exprimant au nom de la minorité de la CPS-CN, le conseiller national écologiste Fabien Fivaz (vert-e-s, NE) s'est quant à lui vivement opposé à la motion de la CPS-CN, arguant que la Suisse ne devait pas céder au chantage d'une entreprise étrangère (Rheinmetall), que la Confédération ne disposait pas des moyens financiers permettant d'investir les sommes demandées par Rheinmetall, puisque les finances fédérales étaient déjà sous pression, et qu'il était nécessaire de revoir le «mode de gouvernance» de RUAG MRO avant de lui accorder des moyens supplémentaires.
Lorsqu'elle a pris la parole au nom du Conseil fédéral pour défendre la motion de la CPS-CN, la ministre de la défense Viola Amherd a notamment affirmé qu'il était nécessaire que RUAG MRO puisse investir davantage dans Nitrochemie afin de garantir la pérennité de la politique de sécurité élaborée par le Conseil fédéral.
Lors du vote, l'objet a été accepté par 124 voix contre 59 et 3 abstentions. La minorité était composée de parlementaires écologistes et socialistes.