L’enquête annuelle réalisée par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, intitulée « Sécurité 2003 », a révélé que les Suisses se sentaient en sécurité chez eux. L’étude s’est basée sur deux sondages, l’un réalisé avant le début de la guerre en Irak (février), l’autre après (avril). Le sentiment de sécurité à l’intérieur des frontières s’est renforcé entre le premier et le second sondage. Le pourcentage de personnes se sentant très en sécurité est passé de 82% en février, à 88% en avril. La situation internationale tendue a semblé redonner ses lettres de noblesse à la neutralité. La proportion de personnes estimant qu’elle nous protège est passée, en trois ans, de 48% à 61%. Le soutien à son abandon a chuté de 10 points depuis 1998 à 10%. Cette neutralité était toutefois différenciée dans la mesure où de nombreux sondés se sont opposés à prendre parti dans des conflits militaires, tout en soutenant une prise de position dans les conflits politiques (69%, soit 9% de plus qu’en 2002). La perception traditionaliste de la neutralité, conçue comme une fin en soi, a progressé à 34%. Un des auteurs de cette étude a parlé du « syndrome de l’escargot », les citoyens se retirant dans leur coquille en cas de danger. En matière de relations internationales, les solutions liées au droit international public, et susceptibles d’empêcher la guerre, ont été largement plébiscitées (près de 90%). L’attitude des Etats-Unis d’Amérique, se présentant comme les garants de l’ordre mondial, a été largement désapprouvée (80%). A l’inverse, l’ONU, perçue comme dépositaire du droit international public, a vu son prestige augmenter de manière spectaculaire entre les deux sondages, passant d’un soutien de 65% à 79%. Le niveau de soutien à l’OTAN et à l’UE a suivi une dynamique inverse et s’est approché de celui constaté en 1993. Concernant l'OTAN, un rapprochement a été approuvé par 27% des sondés en février et l’adhésion en a convaincu 16%. L’UE a également perdu de son attrait, avec 48% des participants qui souhaitaient un rapprochement. Ce taux était le plus bas depuis 1989. Quant au soutien à l’adhésion, il n’avait jamais été aussi bas à 33%. Entre les deux sondages, la guerre en Irak ayant certainement influencé les esprits, le nombre de personnes favorables à un accroissement de la collaboration internationale et à une plus grande ouverture du pays est passé de 38% à 54%. Le soutien à l’armée de milice a été confirmé. Alors qu’en 2000, les partisans d’une professionnalisation étaient aussi nombreux que ceux du système de milice, ces derniers étaient plus nombreux trois ans plus tard avec 53% d’avis favorables (contre 37% soutenant une armée de métier en avril). Cette institution était cependant plus perçue comme une organisation polyvalente, que comme un instrument de défense militaire. Concernant ses divers engagements, la défense nationale (39%) semblait moins importante que l’appui à la police ou aux gardes frontières (63%) ou encore que la protection de conférences internationales (59%).

Dossier: Jahresstudien «Sicherheit»