Enseignement, culture et médias
Médias
Unterschiedliche Informationspolitik der Behörden — Fortgang der Pressekonzentration — Umstrittene Journalistenentlassungen — Der Radio- und Fernsehartikel scheitert in der Volksabstimmung — Kontroversen um die Programmgestaltung der elektronischen Medien — Liechtenstein erhält die Radio- und Fernsehhoheit.
La
politique d'information de la Confédération dans l'affaire Jeanmaire n'a pas été comprise par tout le monde. La discrétion des autorités et le besoin de nouvelles du public étaient diamétralement opposés : la rumeur publique s'est alors enflée
[1]. Le landammann du canton de Schwyz s'est engagé dans une politique d'information ouverte en invitant les citoyens à des. heures d'audience. Ce canton a également publié un journal pour orienter les citoyens sur les objets portés en votation. Le gouvernement grison a en revanche réduit le flux de ses informations : les directives du gouvernement et de l'administration en cette matière ont été sévèrement critiquées
[2].
Presse
La
concentration de la presse en Suisse s'est accentuée
[3] : dans le canton de Berne, la « Berner Zeitung » (journal rural hors partis, ancien « Emmenthaler Blatt ») et les « Tages-Nachrichten » ont fusionné le ler janvier 1977 : les « Berner Nachrichten » sont ainsi devenues le journal à plus fort tirage du canton de Berne. L'appel à la tête du journal d'Hermann Battaglia, chef de presse de la Direction générale des PTT et ancien collaborateur de journaux socialistes, a provoqué un étonnement de part et d'autre. Alors que cette fusion était soigneusement préparée, la fondation de la « Basler Zeitung » a créé la surprise, voire la consternation. Ce quotidien est né de la fusion, le 10 février 1977, de la « National-Zeitung », de tendance de gauche libérale assez prononcée il y a quelques années encore, et des « Basler Nachrichten », de tendance bourgeoise et proches des milieux économiques. Le rédacteur en chef des « Basler Nachrichten », qui s'est senti trompé, a dénoncé le procédé des éditeurs
[4]. Les « Solothurner Nachrichten » proches du PDC ont perdu leur indépendance et paraissent maintenant en édition régionale du « Vaterland », journal démocrate-chrétien lucernois. En fin d'année, la « Schweizerische Bodensee-Zeitung » et l’« Oberthurgauer » ont aussi fusionné. Ils s'étaient livré un combat sans merci durant longtemps
[5].
L'imprimerie du « Courrier » de Genève a fermé ses portes bien qu'elle ait été précédemment occupée ; le journal catholique est maintenant imprimé sur les presses de la « Tribune de Genève » et sa collaboration avec « La Liberté » de Fribourg a été renforcée. Ce dernier quotidien, autrefois rigoureusement conservateur-catholique, a racheté la majorité des actions de « La Gruyère » radicale, de Bulle
[6]. A Lausanne, « 24 heures » et « Tribune - Le Matin », qui appartiennent au même groupe de presse, ont reçu un rédacteur en chef commun, qui coiffe des équipes de rédaction distinctes : c'est une originalité au sein de la presse suisse
[7]. Le PS de la ville de Zurich a accepté de faire reparaître le « Volksrecht », organe du parti qui avait disparu, comme édition régionale du « Freier Aargauer ». Le lancement en mai a répondu aux attentes des responsables
[8]. La « Tat » de Zurich — jusqu'alors proche de l'Alliance des indépendants — a pris en avril 1977 le nouveau visage d'un journal populaire d'un certain niveau. Roger Schawinski, l'animateur de l'émission TV à succès « Kassensturz », a été appelé comme rédacteur en chef. Le « Blick » s'est senti directement concurrencé et a mis sur pied en fin d'année, en guise de riposte, une édition spéciale pour la région de Zurich
[9]. Les discussions sur les feuilles d'annonces locales, distribuées gratuitement, n'ont pas cessé et l'Association suisse des éditeurs de journaux (ASEJ) a demandé, au cour de la consultation sur les nouveaux articles constitutionnels concernant la presse, l'interdiction de ces moyens d'information. Elle s'est exprimée, en revanche, et à l'instar de la Fédération suisse des journalistes (FSJ, ancienne Association de la presse suisse), contre la compétence de la Confédération, proposée par les experts, de désigner les journaux méritant d'être soutenus
[10].
Des licenciements ont causé une certaine effervescence. Le cas Meienberg est celui qui a eu le plus d'échos. Ce journaliste connu collaborait au magazine du « Tages-Anzeiger ». La direction administrative du journal a renoncé à la collaboration de Niklaus Meienberg parce que sa « manière d'écrire » n'était plus compatible avec l'« éthique journalistique » du « Tages-Anzeiger ». La majorité des membres de la rédactio,i s'étaient prononcés pour son maintien
[11]. D'autres renvois sont restés dans l'ombre de ce cas : à Bâle, la « National-Zeitung » a congédié son collaborateur, le socialiste Arnold Künzli, professeur de philosophie. Un congédiement à l'Agence télégraphique suisse (ATS) a provoqué de violentes protestations dans les milieux journalistiques. L'auteur d'un reportage contesté sur l'équipement en Suisse de six hélicoptères allemands destinés à la police chilienne, avait rendu publiques ses divergences avec le rédacteur en chef, ce qui constitua la raison du licenciement. La démission anticipée du rédacteur en chef de l’ATS, C. Tchimorin, de son poste de président central de la Fédération suisse des journalistes (FSJ) fut exigée
[12]. La FSJ a décidé lors d'une assemblée extraordinaire des délégués d'approuver la convention passée avec l'Association suisse des éditeurs de journaux. Aucune entente n'avait été réalisée l'année passée. La même assemblée a également approuvé le règlement pour la création d'un Conseil de la presse
[13].
Radio et télévision
Dans le secteur de la radio et de la télévision, une deuxième tentative, après celle de 1957, d'asseoir les règlements existants sur une base constitutionnelle solide a échoué. Un alinéa surtout a formé la pierre d'achoppement de
l'article sur la radio et la télévision (art. 36 bis Cst), alinéa qui établissait des directives pour la production et la réalisation des programmes. Les adversaires ont déclaré que ces directives étaient des formules creuses, susceptibles d'être interprétées à volonté suivant les optiques politiques. Pour les partisans, il était important que les producteurs et réalisateurs fournissent, précisément au sein des monopoles de l'information, des garanties d'impartialité
[14]. L'article rejeté devait aussi accorder des bases constitutionnelles pour la télévision par câble et empêcher qu'elle mette en danger la liberté d'opinion et les organes de presse régionaux. Auparavant, un essai de télévision par câble à Delémont, qui bénéficiait d'une autorisation, a livré un enseignement utile sur les possibilités de la télévision locale
[15]. L'article constitutionnel prévoyait en outre l'institution d'une autorité de plainte par le législateur. En juin déjà, la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) avait publié des directives pour traiter des plaintes dans les questions de programme. Le rapport d'instruction du DFTCE, qui concluait à un manque grave d'objectivité dans l'émission sur les comités de soldats (octobre 1975), avait contribué à la mise en place de cette pratique
[16].
Les positions au sujet de l'article sur la radio et la télévision étaient clairement délimitées : les socialistes et l'extrême-gauche se sont opposés au projet, les partis bourgeois l'ont soutenu et l'Alliance des indépendants a laissé la liberté de vote
[17]. L'article proposé a cependant été rejeté par 696 039 non contre 531 328 oui, avec une participation de 33,5 %. Trois cantons et un demi-canton seulement l'ont accepté : AI, FR, TI, UR
[18]. Après la décision populaire, le conseiller aux Etats Broger (pdc, AI) s'est élevé contre une « pause de réflexion du Conseil fédéral » trop longue. Il a souligné, dans son intervention parlementaire, l'urgence de donner à la télévision par câble une base légale qui devrait être élaborée aussi rapidement que possible, vu les demandes en suspens
[19].
A l'occasion d'une réunion de l'Association suisse de télévision et de radio, qui continue à reprocher à diverses émissions d'être trop orientées à gauche; quelques membres ont demandé la démission du directeur des programmes de la Télévision suisse allemande
[20]. Des divergences d'opinions ont également éclaté, certaines émissions prévues, déclarées incompatibles avec la concession, n'ayant pas été diffusées. C'est ainsi que la Radio romande a renoncé à retransmettre une interview, annoncée pourtant, du conseiller national Ziegler (ps, GE), à propos de son livre sur la Suisse. Un reportage sur les activités des services secrets iraniens en Suisse a été radié du « CH-Magazin ». Enfin un film sur le commerce de fourrures et la protection des animaux a été suspendu par voie judiciaire à la suite d'une demande des milieux intéressés. Les marchands de fourrures avaient craint qu'une atteinte préjudiciable soit portée à leurs intérêts économiques
[21]. La guerre dite des « maillots », entre la SSR et les présidents de quelques clubs de football dont les joueurs se présentent en tenues publicitaires, a pris une tournure politique. La SSR a décidé de renoncer à l'avenir à la retransmission de rencontres entre de telles équipes. Les partisans du football ont manifesté leur mécontentement et le conseiller fédéral Ritschard, dans une réponse écrite donnée au conseiller national Hubacher (ps, BS) qui avait déposé plainte, a admis que la décision de la SSR était certes impopulaire mais que la SSR ne refusait pas vraiment d'accomplir son devoir d'information et qu'il serait souhaitable qu'un accord intervienne entre la SSR et l'Association suisse de football
[22]. Deux émetteurs pirates, à Genève et Zurich, ont créé des ennuis aux PTT et à la SSR. Le second émettait en stéréophonie, ce que ne fait pas la Radio suisse. Les PTT sont pourtant parvenus à les repérer et ils ont engagé une procédure pénale contre les deux radios pirates
[23]. Un changement dans nos relations avec la Principauté du Liechtenstein est intervenu. Notre petit pays voisin s'était vu adjuger, l'année passée, une longueur d'onde à la Conférence des ondes longues et moyennes de Genève. Dans une nouvelle convention postale, la Suisse lui a accordé toute souveraineté pour la radiodiffusion et télévision
[24].
[1] Cf. supra, part. I, 3. Au sujet de l'information, cf. aussi H. W. Kopp, Information in der Demokratie, Zürich/Köln 1976 ; R. Geissler et al., Interessenartikulation in schweizerischen Massenmedien, Zürich, Forschungsstelle für Politische Wissenschaft, 1975 ; J. Dumur, Salut journaliste, Vevey 1976 ; Ww, 38-40, 22.9-6.10.76.
[2] Schwyz : LNN, 193, 20.8.76 ; 246, 21.10.76. Grisons : BüZ, 172, 24.7.76 ; (ddp), 173, 26.7.76 ; 176, 29.7.76 ; 203, 30.8.76 ; 210, 7.9.76 ; 216, 14.9.76 ; 279, 26.11.76 ; gk, 30, 16.9.76.
[3] Cf. E. Bollinger, La presse suisse : structure et diversité, Bern-Frankfurt/M. 1976. Critiques : JdG, 146-149, 25-29.6.76 ; Ww, 28, 14.7.76.
[4] Cf. APS, 1969-1975, part. I, 8c. BZ/Tages-Nachrichten : BZ, 123, 28.5.76 ; 307, 31.12.76 ; NZ, 168, 31.5.76 ; Lib., 210, 12.6.76. NZ/BN : BN, 268, 16.11.76 ; 269, 17.11.76 ; 272, 20.11.76 ; NZ, 358-360, 16-18.11.76 ; 366, 23.11.76 ; NZZ, 269, 16.11.76 ; 270, 17.11.76 ; 275, 23.11.76 ; TLM, 321, 16.11.76 ; Ww, 47, 24.11.76 ; VO, 274, 26.11.76.
[5] Solothurner Nachrichten/Vat. : SZ, 74, 29.3.76 ; LNN, 75, 30.3.76 ; 131, 8.6.76 ; JdG (ats), 205, 2.9.76. Bodensee-Zeitung/Oberthurgauer: Ostschw., 297, 20.12.76 ; 300, 23.12.76 ; TA, 297, 20.12.76.
[6] Courrier : TA, 5, 8.1.76 ; (sda), 20, 26.1.76 ; 28, 4.2.76 ; 24 heures, 18, 23.1.76 ; (ats), 55, 6.3.76. La Gruyère : La Gruyère, 67, 10.6.76 ; Lib., 208, 10.6.76 ; Vat. (sda), 133, 10.6.76.
[7] TG, 6, 9.1.76 ; BN, 7, 10.1.76 ; TLM, 11, 11.1.76.
[8] FA, 25, 31.1.76 ; 1, 1.5.76 ; TW, 100, 1.5.76.
[9] Tat : NZ, 260, 21.8.76 ; 289, 16.9.76 ; 291, 18.9.76 ; 358, 16.11.76 ; TLM, 306, 1.11.76. Blick-Zurich : NZ, 349, 8.11.76 ; 350, 9.11.76 ; 376, 2.12.76 ; TLM, 314, 9.11.76 ; TA, 263, 10.11.76 ; JdG, 266, 13.11.76.
[10] ASEJ : Presse du 6.3.76. FSJ : La Presse Suisse, 1976, no 2, p. 2 ss. Cf. Ldb, 46, 25.2.76 ; APS, 1975, p. 150 s. Sur les feuilles d'annonces locales, cf. en outre TA, 41, 19.1.76 ; 212, 11.9.76 ; GdL, 161, 14.7.76 ; Bund, 189, 15.8.76 ; 24 heures, 206, 3.9.76. Sur l'avant-projet concernant la protection de la personnalité, vivement critiqué par les milieux de la presse, cf. supra, part. I, 1b (Menschenrechte).
[11] TA, 215, 15.9.76 ; 217, 17.9.76 ; 24 heures, 218, 17.9.76 ; 226, 28.9.76 ; NZ, 294, 21.9.76 ; 315, 9.10.76 ; TG, 222, 23.9.76 ; Konzept, 10, 20.10.76.
[12] Künzli : LNN, 240, 14.10.76 ; TW, 242, 15.10.76 ; NZ, 328, 21.10.76. ATS : TG, 212, 11.9.76 ; 216, 16.9.76 ; TA, 216, 16.9.76 ; VO, 221, 25.9.76 ; gk, 32, 30.9.76 ; La Presse Suisse, 1977, no 1, p. 38 ss.
[13] Cf. APS, 1974, p. 148 ; 1975, p. 150. La Presse Suisse, 1976, no 4, p. 38 s. ; VO, 145, 28.6.76.
[14] Cf. APS, 1967-1975, part. I, 8c ; BO CN, 1976, p. 148 et 396 ; BO CE, 1976, p. 101 et 175. Opinions : NZZ, 197, 24.8.76 ; 205, 2.9.76 ; 212, 10.9.76 ; Ww, 35-37, 1-15.9.76 ; 24 heures, 206, 3.9.76 ; 221, 22.9.76 ; BZ, 213, 11.9.76 ; 219, 18.9.76.
[15] Télévision par câble : TA, 42, 20.2.76 ; 229, 1.10.76 ; JdG, 274-276, 23-25.11.76. Delémont : VO, 209, 11.9.76 ; TLM, 270, 26.9.76 ; 277, 3.10.76 ; NZ, 307, 9.10.76 ; cf. aussi APS, 1973, p. 140 (essais de télévision par câble à Renens et à Fribourg).
[16] Directives de la Société suisse de radiodiffusion et télévision concernant les plaintes et recours en matière de programme, 1976 ; TA, 148, 29.6.76 ; TLM, 181, 29.6.76. DFTCE : NZ, 126, 23.4.76 ; 134, 30.4.76 ; 187; 18.6.76 ; TLM, 114, 23.4.76 ; Ww, 17, 28.4.76 ; JdG, 99, 29.4.76.
[17] Bund, 214, 13.9.76 ; 24 heures, 222, 23.9.76. Positions des partis : NZZ (sda), 223, 23.9.76.
[18] FF, 1976, III, no 47, p. 1184 ss.
[19] BO CE, 1976, p. 706 ss. ; BN, 295, 17.12.76.
[20] TLM (ats), 60, 29.2.76 ; Bund, 50, 1.3.76 ; TA, 50, 1.3.76 ; FA, 17, 20.5.76 ; 23, 28.5.76 ; Ostschw., 301, 24.12.76.
[21] Ziegler : 24 heures, 79, 3.4.76 ; 81, 6.4.76 ; cf. supra, part. I, 1a (Bild der Schweiz). CH-Magazin : NZ, 350, 9.11.76 ; TA, 272, 20.11.76. Protection des animaux : NZ (sda), 397, 20.12.76 ; TLM, 357, 22.12.76.
[22] NZ, 322, 16.10.76 ; 352, 11.11.76 ; 361, 19.11.76 ; JdG, 253, 29.10.76.
[23] Radio Pirate 101 (Genève) : JdG, 129, 4.6.76 ; 130, 5.6.76 ; 135, 12.6.76 ; TA, 128, 4.6.76. Radio Atlantis (Zurich) : TA, 212, 11.9.76 ; 214, 14.9.76 ; 227, 29.9.76 ; 229, 1.10.76 ; TG, 215, 15.9.76.
[24] Cf. APS, 1975, p. 152 ; LNN (sda), 272, 20.11.76.