La situation conjoncturelle helvétique a fait couler beaucoup d'encre durant l'automne 2023. En effet, la fin d'année a été marquée par une période de stabilisation et d'ajustement pour l'économie suisse, suite à un été caractérisé par l’augmentation générale des prix.
En septembre, l'inflation a légèrement augmenté à 1.7 pour cent par rapport au mois d'août, principalement due aux hausses des prix des produits alimentaires, qui ont connu une augmentation annuelle significative de 5.3 pour cent. Le taux d’inflation est resté stable en octobre, reflétant une certaine continuité dans la politique monétaire de la Banque Nationale Suisse (BNS) malgré un contexte économique mondial incertain. L’inflation s’est ensuite réduite à 1.4 pour cent en novembre et décembre, aidée par la diminution des prix dans des secteurs tels que les carburants et le mazout, les médicaments et les voyages à forfait.
La consommation des Suissesses et Suisses durant l’automne 2023 a montré des signes de ralentissement notables, influencés par une prudence accrue face aux incertitudes économiques et géopolitiques internationales, et par des prévisions économiques peu optimistes pour l’année 2024. En effet, selon une enquête du service de comparaison Comparis, citée par l'Aargauer Zeitung du 11 octobre, 28 pour cent des personnes interrogées pensaient que leur situation financière allait continuer de se dégrader en fin d'année. En outre, la période des fêtes n'aura pas suffi à enthousiasmer les consommatrices et consommateurs, qui ont largement envisagé de réduire leurs dépenses liées aux festivités. Les loyers ont également fait les gros titres de la presse nationale, puisqu’ils n’ont cessé d’augmenter tout au long de l'automne. En octobre, les loyers avaient en moyenne augmenté de 0.4 pour cent par rapport à septembre, et de 2.7 pour cent sur une base annuelle. En décembre, la pression sur les loyers a continué, en partie due à l'augmentation du taux de référence à 1.75 pour cent.
En outre, l'automne 2023 a été marqué par des défis significatifs pour les entreprises suisses. Cette période a révélé des pressions continues sur les entreprises, qui ont dû naviguer dans un environnement où l'inflation, les hausses de loyer et une consommation ralentie ont créé un terrain complexe pour la gestion opérationnelle. L'inflation, bien que légèrement atténuée en fin d'année, a maintenu une pression sur les coûts des matières premières et des services, affectant particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME) aux marges de manœuvre financières plus restreintes. Avec la hausse du taux de référence à 1.75 pour cent en décembre, le coût du financement pour les entreprises s'est accru, rendant les crédits plus onéreux et limitant les investissements nécessaires pour l'expansion ou la survie en périodes incertaines. Le spectre des faillites a plané également sur de nombreuses PME, exacerbé par un ralentissement général de la croissance économique. Le taux de croissance modéré du PIB de 0.3 pour cent au troisième trimestre a reflété une dynamique économique ralentie qui, combinée à une prudence accrue des consommatrices et consommateurs et à une inflation persistante, a mis à mal la stabilité financière de nombreuses entreprises.
Finalement, avec les élections fédérales de 2023 et avec l'initiative pour la 13ème rente AVS en toile de fond, les partis politiques ont vigoureusement abordé le thème de l'inflation et du pouvoir d'achat. Le PLR, accusant la gauche de tirer parti de la situation conjoncturelle pour inquiéter les citoyennes et citoyens, a préconisé de stimuler l'économie, de réduire les impôts et de revitaliser le partenariat social. L'UDC, quant à elle, a insisté pour une réduction, voire une élimination des taxes et des redevances. À l'inverse, le Parti socialiste a défendu le renforcement de l'État social et l'amélioration du pouvoir d'achat de la classe moyenne, proposant également de plafonner le coût des primes d'assurance maladie. Finalement, Le Centre a mis l'accent sur des solutions «ciblées», notamment avec son initiative visant à limiter les coûts de la santé. Les partis politiques et le Parlement n'ayant pas été en capacité d'élaborer ensemble une solution au problème de l'augmentation des coûts de la vie, il reviendra au corps électoral de trancher, en 2024, sur plusieurs de ces initiatives importantes.