Parteien, Verbände und Interessengruppen
Verbände und übrige Interessenorganisationen
Unternehmerkreise suchen engere Verbindung mit dem Bund — Der Gewerbeverband veröffentlicht eine Prospektivstudie — Verbandskonkurrenz in der Bauernschaft und in Bergbevölkerungskreisen — Radikalisierung bei den Gewerkschaften; Vereinigungstendenzen des Schweizerischen Gewerkschaftsbundes stossen auf Widerstände.
Les problèmes soulevés par l'évolution économique ont aggravé les tensions entre les associations. La lutte autour de la participation et de la redistribution du revenu national oppose, en cette période d'inflation accrue, les entrepreneurs et les syndicats. La collaboration entre l'Etat et les .partenaires sociaux, suggérée par le, Conseil fédéral en 1972 déjà dans ses Grandes lignes de la politique gouvernementale et dont la nécessité fut à nouveau soulignée en 1973 par divers magistrats, s'est révélée plus délicate qu'auparavant
[1]. Des porte-parole de l'Union centrale des associations patronales suisses ont de ce fait préconisé des contacts plus étroits entre la Confédération et les associations d'employeurs. L'administration devrait déléguer davantage de tâches à ces dernières ; l'Etat et l'économie devraient créer des corps administratifs communs pour une nouvelle forme de collaboration. La condition en serait, évidemment, que les associations se détachent des intérêts particuliers des entreprises et se mettent au service d'intérêts économiques supérieurs. L'écho à cette proposition fut plutôt faible ; elle fut rejetée du côté socialiste comme une tentative d'augmenter le pouvoir de l'économie privée
[2].
L'idée d'une collaboration entre partenaires sociaux a été reprise dans le domaine de la santé publique, où les médecins et les caisses-maladie se sont entendus, à la surprise générale, sur une proposition de compromis pour la nouvelle réglementation de l'assurance-maladie
[3]. Une rencontre inhabituelle eut lieu en outre dans un cadre régional, lorsque le président de l'Union syndicale suisse et le directeur de la Fédération des producteurs de lait de Suisse centrale ont fait ensemble leur apparition lors d'une manifestation commune des travailleurs et agriculteurs de Suisse centrale
[4].
Associations patronales
Lors des assemblées des
associations patronales de l'industrie et du commerce, une certaine attitude défensive se fit jour, notamment contre le droit à la participation réclamé par les syndicats, contre les charges sociales croissantes imposées aux entreprises et contre les interventions dirigistes de l'Etat en matière de politique conjoncturelle ; on y souligna aussi la propagation d'un climat hostile à l'économie, auquel il faudrait parer en rétablissant aux yeux de l'opinion publique la crédibilité de l'économie de marché
[5]. Alors que les représentants du « Vorort » et des organisations patronales ont reconnu la nécessité d'une intervention de l'Etat, le président de l'Association suisse des banquiers insista au contraire sur le danger d'une telle orientation ; il exprima en outre son opposition à une politique conjoncturelle s'appuyant unilatéralement sur les restrictions de crédit
[6]. L'Union suisse de banques régionales et de caisses d'épargne fit valoir que ses membres étaient plus durement touchés par les mesures étatiques que les grandes banques et demanda des mesures compensatoires
[7]. La Société pour le développement de l'économie suisse a achevé sa propre réorganisation en se donnant de nouveaux statuts
[8].
L'
Union suisse des arts et métiers (USAM) souligna à nouveau son opposition à la politique économique de la Confédération
[9]. Son directeur, le conseiller national O. Fischer (prd, BE), reprocha au Conseil fédéral d'avoir moins d'égards pour les arts et métiers que pour les autres groupes d'intérêts
[10]. Ses plaintes concernaient notamment le règlement de la main-d'oeuvre étrangère, la lutte contre la surchauffe, l'introduction prévue d'une taxe à la valeur ajoutée ainsi que l'augmentation des charges provoquée par la prévoyance professionnelle et l'assurance-maladie. Contrairement aux autres organisations faîtières, l'USAM — cédant notamment aux pressions du secteur de la construction — prit position contre les quatre arrêtés conjoncturels
[11]. Elle publia une étude prospective élaborée par un propre groupe de travail et aboutissant à un catalogue d'objectifs : croissance équilibrée, maintien d'une structure économique et d'une structure de la propriété décentralisées, accroissement du nombre des travailleurs saisonniers, développement de la formation professionnelle et prévention d'une augmentation de la part de l'Etat au produit national
[12]. Le conseiller national R. Etter (udc, BE) succéda à la présidence de l'USAM au démocrate-chrétien K. Hackhofer
[13].
Agriculture
Au sein des
associations paysannes la concurrence est devenue plus vive entre l'Union suisse des paysans (USP) et les groupèments dissidents. L'USP, dans ses requêtes à l'Administration fédérale, s'est particulièrement engagée en faveur des intérêts des paysans dans la question de l'aménagement du territoire ainsi qu'en faveur d'une hausse du revenu agricole et des montants consacrés aux investissements dans l'agriculture, notamment dans les régions de montagne
[14]. L'Union des producteurs suisses, dissidente, estimant inefficace la procédure suivie par l'USP, décida, si nécessaire, de passer à l'action de force
[15]. Elle organisa en novembre une marche sur Berne, désapprouvée par l'USP, et à laquelle participèrent plusieurs milliers de personnes venues de Suisse romande et de Suisse centrale. Divers comités d'action alémanique soutinrent la manifestation, qui vit apparaître aussi le président de l'Union des paysans de Suisse centrale, rattachée à l’USP. De nouvelles actions furent annoncées en fin d'année
[16].
Le Groupement suisse des paysans montagnards (SAB), affilié à l'USP, se heurta à un concurrent. A l'initiative de représentants de cantons et de communes des régions de montagne, une Association suisse pour la sauvegarde et la promotion des régions de montagne fut fondée, qui, sur une large échelle, veut intervenir en matière d'aménagement du territoire et .de politique structurelle. Sous sa nouvelle désignation, le Groupement suisse pour la population des montagnes (SAB) a de son côté élargi l'éventail de ses intérêts au-delà de l'agriculture et ouvert ses rangs aussi aux corporations de droit public et à des membres individuels, ce qui entraîna l'adhésion de presque tous les cantons
[17].
Salariés
Les
organisations de salariés manifestèrent souvent une attitude plus offensive, motivée ça et là par la concentration continue et l'internationalisation des entreprises. La tendance a été soulignée lors du changement intervenu à la tête des deux organisations principales. A l'Union syndicale suisse (USS), outre le président, deux des trois vice-présidents ont quitté leurs fonctions ; succédant à E. Wüthrich, le chef de la Fédération suisse des travailleurs du bois et du bâtiment, E. Canonica, conseiller national zurichois, prit la présidence ; à ses côtés, H. Düby et G. Diacon furent remplacés par le conseiller national R. Müller (BE), secrétaire général de l'Union PTT, chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales, et par A. Ghelfi, vice-président de la Fédération suisse des travailleurs de la métallurgie et de l'horlogerie (FTMH)
[18]. En diverses circonstances, E. Canonica a souligné — sans refuser des interviews à la presse communiste — qu'il n'était qu'un partisan conditionnel de la paix du travail. Il a préconisé une stratégie syndicale uniforme, surmontant à la fois les démarcations idéologiques, sociales et nationales. En outre, il s'est déclaré opposé à une concentration du pouvoir syndical au sein d'une élite bureaucratique
[19]. La Confédération des syndicats chrétiens vit son président H. Riedo relayé par G. Casetti, jusqu'alors secrétaire central. Dans une interview, ce dernier défendit une conception analogue à celle de son collègue de l'USS. Interrogé lors du congrès sur son attitude à l'égard d'un syndicat unique, il affirma néanmoins sa foi dans le pluralisme
[20]. C'est au niveau des sous-fédérations, précisément, que les syndicats chrétiens rivalisèrent avec ceux de l’USS pour la représentation des intérêts des travailleurs
[21]. Après la décision de I'USS de s'opposer au contrôle des prix et des salaires, les syndicats chrétiens se prononcèrent dans le même sens
[22].
Lors des congrès de certaines associations de branches, cette
radicalisation apparut encore plus nettement. A la Fédération suisse du personnel des services publics (VPOD), le comité fut saisi d'une proposition de soutenir l'initiative de la semaine de 40 heures ; le congrès s'acheva par le chant de l'Internationale. La Fédération suisse des typographes (FST), qui renouvela profondément son comité central, exigea l'introduction de la semaine de 40 heures dans les négociations sur le contrat de travail. Le secrétaire général de l'Union PTT annonça de son côté de nouvelles revendications de salaire. Même la FTMH souligna que le renouvelle-ment, en 1974, de la convention sur la paix du travail devait dépendre de corrections qui aillent au-delà de la simple retouche cosmétique. La Fédération chrétienne des ouvriers sur métaux (FCOM) abonda dans le même sens et approuva une déclaration de principe déniant au capital le pouvoir social et le revendiquant pour les salariés
[23]. Le président central de l'Association suisse des salariés évangéliques mit les employeurs en garde contre un « non » à la participation qui encouragerait encore la radicalisation. L'Union suisse des syndicats autonomes, qui, à l'instar des salariés évangéliques, avait élaboré un nouveau programme de politique sociale, se contenta en revanche d'une amélioration des contrats collectifs de travail
[24]. Une enquête socio-psychologique faite à la demande de l'USS indiqua que parmi les salariés le désir de stabilité était largement répandu, mais allait de pair avec un besoin de valorisation et de responsabilité
[25].
La
tendance vers l'unité prônée par l'USS ne rencontra pas la seule désapprobation des syndicats chrétiens. Lors de son centième anniversaire, la Société suisse des employés de commerce (SSEC) releva que son attitude politique et ses intérêts particuliers parlaient contre une fusion avec les syndicats ouvriers. La Société suisse des contremaîtres s'éleva contre des actions de recrutement menées par les syndicats dans son secteur
[26]. A Genève cependant, les sections de la FTMH et de la SSEC s'entendirent sur une collaboration dans l'industrie métallurgique. Vers la fin de l'année, l'USS-et la Fédération suisse des sociétés d'employés, à laquelle appartiennent les employés de commerce et les contremaîtres, entamèrent des conversations sur le développement futur de leurs rapports
[27].
L'USS a manifesté son adhésion à une
collaboration internationale plus étroite en prenant part à la création d'une Confédération européenne des syndicats réunissant les organisations des pays membres de la CEE et de l'AELE appartenant à la Confédération internationale des syndicats libres. Cette fondation suscita également l'intérêt des syndicats de tendance chrétienne ; l'USS par contre se prononça contre leur affiliation à la fédération continentale si l'union ne pouvait se faire sur le plan national
[28].
[1] Cf. discours du CF Brugger devant la Nouvelle Société Helvétique à Zurich (Documenta, 1973, no 1, p. 21 ss.) et du CF Celio devant l'Union suisse du commerce et de l'industrie (Documenta, 1973, no 7, p. 2 ss.) ainsi que APS, 1972, p. 168 et supra, p. 114 s. (participation) et 117 (revenu).
[2] Conférence de B. Allenspach devant ]'Industrieverband Textil (NZZ, 260, 7.6.73) et allocution de J. Haefely devant l'Union centrale in SAZ, 68/1973, p. 495 ss. Critique in Domaine public, 233, 28.6.73.
[4] BN, 249, 23.10.73 ; Gewerkschaftliche Rundschau, 65/1973, p. 331 ss.
[5] Cf. NZZ, 209, 8.5.73 ; 230, 20.5.73 ; 295, 29.6.73 ; 312, 9.7.73 ; 429, 16.9.73 ; 445, 26.9.73 ; AZ, 157, 9.7.73 ; JdG, 215, 15/16.9.73. Cf. aussi Arbeitgeberverband schweizerischer Maschinen- und Metall-Industrieller, Jahresbericht, 67/1972, p. 9 s.
[6] Cf. prise de position d'E. Junod, président du Vorort (NZZ, 429, 16.9.73), de J. E. Haefely, président de l'Union centrale des associations patronales (SAZ, 68/1973, p. 481 s.), et d'A. E. Sarasin, président de l'Association suisse des banquiers (ASB, Protokoll der 60. Generalversammlung, 1973, p. 3 ss.).
[8] SAZ, 68/1973, p. 653.
[9] Cf. Schweizerische Gewerbe-Zeitung, 40, 4.10.73 (c Böse Zungen a).
[10] Schweizerische Gewerbe-Zeitung, 52, 27.12.73.
[11] Cf. supra, p 55 ss. (surchauffe), 111 (main-d'oeuvre étrangère), 122 (prévoyance professionnelle), 123 s. (assurance-maladie) et APS, 1972, p. 76 (taxe à la valeur ajoutée). Pour les consignes relatives aux arrêtés conjoncturels, cf. Schweizerische Gewerbe-Zeitung, 37, 13.9.73.
[12] Gewerbliche Rundschau, 18/1973, p. 133 ss.
[13] Schweizerische Gewerbe-Zeitung, 19, 11.5.73.
[14] Cf. NZZ (ats), 110, 7.3.73 ; 457, 3.10.73 ainsi que supra, p. 53 s. (investissements) et 99 s. (aménagement).
[16] Marche sur Berne : NZZ, 507, 1.11.73 ; BZ, 269, 16.11.73 ; TLM, 320, 16.11.73. Annonce : GdL, 297, 20.12.73.
[17] SAB, Jahresbericht, 30/1972-73, p. 2 ss. ; NZZ, 45, 29.1.73 ; TA, 28, 3.2.73. Cf. APS, 1972, p. 59.
[19] Vorwärts, 6, 8.2.73 ; 8, 22.2.73 ; gk, 14, 5.4.73 ; 25, 5.7.73 ; POCH, 15, 24.4.73. Cf. aussi Ezio Canonica, « Autocritica sindacale », in La Suisse, Annuaire national de la NSH, 44/1973, p. 65 ss.
[20] Vat., 256, 5.11.73. Cf. interview in Konzept, 5, 25.10.73.
[23] VPOD : VO, 207-210, 8-12.9.73 ; 213, 15.9.73 ; gk, 31, 13.9.73. FST : AZ, 128, 4.6.73 ; 129, 5.6.73. Union PTT : NZZ, 494, 24.10.73 ; 495, 25.10.73. FTMH : gk, 33, 27.9.73 ; JdG, 228, 1.10.73. FCOM : CMV-Zeitung, 13, 27.6.73 ; 20, 3.10.73.
[24] ASSE : Evangelische Woche, 42, 18.10.73. USSA : NZZ, 236, 23.5.73.
[25] Uniprognosis, Travailleurs et syndicats, Berne 1972. Cf. TG, 227, 29/30.9.73.
[26] SSEC : BN, 123, 28.5.73. SSC : Contremaître, 1973, p. 226 s.
[27] Genève : VO, 145; 27.6.73. USS et FSE : gk, 43, 29.11.73.
[28] gk, 7, 15.2.73 ; 19, 17.5.73. Cf. G. Casetti in Konzept, 5, 25.10.73.