Chronique générale
Résumé
L'année politique 1987 fut placée sous le signe des élections fédérales du mois d'octobre. En raison des continuelles atteintes portées au milieu naturel et de l'absence d'enjeux tant économiques que sociaux, la protection de l'environnement devint le thème dominant de la campagne électorale. Cette situation particulière et les gains spectaculaires réalisés par les Verts lors d'élections communales et cantonales renforcèrent les spéculations sur une éventuelle majorité constituée par les écologistes et la gauche au Conseil national. Ce bouleversement politique, espéré par certains et redouté par d'autres, n'eut cependant pas lieu. Et si tout de même les Verts ont plus que doublé le nombre de leurs députés, ce ne fut pas aux dépens des partis bourgeois, mais du Parti socialiste. Comme toutes les forces en présence s'accordèrent à reconnaître le rôle prédominant de l'environnement dans la campagne électorale, les véritables confrontations politiques demeurèrent absentes du débat et les programmes, ne différèrent guère d'un parti à un autre. Ceci peut expliquer dans une certaine mesure le désintérêt manifesté pour une campagne que d'aucuns n'ont pas hésité à qualifier de morose et d'ennuyeuse ainsi que le médiocre niveau de participation, le plus faible depuis l'introduction du système proportionnel. Les votations populaires et les décisions parlementaires ont toutefois corrigé cette impression d'absence de controverses. Elles démontrèrent que des mesures concrètes en matière de protection de l'environnement faisaient aussi peu l'unanimité que celles prises dans d'autres domaines.
La création du marché unique européen de 1992 va amener toute une série de défis pour la Suisse qui vont avoir des répercussions au niveau de la société, de l'économie et plus généralement dans la plupart des domaines politiques. Tandis que la crainte d'un retard technologique en matière de recherche conduit la Confédération à intensifier ses efforts et à augmenter ses dépenses dans ce domaine, la défiance règne par contre en matière de droits sociaux où le parlement a refusé de ratifier la Charte sociale européenne. La situation est encore différente dans le domaine de la protection de l'environnement et, partant, dans celui des transports où, en raison d'une politique innovatrice et de mesures concrètes en matière de préservation du milieu naturel, la Suisse subit la pression de la CEE.
Le parlement fut en mesure de mettre sous toit un certain nombre de dossiers avant la fin de cette législature. Le débat sur la protection de l'air a cependant montré que lorsque des décisions controversées devaient être prises et qu'aucun compromis ne se dessinait, l'Assemblée fédérale laissait volontiers l'initiative au gouvernement. De son côté, le Conseil fédéral a certes profité de ce champ d'action, notamment lors du nouvel article énergétique ou avec ses idées de réforme du régime financier, mais ses propositions ne furent pas toujours couronnées de succès. Même si les délibérations du parlement sur un sujet controversé débouchaient sur un compromis, la menace du vote populaire demeurait toujours présente. Ainsi, le souverain rejeta, après le lancement d'un référendum par l'Union suisse des arts et métiers, le principe de l'assurance maternité. D'ailleurs, l'attitude du peuple en cette année 1987 fut difficile à prévoir. Alors que, comme on pouvait le présager, il repoussa le droit de référendum en matière de dépenses militaires, il s'opposa de façon surprenante à l'implantation d'une place d'armes dans les marais de Rothenthurm.