Infrastructure, aménagement, environnement
Energie
Deux ans après son démarrage, le bilan du programme «Energie 2000» fut plutöt négatif. – Malgré son rejet par la population bernoise lors d'une votation consultative, le Conseil fédéral a autorisé l'augmentation de 10% de la puissance de la centrale nucléaire de Mühleberg. – Après plusieurs années de procédures, le WWF a accepté de retirer son recours auprès du Tribunal fédéral contre le projet Cleuson-Dixence en échange de compensations écologiques. – Le référendum contre la loi sur l'augmentation des droits d'entrée sur les carburants, lancé par le parti des automobilistes, a abouti facilement.
Politique énergétique
Deux ans après la votation populaire du 23 septembre 1990, le bilan tiré par la majorité des observateurs, à l'occasion de la publication du deuxième rapport annuel, du programme «Energie 2000» fut plutôt décevant. Plusieurs personnalités ont même déjà annoncé son échec ou demandé de réviser ses objectifs à la baisse. Le chef du DFTCE, reconnaissant les maigres résultats de ces deux premières années, a demandé des efforts et un engagement accrus des acteurs participant au programme. Au vu de la progression de la consommation d'énergie en 1991 (+6,2%, la plus forte depuis 1973) et 1992 (+0,1%, avec une température clémente et un recul des activités économiques), il est évident que les mesures prises dans le cadre du programme n'ont pour l'instant quasiment pas eu d'influence sur le bilan énergétique de la Suisse. Selon le DFTCE, le programme ne se trouve que dans sa phase initiale et une amélioration sensible sur le plan de la consommation d'énergie ne devrait pas intervenir avant la seconde moitié des années 90. Un important travail d'évaluation des potentiels d'économie d'énergie a été effectué, mais ces informations doivent encore être traduites en mesures concrètes. D'autre part, les problèmes financiers de la Confédération et la récession économique ont rendu plus difficile la réalisation de nombreux projets et plans existants.
Même si les structures organisationnelles du programme ont pu être consolidées par l'amélioration de la coordination entre les participants et par la formation de groupes de conciliation sur certains sujets conflictuels, le climat politique entre les organisations écologistes, les responsables de l'économie énergétique et les autorités politiques s'est détérioré au cours de l'année sur les questions de l'augmentation de 10% de la puissance des centrales nucléaires et l'importation de courant électrique
[1].
Au cours de l'année 1992, les bases légales du programme ont été renforcées sur les plans fédéral (ordonnance de l'arrêté sur l'énergie), cantonal (plusieurs cantons ont adapté leur législation sur l'énergie au nou
le droit helvétique; les modifications prévoyaient principalement, d'une part, l'obligation de fournir régulièrement des informations dans le domaine de l'énergie à la commission de la CE et, d'autre part, la facilitation du libre-accès aux grands réseaux de transport d'électricité et de gaz naturel à des conditions équitables. Dans le domaine du nucléaire, l'autorisation d'exploiter des centrales aurait dû être accordé à des ressortissants des pays de l'EEE.
Lors des débats parlementaires, les
critiques de certains députés écologistes et socialistes à l'égard du traité de l'EEE ne portaient pas directement sur les adaptations législatives à faire, mais sur les implications du marché unique européen sur la politique énergétique. Selon eux, la poursuite d'une politique énergétique active à l'échelon suisse, notamment l'introduction de standards de consommation des appareils électriques ou des automobiles privée prévue dans «Energie 2000», serait remise en cause ou en tout cas rendue plus difficile en raison du processus de libéralisation économique sur le plan européen
[2].
Suite au rejet du traité EEE par le peuple et les cantons, les modifications législatives adoptées par le parlement dans le cadre du programme «Eurolex» sont devenues caduques.
La population
argovienne a rejeté à une large majorité l'initiative populaire lancée par les milieux écologistes qui demandait l'introduction d'une loi sur l'énergie prévoyant l'instauration de mesures d'économie d'énergie. Quelques mois après ce refus, le gouvernement cantonal, qui avait jugé l'initiative populaire trop exigeante, a réussi à faire accepter au parlement, en première lecture, une loi sur l'énergie; cela faisait huit ans que les autorités politiques du canton projetaient de mettre en vigueur une législation dans ce domaine
[3].
Le parti socialiste
lucernois a décidé de retirer son initiative populaire en faveur d'une loi sur l'énergie plus écologique qui avait abouti en 1991. Il a estimé que son texte était devenu superflu, étant donné que, sur les trois exigences qu'il contenait, deux avaient déjà été réalisées, à savoir l'introduction du décompte individuel des frais de chauffage et des hausses tarifaires afin d'inciter les citoyens à une consommation plus modérée
[4].
La consommation totale d'énergie a progressé de 0,1% en 1992; cela constitue un meilleur résultat qu'en 1991 (+6,2%). Toutefois, les mesures du programme «Energie 2000» ne sont pas responsables de ce résultat; celui-ci est dû essentiellement au
fléchissement de la conjoncture économique et à la température clémente qui a régné durant l'année 1992. Les différents agents énergétiques ont connu des évolutions très diverses; alors que l'essence (3,6%), les carburants d'aviation (5,4%) et le gaz (5,5%) connaissaient des augmentations sensibles, la consommation de carburant Diesel (-3,1 %), d'huile moyenne et lourde (-3,1 %) et d'huile extra-légère (-2,3%) diminuait; la réduction de la consommation de combustibles s'explique par le réchauffement de la température par rapport à 1991
[5].
Energie nucléaire
A la surprise des observateurs, la population bernoise s'est prononcée à une majorité de 51,4% des voix contre l'octroi d'un permis non-limité dans le temps pour l'exploitation de la centrale de
Mühleberg (BE) et l'autorisation
d'augmenter de 10% la puissance du réacteur. Elle a ainsi désavoué ses autorités qui s'étaient déclarées favorables à la requête des Forces Motrices Bernoises (FMB). Ce vote n'avait toutefois qu'une valeur consultative, la décision finale relevant de la compétence du Conseil fédéral. Les incertitudes quant à la sécurité de la centrale, qui est en fonction depuis vingt ans, et les risques accrus du fait de l'augmentation de la puissance du réacteur ont pesé de façon décisive dans le résultat de la votation
[6].
Au lendemain de la votation; le chef du DFCTE s'est à nouveau entretenu avec le gouvernement bernois, ainsi qu'avec des représentants des partisans et des adversaires de la demande des FMB. Les organisations écologistes ont reproché au gouvernement de mener une politique trop favorable au nucléaire; ils ont même entamé une procédure pour demander la récusation d'A. Ogi sur le dossier de Mühleberg, car, selon elles, le «parti-pris» du DFTCE, en particulier des membres de la Division de la sécurité des installations nucléaires (DSN), en faveur du nucléaire rendait impossible une décision neutre.
Au mois de décembre, le
Conseil fédéral a finalement décidé d'autoriser l'augmentation de 10% de la puissance du réacteur, mais seulement pour une période de 10 ans. Pour justifier sa décision, le gouvernement a invoqué la dépendance accrue de la Suisse pour son approvisionnement énergétique. Il a ajouté que la sécurité de la centrale serait maintenue à son niveau actuel par la réalisation de travaux supplémentaires et que l'augmentation de la puissance du réacteur n'entraînerait qu'un très léger réchauffement de l'Aar. Les partis écologiste et socialiste bernois, ainsi que les organisations anti-nucléaires ont vivement déploré la décision du Conseil fédéral qui, selon eux, met en cause l'armistice énergétique issu des votations de 1990 et contourne le moratoire de dix ans contre la construction de nouvelles centrales nucléaires. Certaines organisations ont également annoncé leur intention de suspendre leur participation au programme «Energie 2000». Pour leur part, les FMB se sont déclarées satisfaites tout en regrettant la limitation à 10 ans
[7].
Après les FMB, ce sont les Forces Motrices de
Leibstadt (AG) qui ont transmis au Conseil fédéral une demande d'augmentation de 15% de la puissance du réacteur de leur centrale nucléaire. Cette démarche a suscité de nombreuses oppositions individuelles auprès des autorités fédérales
[8]. Par ailleurs, ces dernières ont autorisé les forces motrices de Gösgen d'augmenter de 3,5% la puissance du réacteur de la centrale nucléaire de Gösgen-Däniken, ce qui devrait permettre d'élever la production d'électricité de 230 millions de kilowattheures (kwh) par année. La Fondation suisse de l'énergie (FSE) a critiqué cette décision qui va à l'encontre des objectifs d'«Energie 2000» de stabilisation de la consommation d'énergie. Les représentants de l'économie énergétique ont répondu qu'une telle augmentation progressive était déjà prévue depuis 1985
[9].
Pour leur part, les Forces Motrices du Nord-Est de la Suisse ont déposé auprès des autorités fédérales une demande de permis non-limité dans le temps pour la centrale nucléaire de
Beznau II, dont l'autorisation d'exploitation expire à la fin de l'année 1993. Les autorités fédérales avaient posé comme condition à l'octroi d'un tel permis l'installation d'un nouveau système de sécurité. Les travaux nécessaires étant arrivés à leur terme cette année, les propriétaires se sont montrés confiants quant à la prise de position du gouvernement. Cependant, environ 16 000 oppositions, émanant de Suisse, d'Allemagne et d'Autriche, ont été transmises au Conseil fédéral. Les arguments des opposants sont du même type que ceux avancés à l'encontre de la centrale de Mühleberg, à savoir l'ancienneté de l'installation et le manque de sécurité
[10].
Après plusieurs semaines de tergiversations et de négociations avec les acteurs concernés, le gouvernement français a décidé au mois de juin de suspendre le redémarrage du surgénérateur
Superphénix de Creys-Malville (F). Cette décision faisait suite à la publication d'un rapport de la Direction de la sûreté nucléaire française qui mettait en cause les normes de sécurité de la centrale. Auparavant, les rumeurs d'un redémarrage imminent de la centrale avaient fait réagir vigoureusement les organisations écologistes genevoises et françaises. Le Conseil d'Etat genevois a également interpellé A. Ogi afin qu'il intervienne auprès des autorités françaises pour faire repousser toute décision concernant Superphénix jusqu'à la réunion de la commission franco-suisse de sûreté des installations nucléaires. Le redémarrage de Superphénix a été subordonné à la réalisation de travaux nécessaires pour assurer la sécurité de la centrale. D'autre part, une étude sera effectuée pour évaluer la possibilité de convertir Superphénix en une installation spécialisée dans le traitement des déchets nucléaires
[11].
La Division de la sécurité des installations nucléaires (DSN) a demandé aux exploitants des 5 centrales nucléaires suisses d'analyser le fonctionnement des systèmes de refroidissement d'urgence des installations et de lui transmettre un rapport à ce sujet. Cette demande était motivée par un incident survenu dans plusieurs centrales suédoises de type semblable aux centrales helvétiques
[12].
Le Conseil national a transmis le postulat Fischer (prd, AG) qui prie le Conseil fédérat, dans le cadre de
l'aide aux pays d'Europe centrale et orientale, de contribuer à la modernisation des centrales nucléaires, et notamment d'examiner la possibilité de participation d'experts suisses à ces travaux. En réponse à une interpellation Flückiger (prd, JU) au sujet de l'état des installations nucléaires dans les pays d'Europe de l'Est et sur la position du gouvernement à l'égard de ces menaces, le chef du DFTCE a reconnu l'insuffisance des actions menées par les organismes internationaux et les pays ouest-européens. Il a également déclaré que plusieurs délégations d'experts – russes, hongrois et tchèques – s'étaient rendues en Suisse et avaient pu être informées sur les systèmes de sécurité des centrales helvétiques
[13].
Les différentes associations anti-nucléaires ont reproché aux forces motrices du Nord-Est de la Suisse (NOK) d'avoir signé un contrat
d'importation annuelle de 650 millions de kilowattheures d'électricité pour une période de 10 ans avec des producteurs tchécoslovaques; une telle démarche irait à l'encontre des objectifs du programme «Energie 2000» et cette électricité proviendrait de centrales nucléaires parmi les plus dangereuses du monde. Les NOK ont rétorqué que le prix du courant, particulièrement élevé, payé aux producteurs tchécoslovaques devait justement servir à l'assainissement des centrales défectueuses
[14].
Après la découverte de plusieurs cas d'importation illicite de substances radioactives en provenance d'Europe centrale, le Ministère public de la Confédération a pris des mesures afin d'éviter les accidents et d'intensifier les contrôles de police
[15].
Durant l'année 1992, la CEDRA a poursuivi ses travaux de sondage pour
l'entreposage de déchets faiblement et moyennement radioactifs sur les sites d'Ollon (VD) et de Wellenberg (NW)
[16]. Elle a annoncé qu'elle prendrait une décision définitive dans le courant de l'année 1993. Certains observateurs ont laissé entendre que les préférences de la CEDRA iraient en faveur du site de Wellenberg
[17].
Le Conseil fédéral a proposé d'accorder la garantie sans réserve de la Constitution de
Nidwald. Cette dernière avait été modifiée en 1990 de telle manière que la compétence en ce qui concerne l'octroi de concessions pour l'utilisation du sous-sol soit transférée à la Landsgemeinde du canton. L'objectif de cette révision constitutionnelle consistait à permettre aux autorités cantonales d'avoir le dernier mot sur la question de la concession pour le stockage de déchets radioactifs, envisagé par la CEDRA sur la commune de
Wellenberg. Sur la base de l'examen de la répartition des compétences entre la Confédération et les cantons dans le domaine de l'énergie atomique, le Conseil fédéral a estimé que les nouvelles dispositions constitutionnelles ne permettaient pas au canton de Nidwald de refuser pour des raisons de sécurité une concession pour l'utilisation du sous-sol en vue du stockage définitif de déchets radioactifs et, donc, que la question de la sécurité d'une installation atomique devait être examinée de façon exhaustive par la Confédération. Le refus d'une concession par les autorités cantonales n'est envisageable que pour des motifs relevant de la police des constructions ou de l'aménagement du territoire. Ces remarques faites, le gouvernement a tout de même admis que ces nouvelles dispositions n'étaient pas en contradiction avec le droit fédéral. Les Chambres fédérales ont ajourné leur décision, étant donné que plusieurs recours de droit public étaient encore pendants auprès du Tribunal fédéral
[18].
La CEDRA a terminé son programme de mesures sismiques pour la construction d'un dépôt définitif pour les déchets moyennement et hautement radioactifs dans le nord-est de la Suisse. Elle s'est heurtée à de nombreuses oppositions émanant des régions frontalières allemandes, ce qui a retardé ses recherches
[19].
Quelque 10 800 oppositions — la plupart issues d'Allemagne et d'Autriche sous la forme de textes photocopiés — contre le projet de
dépôt intermédiaire pour déchets radioactifs à Würenlingen (AG) ont été déposées lors de la seconde phase de la mise à l'enquête. Les principaux reproches portaient sur l'augmentation des transports de déchets radioactifs et sur la solidité insuffisante des halles de stockage qui ne résisteraient pas à la chute d'un avion. Les organisations écologistes préféreraient que l'entreposage des déchets ait lieu sur le site même des centrales nucléaires
[20].
Après le Conseil national, le Conseil des Etats a approuvé la motion Fischer (prd, AG) qui demande une révision partielle de la législation sur l'énergie nucléaire afin de simplifier et d'accélérer les procédures d'autorisation pour la construction de dépôts de déchets radioactifs. Cependant, la chambre des cantons n'a accepté comme motion que la première partie du texte. La deuxième partie qui proposait de réduire les compétences des cantons dans les procédures d'autorisation, a été transmise comme postulat
[21].
Dans les cantons de Bâle-ville et Bâle-campagne, deux initiatives visant chacune à interdire le transit de camions et de trains transportant des matières radioactives ont été lancées
[22].
Le Conseil fédéral a adopté une ordonnance qui prévoit la
distribution de tablettes d'iode à la population. En cas d'accident nucléaire, l'absorption d'une telle substance doit permettre d'empêcher la contamination par les poussières radioactives. La distribution de ces comprimés s'adressera avant tout aux personnes résidant à proximité des centrales nucléaires
[23].
Par ailleurs, le gouvernement a soumis à consultation un projet d'ordonnance de la loi cadre sur la radioprotection dont le but est d'améliorer la sécurité de l'ensemble des activités confrontées à des substances radioactives
[24].
Energie hydro-électrique
Le peuple a accepté la loi sur la protection des eaux (66%) et rejeté l'initiative populaire «pour la sauvegarde de nos eaux» (62,9%). La controverse au sujet des débits minimaux a été au centre de la campagne précédant la votation. Elle a mis au prise les organisations écologistes, favorables aux deux objets, à l'industrie électrique et aux autorités politiques des cantons alpins opposés aux deux objets. Les premiers ont surtout insisté sur la sauvegarde des petits cours d'eau, menacés par la construction de nouvelles centrales hydro-électriques, alors que les seconds ont mis en avant la baisse de la production d'électricité qu'impliquerait l'adoption de la loi ou de l'initiative, ainsi que la menace pour les petites installations hydro-électriques que représentent les réglementations sur les débits minimaux contenus dans le loi et prévus dans l'initiative
[25].
Afin d'inciter le WWF à retirer son recours auprès du Tribunal fédéral contre le projet
Cleuson-Dixence (VS), la société Energie de l'Ouest-Suisse (EOS) avait proposé à l'organisation écologiste d'affecter 5 millions de francs pour aider les chômeurs valaisans. Le WWF, estimant que cette proposition n'avait aucun rapport avec les compensations écologiques qu'il réclamait, a rejeté l'offre de la société électrique. Par la suite, grâce à une tentative de conciliation sous l'égide du Tribunal fédéral, les deux protagonistes, ainsi que l'Etat du Valais et les communes concernées par le projet, ont conclu une convention prévoyant, en échange du retrait du recours, la réalisation des principales exigences .du WWF. Tout d'abord, un débit minimal de 50 litres par seconde devra être maintenu en aval du barrage le long de La Dixence, ainsi que l'interdiction de tout captage supplémentaire des hautes eaux dans le val des Dix. En outre, les biotopes des communes de Nendaz et d'Hérémence seront protégés. Enfin, une étude des impacts sur le Rhône sera effectuée par une commission neutre qui formulera des propositions d'aménagement si nécessaire
[26].
A la suite de la publication en 1991 du rapport sur les répercussions écologiques du projet de construction de
cinq barrages successifs sur le Rhin entre Trübbach (SG) et Sennwald (SG) à la frontière avec le Liechtenstein, de nombreuses oppositions (environ 600) sont parvenues aux autorités saint-galloises. Selon les opposants, l'étude effectuée par les promoteurs serait incomplète et resterait trop vague sur les impacts écologiques
[27].
En raison de l'expiration de la concession à la fin de l'année 1997 et des besoins croissants en électricité de la région, les forces motrices de Brusio (GR) ont transmis aux autorités cantonales et communales une demande de concession pour un nouveau projet – profondément retravaillé par rapport à celui de 1985 – d'extension des installations hydro-électriques de la Bernina. Cette demande était accompagnée d'un rapport sur les répercussions écologiques des travaux prévus. Avec la réalisation de ces travaux, la production annuelle d'électricité devrait passer de 130 millions à 244 millions de kwh
[28].
La chambre haute a transmis comme postulat la motion Schüle (prd, SH) qui charge le Conseil fédéral d'entamer la révision de la loi fédérale sur l'utilisation des forces hydrauliques afin de supprimer la limitation fédérale de la redevance annuelle. Le Conseil national a fait de même avec les motions Columberg (pdc, GR) et Danuser (ps, TG) dont les objectifs étaient similaires à celle de K. Schüle
[29].
Le Conseil national a transmis une motion de sa commission de l'environnement qui demande au Conseil fédéral, conformément à la requête d'une initiative du canton du Valais approuvée par les deux Chambres, d'élaborer une loi instaurant une responsabilité civile illimitée des exploitants d'installations hydro-électriques
[30].
Par 60% des volants, la population vaudoise a rejeté l'initiative populaire «Pour que Vaud reste beau». Celle-ci, soutenue par la gauche et les milieux écologistes, proposait par une modification de la constitution cantonale, d'inscrire dans l'inventaire fédéral des paysages 14 sites, dont deux étaient situés sur le tracé de la ligne à haute tension
Galmiz (FR)—Verbois (GE). Parce biais, les initiants espéraient obtenir l'enterrement de la ligne sur les sites concernés
[31].
La chambre haute a transmis comme postulat la motion Loretan (prd, AG) qui charge le Conseil fédéral de modifier la loi concernant les installations électriques de telle sorte que les PTT indemnisent de manière adéquate les cantons et les communes lors de l'établissement des lignes téléphoniques et télégraphiques souterraines dans le domaine public
[32].
Produits pétroliers et gaz
Dans le cadre des mesures d'assainissement des finances fédérales, le Conseil fédéral avait proposé aux Chambres un projet de loi concernant l'aug
mentation des droits d'entrée sur les carburants de 25 centimes. Ces mesures avaient été acceptées par le Conseil des Etats lors de la session de juin. A cette occasion, le parti des automobilistes, I'ACS et le TCS avaient déjà laissé planer la menace d'un référendum contre ce projet
[33].
Devant l'ampleur des déficits de la Confédération, le Conseil fédéral a décidé dans le courant de l'été de faire passer cette hausse des taxes sur les carburants sous la forme d'un arrêté fédéral urgent, ce qui d'une part permettrait d'assurer l'application des mesures pour une année au moins, mais, en revanche, rendrait nécessaire une votation populaire 12 mois après leur entrée en vigueur. Les Chambres ont largement rejeté la clause d'urgence; seuls les socialistes et les écologistes y étaient favorables. Le projet du Conseil fédéral prévoyait une hausse de 25 centimes des droits de base — la moitié de ceux-ci revenant au compte routier et l'autre moitié à la caisse fédérale — sans augmentation de la surtaxe, qui, elle, est entièrement consacrée au compte routier. Lors des débats parlementaires, plusieurs députés bourgeois, avant tout romands, ont proposé, sans succès, d'augmenter la surtaxe au détriment des droits de base afin d'accélérer l'achèvement du réseau des routes nationales et d'obtenir plus facilement le soutien des associations routières; pour leur part, les députés indépendants avaient proposé une hausse totale de 30 centimes. En fin de compte, les Chambres se sont tenues au principe soutenu par le Conseil fédéral — pas d'augmentation de la surtaxe — mais se sont contentées d'une hausse de 20 centimes des droits de base après plusieurs navettes entre les deux Chambres
[34].
Cette réduction de cinq centimes, soutenue par les députés bourgeois, avait pour but de contrecarrer les chances de succès du référendum annoncé par le parti des automobilistes et obtenir le soutien des associations routières. Seul le TCS a finalement décidé de ne pas soutenir le
référendum du «Comité contre l'imposition parasitaire du trafic privé», composé du parti des automobilistes, de la Lega dei Ticinesi, du Centre patronal vaudois, de l'ACS et de certains parlementaires de droite. Le référendum a abouti relativement facilement, puisque près de 100 000 signatures ont été transmises à la Chancellerie fédérale au début de l'année 1993
[35].
Energies alternatives
La promotion des énergies alternatives, un des deux axes principaux du programme «Energie 2000», a tout particulièrement souffert de la période de récession économique et de restrictions budgétaires de la Confédération. La concrétisation de nombreux projets pilotes et de démonstration, dans les domaines de l'énergie solaire ou éolienne, dont la rentabilité est encore largement inférieure aux agents énergétiques traditionnels et qui, par conséquent, dépendent pour une large part des subventions publiques a dû être suspendue ou tout simplement abandonnée en raison de difficultés financières. Une telle évolution compromet la réalisation des objectifs d'«Energie 2000» concernant les.énergies renouvelables
[36]. Toutefois, plusieurs cantons ont adopté, depuis le lancement d'«Energie 2000», des mesures visant à favoriser, par des subventions ou des avantages fiscaux, la réalisation d'installations utilisant des énergies renouvelables.
La
décision du Conseil fédéral de diminuer de 50% à 30% l'aide financière de la Confédération aux projets de promotion des énergies renouvelables a provoqué les protestations des milieux directement concernés. Le conseiller national Ledergerber (ps, ZH) a même déposé un postulat qui demande au gouvernement de remanier l'ordonnance visant une utilisation économe et rationnelle de l'énergie qui prévoit une telle réduction
[37].
La centrale solaire du
Mont-Soleil à Saint-Imier (BE) a été officiellement mise en service au mois d'avril. Avec une surface de 4000 m2, il s'agit de la plus grande installation de ce type en Europe. Cependant, l'énergie produite reste encore considérablement plus chère – 15 fois – que celle d'une centrale nucléaire ou hydro-électrique. L'objectif principal de cette nouvelle installation ne réside toutefois pas dans la production d'énergie mais doit avant tout servir à des fins de recherche et de développement
[38].
Le Conseil national a transmis le postulat Caccia (pdc, TI) qui prie le gouvernement de soutenir financièrement, dans le cadre du programme «Energie 2000», un concours de l'Association suisse des sciences techniques qui vise à promouvoir les énergies renouvelables
[39].
Sélection bibliographique
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Energieforum Schweiz (Hg.), Die Bedeutung unserer Energiepolitik für den Wirtschaftsstandort Schweiz, Zürich 1992.
E. Graf / R. Horbaty / U. Vogel, Erarbeitung eines energiepolitischen Programms in der Stadt Schaffhausen: Schlussbericht des Projekts "Energiestadt Schaffhausen ", Langenbruck 1992.
R. Longet, «Moratoire nucléaire en Suisse: deux ans après», in Stratégies énergétiques, biosphère et société, oct. 1992, p. 94 ss.
A. Niederberger, «L'économie électrique à la veille du marché intérieur de la CE», in La vie économique, 65/1992, no 12, p. 24 ss.
Dossier de la SDES, «Gestion des déchets nucléaires en Suisse: état des lieux», in RFS, 1992, no 4b.
J. Rognon, «Electricité: l'ère des incertitudes», in Les cahiers de l'électricité, 1992, no 17, p. 16 ss.
S. Prêtre, «La perception symbolique du nucléaire», in Les cahiers de l'électricité, 1992, no 17, p. 40 ss.
W. Schildknecht, «Le pétrole aux premières loges», in Les cahiers de l'électricité, 1992, no 17, p. 10 ss.
W. Räz, «Energie, pétrole et Europe. EEE: un espoir vers plus de concurrence dans l'approvisionnement énergétique», in La vie économique, 65/1992, no 12, p. 34 ss.
A.J. Baer, «Energies nouvelles: peut-être en 2020», in Les cahiers de l'électricité, 1992, no 17, p. 30 ss.
O. Delafontaine, «L'avenir est aux énergies propres renouvelables et à leur emploi économe», in Stratégies énergétiques, biosphère et société, oct. 1992, p. 100 ss.
J. Twidell / R. Brice, "Strategies for implementing renewable energy: lessons from Europe", in Energy Policy, 20/1992, no 5, p. 464 ss.
[1] APS 1991, p. 150 ss.; Lit. DFTCE et R. Longet; L'Hebdo, 11.6.92; presse du 18.9.92 (rapport annuel); SHZ, 19.11.92; NZZ, 11.12.92 (remise en cause des objectifs); 24 Heures, 21.12.92; LNN, 29.12.92.
[2] FF, 1992, IV, p. 204 ss.; FF, 1992, V, p. 89 ss.; BO CN, 1992, p. 1420 ss.; BO CE, 1992, p. 761 ss.
[3] LNN, 11.2.92; AT, 17.2, 9.9 et 27.11.92; cf. aussi infra, part. II, 4a.
[6] APS 1991, p. 153 s.; BZ, 3.2 et 5.2.92;NQ, 11.2.92; Bund, 12.2.92; presse du 17.2.92.
[7] Bund, 18.3 et 3.4.92; BZ et TW, 30.5 et 26.11.92; JdG, 17.9.92; TA, 12.10.92; presse du 15.12.92; WoZ, 18.12.92; Ww, 24.12.92; voir aussi Aktion Mühleberg stillegen, Atomrechtliches Bewilligungsverfahren zum AKW Mühleberg, Bern, Dez. 1992.
[8] AT, 11.12.92; LNN, 16.12.92; SHZ, 19.1 1.92.
[9] NZZ, 16.6 et 19.6.92.
[10] Presse du 28.1.92; BaZ, 28.4.92; AT, 29.4.92; NZZ, 23.6.92.
[11] 24 Heures et JdG, 20.5.92; NQ, JdG et Suisse, 12.6, 20.6, 25.6 et 30.6.92.
[12] NQ et 24 Heures, 19.9.92; BO CN, 1992, p. 2263 s.
[13] BO CN, 1992, p. 1210 s.; BO CE, 1992, p. 151 s. (Flückiger); AT, 5.3.92; NZZ, 4.8.92.
[14] TA, 18.3 et 12.5.92; presse du 5.5.92.
[16] Les deux autres sites envisagés se trouvent à Oberbauenstock (Uri) et à Piz Pian Grand (GR), où les travaux sont déjà terminés; cf. APS 1989, p. 133 et 1990, p. 143 s.
[17] Bund 17.1.92; SGT, 18.1.92; Presse du 29.4.92 (Ollon). Cf. aussi Bund, 6.7.92; L'Hebdo, 15.10.92.
[18] FF, 1992. V, p. 1157 ss.; BO CE, 1992, p. 1220 s.; BO CN, 1992, p. 2696 s.; voir aussi APS 1990, p. 143
[19] AT, 7.3.92; SZ, 9.3.92; Bund, 11.3.92; AT, 18.11.92.
[20] BaZ, 19.8.92; NQ, 28.8.92.
[21] BO CE, 1992, p. 400 ss.; Bund et SGT, 10.6.92; cf. aussi APS 1991, p. 155.
[22] BaZ, 6.8 et 15.8.92; voir aussi BO CN, 1992, p. 353 s.
[23] Presse du 9.7.92; cf. aussi APS 1991, p. 155.
[24] BaZ et SGT, 23.12.92.
[25] APS 1991, p. 155; presse des mois d'avril et mai 1992; pour une présentation exhaustive des divers arguments et du resultat voir infra, part. I, 6d (Protection des eaux).
[26] Presse des 1.4 et 3.4.92; NF, 11.4.92; presse des 6.11 et 7.11.92; NQ, 15.12.92; cf. APS 1990, p. 145 et 1991, p. 156.
[27] SGT, 3.2 et 21.5.92; TA, 22.5.92; NZZ, 23.5.92; cf. aussi APS 1991, p. 156.
[28] BüZ et TA, 14.2.92; SHZ, 5.3.92; BüZ, 1.7.92.
[29] BO CE, 1992, p. 1251 ss.; BO CN, 1992, p. 2744 ss.; NF, 16.12.92; BüZ, 18.12.92.
[30] APS 1991, p. 156; BO CN, 1992, p. 2627 ss.
[31] NQ, 13.5.92; 24 Heures, 18.5.92; voir aussi APS 1989, p. 135.
[32] BO CE, 1992. p. 402 s.
[33] FF, 1992. III, p. 341 ss.; BO CE, 1992, p. 546 ss.; LM, 19.6.92; NQ, 20.6.92.
[34] FF, 1992, V, p. 1171 ss. ; BO CN, 1992, p. 1783 ss., 1882 ss., 1978 ss., 2039 s., 2070 s. et 2217; BO CE, 1992, p. 948 ss., 1004 ss., 1038 et 1070; FF, 1992, VI, p. 103 ss.; voir aussi supra, part. I, 5, (Indirekte Steuern).
[35] NQ, 18.9.92; Suisse, 1 1.10.92 (prise de position du TCS); NQ et LM, 30.10.92 (lancement du référendum); FF, 1993, I, p. 612 s. et presse du 16.1.93. (aboutissement).
[36] SHZ, 14.5 et 19.11.92; Ww, 6.2.92; TA, 14.3.92; BaZ, 15.7.92.
[37] BO CN, 1992, p. 1218; Suisse, 6.4.92.
[38] Presse des 29.4 et 28.10.92.
[39] BO CN, 1992, p. 1219 s.