Le 31 janvier 2024, la SRF a révélé qu'il manquait à l'armée CHF 1 milliard pour financer les acquisitions d'armement qu'elle avait prévues. Le journal Le Temps, citant un rapport de l'état-major, a précisé ce jour-là que l'armée souffrait d'un «manque de liquidités» car elle n'aurait pas suivi la planification qu'elle avait envisagée en matière d'acquisition d'armement. En effet, il avait été décidé en 2016 que l'armée freinerait ses achats d'armes afin de procéder à l'acquisition d'un nouvel avion de combat. Les autorités ont mis fin à cette politique en 2020, en réalisant des achats beaucoup plus importants qu'auparavant. Parmi les autres facteurs expliquant ce manque de liquidités, Le Temps a également mentionné des coûts d'exploitation plus élevés, par exemple en matière informatique. L'Aargauer Zeitung a quant à elle noté qu'une certaine incertitude demeurait quant à la période durant laquelle ce manque de liquidités se ferait sentir. En effet, selon le quotidien argovien, la SRF aurait indiqué dans un premier temps que le trou de l'armée représentait CHF 1 milliard et concernait la période 2024-2025, avant que le Tages Anzeiger ne précise qu'il aurait en réalité manqué CHF 1,2 milliards à l'armée. Par ailleurs, des sources apparentées à CH Media auraient affirmé que les acquisitions prévues pour 2024 étaient sécurisées, et que les conséquences du trou financier de l'armée ne se feraient sentir qu'en 2025, 2026 et 2027. Le Tages Anzeiger a aussi laissé entendre que le Département fédéral de la défense et de la protection de la population (DDPS) envisageait deux options pour remédier à cette situation: allonger le délai de versement des sommes demandées par les fournisseurs ou rompre certains contrats d'armement. La Liberté a par la suite indiqué, en se référant aux propos du chef de l'armée Thomas Süssli, que l'armée souffrait d'un manque de liquidités de CHF 11.7 milliards, en raison du ralentissement de l'augmentation du budget, ce qui signifiait que les termes «trou financier» n'étaient pas appropriés pour qualifier cette situation. En effet, le passage du budget de l'armée à 1 pour cent du PIB, initialement prévu pour 2030, a été reporté à 2035. La Liberté a également fait remarquer que selon la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats (CPS-CE) cette situation conduirait à une «diminution de CHF 2.1 milliards par rapport à ce qui avait été initialement décidé». Et d'ajouter que «cette situation était connue depuis le printemps dernier et a été communiquée de manière transparente par l'armée».
Cette affaire a suscité de vives critiques de la part de la presse romande et alémanique. Dans un article publié le 6 février, la NZZ dénonçait ainsi la manière dont la ministre de la défense Viola Amherd s'était mise en retrait et avait laissé le chef de l'armée assumer seul les erreurs du DDPS devant la presse.