Depuis la libéralisation du marché de la télécommunication suisse, 25 ans se sont écoulés. L'ancien réseau étatique PTT, alors décrit comme une «poule aux œufs d'or» – NZZ du 5 octobre 2023 – est devenu Swisscom et est, aujourd'hui, l'acteur le plus important du marché de la télécommunication suisse: 58 pour cent pour la téléphonie mobile, 68 pour cent pour la téléphonie fixe et 49 pour cent pour le réseau internet à haut débit. La société profite aussi à l'Etat, qui possède 51 pour cent de l'entreprise et reçoit quelques CHF 500 millions par année de dividendes. La question se pose donc: est-ce que la libéralisation s'est faite au détriment du consommateur? Alors que le but était de proposer des offres variées à des prix abordables, le coût d'un paquet téléphonique mobile moyen est en Suisse, par exemple, jusqu'à 5 fois plus élevé qu'en Pologne. Les entreprises justifient ces prix par l'inflation et les coûts importants que représentent les infrastructures et le personnel. D'après André Bähler – responsable de la politique et de l'économie pour une fondation en faveur de la protection du consommateur – il est impossible de savoir ce qu'il se serait passé sans libéralisation du marché. De plus, la variété de l'offre et la qualité du réseau sont «en principe très bien». Aussi, la NZZ a souligné que la fidélité envers son opérateur de télécommunication prend une place particulière en Suisse. En effet, alors qu'en France, en Allemagne ou en Angleterre, 5 à 10 pour cent d'augmentation du prix pousse les clients à changer d'opérateur, en Suisse, ce chiffre s'élève à 30 pour cent.
Les offres de Swisscom se diversifient – lancement d'un service de signatures électroniques et une coopération avec Disney+, Google et Android TV en octobre 2023 – ce qui, d'après la NZZ du 18 octobre, satisferait particulièrement une part de la clientèle plus âgée qui aurait ainsi tous ses services sous le même toit. La domination du marché par Swisscom n'empêcherait pas les deux autres opérateurs du pays – Sunrise et Salt – de faire du bénéfice. Cependant, en novembre, Sunrise a annoncé la suppression de 200 postes (environ 180 licenciements), principalement dans les fonctions à responsabilités, touchant moins le service clients ou les points de vente. L'opérateur fusionné avec UPC depuis 2020 – entreprise dont la maison mère est basée à Londres – a affirmé que ces suppressions étaient nécessaires pour permettre à l'entreprise de croître durablement.
En tout et pour tout, bien qu'il est impossible de dire quel tournant aurait pris le marché sans la libéralisation de la télécommunication en Suisse, il semble qu'un passage à la caisse s'impose aux consommateurs et consommatrices, peu importe le réseau choisi, alors que les entreprises annoncent des bénéfices.