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Enseignement, culture et médias
Culture, langues, églises
Förderungsmittel und öffentliches Interesse fur kulturelle Tätigkeiten und Einrichtungen bleiben beschränkt — Finanzielle und politische Schwierigkeiten im Theaterwesen — Meinungsverschiedenheiten über die Filmförderung — Besorgnisse der welschen Minderheit — Rückschläge für die Befürworter einer Trennung von Kirche und Staat.
Politique culturelle
Le président de la Confédération, K. Furgler, a consacré un discours aux rapports qui lient l'artiste à l'Etat. Il a insisté sur le fait que le dialogue entre les artistes et les autorités est une des composantes de la politique culturelle. Le magistrat a déploré que la situation soit tendue non seulement entre l'art et la politique, mais également entre l'art et la sensibilité populaire [1]. La controverse autour du rapport Clottu, publié en 1976, s'est éteinte. On reprochait à ce rapport d'être destiné à reposer dans un tiroir et de n'avoir pas su éveiller un intérêt général pour le développement de la culture. Pour Gaston Clottu, ce document a au contraire provoqué des discussions, a fait l'objet d'un examen sérieux aux Chambres et a rencontré un vif intérêt à l'étranger [2]. Les artistes avaient espéré que le rapport Clottu leur vaudrait une aide accrue de l'Etat. Une telle aide dépend souvent de décisions politiques et les relations avec les autorités en souffrent. D'autre part, vu l'état précaire des finances publiques, les montants versés aux artistes et aux institutions culturelles sont parcimonieux [3].
Dans leur travail, les artistes sont finalement dépendants de l'opinion du grand public, qui cependant n'entend souvent rien aux chemins que prend la culture. L'Université populaire et les institutions semblables essaient de mettre les prestations culturelles à la portée immédiate des adultes. La «Fédération suisse pour l'éducation des adultes» a recommandé aux cantons de créer des lois particulières pour la formation des adultes ou d'édicter des dispositions dans le cadre des lois existantes sur l'école et la culture. Elle demande aussi que la Confédération reçoive la còmpétence constitutionnelle pour encourager directement la formation des adultes [4].
Pour marquer le 700e anniversaire du Pacte fédéral en 1991, la prochaine exposition nationale aura lieu en Suisse centrale. Aussi bien Schwytz que Lucerne s'efforcent de préparer sérieusement la commémoration de ce grand événement qui coûtera, suivant de prudentes estimations, plusieurs centaines de millions de francs [5]. En comparaison de cette somme, les six millions de francs que la Confédération devait verser au Musée technique (Technorama) à Winterthour, paraissent bien modestes. Cependant, le Conseil des Etats a refusé d'entrer en matière après que R. Reimann (pdc, AG) ait menacé de recourir à la clause du frein aux dépenses. Le Conseil national a renvoyé le projet au Conseil fédéral avec mandat d'en élaborer un moins coûteux, en collaboration avec la Fondation du Technorama [6]. Aucun aspect financier n'est apparu au premier plan de la votation sur la «Fabrique rouge» à Zurich-Wollishofen: les citoyens de la ville de Zurich ont accepté le contreprojet du législatif communal opposé à une initiative populaire socialiste. Ce contreprojet circonscrit l'exploitation de la «Fabrique rouge» à des fins culturelles; dans une seconde phase, l'exécutif communal devra présenter une proposition concrète pour l'utilisation du terrain de l'ancienne fabrique [7].
Les gens de théâtre se plaignent depuis des années du peu de subventions dont ils jouissent. D'autre part, on leur reproche de consommer trop de deniers publics. A la suite d'une interpellation au Grand Conseil bâlois, qui exigeait le renforcement du contrôle exercé sur le théâtre, le gouvernement a répondu qu'il ne lui appartenait pas de décider de ce qui appartient ou pas à l'art. W. Düggelin, engagé par contrat depuis la fin de 1977 au Théâtre de Zurich, a lancé un appel pour que les grands théâtres de Suisse alémanique resserrent leur collaboration au plan artistique afin de pouvoir satisfaire pleinement aux exigences d'une gestion économe [8]. En Suisse romande, le «Conseil suisse romand du théâtre» a été fondé. Des représentants cantonaux et communaux, des directeurs de théâtre, des acteurs, des auteurs et des gens de radio et de télévision font partie de cet organe qui veut lutter contre le gaspillage financier dans le secteur théâtral. Un rapport sur les structures culturelles de la ville de Berne a proposé plusieurs mesures de rationalisation et d'amélioration de l'efficacité des entreprises théâtrales et musicales. On y trouve également un modèle pour la collaboration financière des communes de la banlieue aux institutions culturelles de la ville fédérale, élaboré par la commission ad hoc du Conseil communal. L'existence du théâtre interville Bienne/Soleure a pu être assurée jusqu'en 1980, malgré la diminution des subventions. Une association est maintenant chargée de trouver un soutien financier régional plus important [9].
Formé de professionnels, le théâtre de poche la «Claque» de Baden se débat aussi dans les difficultés pécuniaires. Il voulait représenter à Coire, en 1975, l'aeuvre d'Arrabal «Et ils mettront des menottes aux 'fleurs», mais la propriétaire de la salle a rompu à court terme le contrat. La «Claque» lui a intenté un procès en dommages et intérêts, accordés par la cour de première instance. Son avocat avait surtout développé l'argument qu'une dédite aussi arbitraire mettait en danger la liberté politico-culturelle [10]. A Saint-Gall, le conseiller aux Etats P. Bürgi (prd), président de la société coopérative du théâtre, a fait suspendre la représentation d'une pièce qui expose la problématique raciale en Afrique du Sud et où les interprètes principaux entrent nus en scène. Cette suspension fut dictée par les interventions de milieux très influents et par des interpellations au parlement cantonal, où il fut même question de réduire les subventions accordées au théâtre [11].
Le montant total des subsides de l'Etat pour l'encouragement du cinéma s'est élevé en 1977 à 2,75 millions de francs [12]. La Confédération a signé un accord avec la France qui règle le financement des coproductions franco-suisses. Celles-ci sont réciproquement assimilées aux productions nationales bénéficiant de l'aide officielle [13]. De jeunes cinéastes se sont toutefois plaints de ce que les régisseurs reconnus barraient l'accès aux subventions publiques. En outre, le but des bailleurs de fonds, orienté vers le profit, s'oppose diamétralement au besoin de recherche artistique des créateurs. La télévision a, elle aussi, de moins en moins soutenu les films suisses dont le contenu est controversé [14]. Pourtant, le film «L'exécution du traître à la patrie Ernst S.», bien que contesté, a été diffusé par la télévision suisse alémanique; mais on avait suppritné quelques scènes et fait précéder la projection d'une introduction de l'historien P. Dürrenmatt dont les propos, très traditionalistes, ont déclenché la critique. Le Conseil fédéral in corpore a même assisté à une séance de projection, car il était appelé à se prononcer sur le recours contre le refus d'accorder une prime à la qualité au film. A cette occasion, de nombreux journalistes ont débattu de l'aide apportée par l'Etat à la culture et soulevé la question de savoir qui devrait être habilité à prendre des décisions d'ordre politico-culturel [15]. Les fils de feu le commandant de corps Wille ont tenté d'empêcher N. Meienberg, l'auteur du film contesté, de créer une pièce de théâtre sur leur père, qui y serait représenté comme un traître à la patrie. Le tribunal de district de Zurich a rejeté leur plainte, ressentie par certains milieux du journalisme comme un musellement de la presse [16].
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Groupes linguistiques
Dans certaines votations populaires (impôt sur la richesse, droits politiques, protection des locataires, avortement), des courants d'opinion différents de ceux de la majorité alémanique se sont exprimés dans les cantons de Genève, Neuchâtel, Vaud et dans le futur canton du Jura. Au sein des groupes linguistiques, les Romands se sont demandé avec inquiétude s'ils couraient le danger d'être écrasés par la majorité suisse alémanique.
La puissance économique croissante de cette région et la représentation insuffisante des minorités de langue dans certains postes de l'administration fédérale forment à leurs yeux une menace pour l'équilibre national. Le remplacement, par un Suisse alémanique, du chef de l'instruction de l'armée, le commandant de corps Lattion, donna un motif supplémentaire propre à confirmer ce point de vue [17]. Les représentants des trois groupes linguistiques grisons se sont réunis à Coire pour élaborer une charte de la langue grisonne à l'initiative de la «Stapferhaus» de Lenzbourg. Un document fribourgeois rédigé en 1970 a servi d'exemple. La charte précitée doit permettre de maintenir les rapports linguistiques existants, par exemple dans le secteur scolaire. Un inventaire dressé par la Liga Romantscha montre que le romanche est plus répandu qu'on ne le croyait [18].
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Eglises
Plus de 4000 fidèles sont accourus à Ecône de toute l'Europe occidentale pour assister à une ordination de prêtres. Cela démontre que le mouvement de Mgr Lefebvre est devenu un problème sérieux pour l'F.glise catholique. La conférence des évêques suisses avait auparavant rappelé les partisans de Mgr. Lefebvre à l'obéissance au pape [19]. La «Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse» est préoccupée par la recrudescence des forces traditionalistes qui gagnent en influence au sein des Eglises: le mouvement oecuménique stagne, certains milieux utiliseraient dans un sens discriminatoire les dénominations «catholique» et «protestante» [20]. L'engagement politique des autorités ecclésiastiques lors de votations populaires, en particulier dans le cas de l'avortement, a une fois de plus été désapprouvé. Certains cercles de l'Eglise mettent pourtant tout en oeuvre pour que soit respecté le pluralisme des opinions parmi ses membres [21].
Les débats, au parlement zurichois, sur les initiatives populaires pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ont débouché sur le rôle et les privilèges reconnus aux Eglises nationales. Les impôts que les cantons perçoivent pour elles sont au coeur du problème. La séparation ne devrait pas réduire les Eglises à néant, mais devrait permettre de leur donner une assise de droit privé et de les placer sur pied d'égalité avec les Eglises libres [22]. Le parlement zurichois a conclu que les rapports Eglise-Etat devaient être reconsidérés (prestations financières de l'Etat, impôt d'église pour les personnes juridiques, droit de vote et d'éligibilité pour les étrangers, reconnaissance d'autres communautés religieuses). Le souverain zurichois a fait largement échec à cette initiative cantonale [23]. Les résultats de la procédure de consultation concernant l'initiative fédérale sont pour leur part négatifs, les grands partis et les cantons l'ayant uniformément rejetée [24]. Au Tessin, les jeunes radicaux ont déposé en 1976 une initiative tendant à supprimer de la Constitution tessinoise l'article confessionnel qui avait été révisé en 1975. Les citoyens ont repoussé cette initiative que le parlement tessinois avait préalablement acceptée. La suppression de cet article aurait retiré aux protestants la reconnaissance de droit public qui venait de leur être concédée, tandis que l'Eglise catholique aurait retrouvé son statut précédent en vertu de la loi ecclésiastique de 1866 [25].
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[1] BaZ 176, 30.7.77; Ww, 37, 14.9.77.
[2] (Rapport Clottu: APS, 1976, p. 147. Critique: BaZ, 97, 10.5.77. G. Clottu: Wir Brückenbauer, 49, 9.12.77; JdG (ats), 291, 13.12.77.
[3] Vat., 145, 26.5.77.
[4] TG, 127, 7.6.77; NZZ, 227, 28.9.77; cf. Schweizerische Vereinigung für Erwachsenenbildung (SVEB/FSEA), Erwachsenenbildung in der Schweiz, Frauenfeld 1976; SVEB/FSEA, Concept pour le développement de l'éducation des adultes en Suisse, Zurich/Lausanne 1977.
[5] Vat., 6, 11, 13, 14, 16, 21, 24, 27, 36, 50, 65, 66, 76, 91,159, 285, 8.1:6.12.77; TG, 10, 13.1.77; 50, 1.3.77; 66, 19.3.77; APS, 1976, p. 13.
[6] BO CE, 1977, p. 481 ss.; BO CN, 1977, p. 1667. Cf. APS, 1976, p. 148.
[7] TA, 211, 10.9.77; 215, 15,9.77; 224, 26.9.77; TG, 213, 16.9.77; cf. APS, 1976, p. 148. L'initiative fut retirée (Vr, 124, 31.5.77).
[8] Bâle: BaZ, 41, 46, 47, 51, 224, 12.3.-16.9.77. W. Düggelin: LNN, 105, 6.5.77; W : 50, 14.12.77. Cf. également Focus, 1977, no 81, p. 20 ss. ainsi que «Théâtre en Suisse», in Annuaire du Théâtre suisse, no 40, 1977.
[9] Suisse romande: JdG, 96, 28.4.77; cf. également JdG, 241, 15.10.77. Berne: Bund, 12, 21, 132, 245, 15.1.-19.10.77; TW, 246, 20.10.77. Bienne/Soleure: LNN, 21, 26.1.77; SZ, 212, 13.9.77; Bund, 218, 17.9.77; 275, 23.11.77; Annuaire du Théâtre suisse, no 40, 1977, p. 45 ss.
[10] «Claque», problèmes financiers: Leserzeitung, 52, 29.3.77; Wh.. 42, 19.10.77. Ennuis à Coire: BüZ 31, 40, 52, 134, 135, 5.2.-10.6.77; TA, 52, 3.3.77.
[11] Ostschw., 93, 126, 129, 22.4.-6.6.77; BaZ, 122, 6.6.77; Tat, 298, 20.12.77.
[12] JdG, 60, 12.3.77.
[13] FF, 1977, III, p. 743 ss.; NZZ, 164, 15.7.77; TLM, 319, 15.11.77.
[14] TAM. 3, 22.1.77; 31, 6.8.77; Ww, 4, 26.1.77; BaZ, 33, 40, 60, 119, 317, 319, 4.3:21.12.77. Cf. A. Cuneo, La machine fantaisie, Enquète sur le cinéma suisse, Vevey 1977.
[15] Discussion sur le film: 24 Heures, 60, 12.3.77; NZZ, 157, 7.7.77; LNN. 163, 164, 178, 187, 16.7.-13.8.77 (Interview avec E. Bonjour, réplique de N. Meienberg). Prime à la qualité: TG, 113, 20.5.77; APS, 1976, p. 148. Emission à la TV: BaZ, 19, 18.2.77;.105, 18.5.77; LNN, 121, 26.5.77; 127, 3.6.77; 130, 7.6.77. Développement culturel par l'Etat: Ww. 22, 1.6.77; Vat.. 128, 4.6.77.
[16] Voir la presse du 13.7.77 et du 26.7.77.
[17] Cf. 24 Heures, 74, 29.3.77. Votations fédérales: 24 Heures, 223, 26.9.77; 283, 5.12.77; Bund, 226, 27.9.77; NZZ, 226, 27.9.77. Administration fédérale, équilibre national: Lib., 176, 30.4.77; Alliance culturelle romande, no 23, novembre 1977, p. 103. ss.; TA, 286, 7.12.77. Lattion: NZZ, 92, 21.4.77; cf. supra, part 1, 3.
[18] Chartes des langues: BüZ, 154, 2.7.77; 255, 28.10.77 (Grisons); APS, 1968, p. 130; 1970, p. 160. (Fribourg). Enquête sur l'emploi de la langue romanche: BüZ, 250, 22.10.77; 256, 29.10.77. Cf. A. Decurtins, «Unsere Rätoromanen sind gefährdet», in TA, 241, 15.10.77; APS, 1976, p. 149. Cf. également sur la germanisation de quelques villages au Tessin: CdT, 64, 18.3.77; LNN, 78, 293, 295, 297, 30.3.-20.12.77.
[19] Ecône: 24 Heures, 49, 28.2.77; 146, 25.6.77; 148, 28.6.77; JdG. 122, 28.5.77; 147, 28.6.77; voir la presse du 30.6.77; cf. APS, 1976, p. 149. Appel des évêques suisses: Voir la presse du 13.5.77; 24 Heures, 114, 17.5.77. Idées politiques de Mgr. Lefebvre: Ww, 27, 6.7.77.
[20] TG, 58, 11.3.77; BaZ, 114, 28.5.77; LNN. 123, 28.5.77.
[21] Eglise et politique: NZZ, 10, 13.1.77; 15, 19.1.77; Evangelische Woche, 4, 27.1.77; 5, 3.2.77. Avortement, position des évêques: TA, 159, 11.7.77; cf. supra, part. I, 7d (Avortement). L'Eglise catholique du canton de Zurich a payé 155 000 francs pour la campagne oppositionnelle contre l'initiative dite du délai (Vr, 238, 12.10.77).
[22] Vat., 235, 241, 247, 253, 259, 8.10.-5.11.77; Civitas, 33/1977-78, p. 7 ss.; Leserzeitung, 59, 12.7.77; Profil, 56/1977, p. 208 ss., 267 ss.; Reformatio, 26/1977, p. 1 ss.; APS, 1976, p. 149.
[23] Cf. infra, part. II, 6g. NZZ, 7, 145, 202, 270, 10.1.-17.11.77; Evangelische Woche, 22, 2.6.77; 50/51, 15.12.77; TA, 280, 30.11.77; JdG, 282, 2.12.77; APS, 1976, p. 149.
[24] BaZ, 64, 4.4.77; TG. 85, 13.4.77; NZZ (sda), 152, 1.7.77; 194, 20.8.77; (sda), 205, 2.9.77; 206, 3.9.77; (sda), 211, 9.9.77.
[25] CdT, 17, 41, 47, 95, 119, 195, 198, 202, 208, 213, 214, 22.1.-19.9.77; 24 Heures, 123, 28.5.77; NZZ, 211, 9.9.77; APS, 1976, p. 149 s. Résultat de la votation: Cf. infra, part. II, 6g.
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