L'OFAG a profité de la publication du rapport agricole 2023 pour revenir sur la politique des paiements directs appliquée ces trente dernières années. En 1993 s'est produit un tournant dans la politique agricole fédérale, alors que l'agriculture était tiraillée par les impératifs de libéralisation au niveau mondial et d'écologisation de ses pratiques. Les autorités fédérales ont décidé d'en finir avec le protectionnisme hérité de l'après-guerre. Il s'est agi d'une part de mettre en place un système de paiements directs visant à rétribuer les agricultrices et agriculteurs pour leurs prestations d'intérêt général (sur l'écologie, l'entretien des paysages, le bien-être animal, etc.) et d'autre part d'orienter la production selon les besoins du marché. Cela a constitué un changement fondamental des pratiques, alors que la Confédération assurait, jusqu'alors des prix minimaux et l'écoulement des marchandises, menant à la surproduction, entre autres, des céréales panifiables et du lait, avec son lot de conséquences environnementales et économiques.
Ce rapport permet également aux autorités de tirer un bilan et de constater que «le système des paiements directs atteint ses limites» en raison de sa complexité et de l'impossibilité d'atteindre les objectifs environnementaux uniquement par des contributions financières et des mesures touchant exclusivement à l'agriculture. Dans cette optique, le Conseil fédéral travaille à une refonte de la politique agricole, qui inclura vraisemblablement une réforme du système des paiements directs et un élargissement de la politique agricole à tous les acteurs du système alimentaire.