Afin d’améliorer la situation sanitaire des abeilles, de mesurer l'évolution de leur mortalité et de déterminer « la valeur des services écosystémiques fournis par la filière apicole à l'économie nationale », la conseillère nationale écologiste Delphine Klopfenstein Broggini (GE) a déposé une motion demandant au Conseil fédéral d’établir un système de statistiques nationales qui recense le nombre de personnes qui élèvent des abeilles et qui présente «l'évolution et la mortalité des colonies d'abeilles d'une année à l'autre». La conseillère nationale estime notamment que les statistiques produites par Apisuisse avec l'aide du Centre de recherche apicole d'Agroscope «ne sont pas réalisées selon les standards scientifiques des statistiques officielles». Cet objet favoriserait donc l’harmonisation des statistiques effectuées dans chaque canton et permettrait d’assurer que ces statistiques soient accessibles au public en toute circonstance.
Dans un avis publié le 15 février 2023, le Conseil fédéral a affirmé qu’il existait déjà des «données, disponibles au niveau fédéral, sur les apiculteurs recensés et leurs colonies d'abeilles» puisque les services cantonaux de l’agriculture transmettent chaque année à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) des données relatives au nombre de colonies d’abeilles présentent sur le territoire du canton auquel elles sont rattachées. S’il s’est opposé à la proposition de la motionnaire de réaliser des «enquêtes supplémentaires» relatives à la santé des abeilles en raison du «surcroît de travail administratif», le gouvernement a estimé nécessaire de « perfectionner les données recueillies par la Confédération auprès des cantons, de façon à ce que celles-ci soient plus complètes, et d'en améliorer la publication ». Le Conseil fédéral a proposé au Parlement de rejeter cette motion.
Lors des débats au Conseil national, l’auteure de la motion a cherché à convaincre ses collègues du fait qu’« avoir une base de données qui soit transparente, qui soit efficiente et à jour, est une des clés du succès pour mener à bien une politique de protection des abeilles qui soit efficace ».
S’exprimant au nom du gouvernement, Guy Parmelin a quant à lui indiqué que « le Conseil fédéral ne voit pas la pertinence d'une collecte centralisée supplémentaire de données ». La motion a été rejetée par 110 voix contre 73 et 7 abstentions. La minorité était principalement composée des socialistes et des Vert-e-s. Or quelques mois plus tard, un rapport d'Agroscope – dont fait mention le 24 Heures dans un article publié le 4 mai – indiquait que la situation de l'apiculture était bien meilleure que ce que l'on pouvait imaginer. En effet, ainsi que l'indique le 24 Heures, « le rendement moyen en miel a augmenté » ces dernières années, de telle sorte que « les apiculteurs suisses ont récolté 20,1kg en 2018 ». Par ailleurs, l'auteur de cet article note que le « rapport d’Agroscope est également rassurant sur la pollinisation des plantes cultivées et sauvages ». Reste à savoir si la publication de ce rapport influencera la manière dont les parlementaire traiteront de cette question à l'avenir.