Le conseiller aux Etats Josef Dittli (plr, UR) souhaite que le Conseil fédéral vende Beyond Gravity à des investisseurs suisses. Il a déposé une motion demandant au gouvernement d'agir en ce sens. Cette motion a été examinée par le Conseil des Etats en même temps qu'une motion de la CPS-CN chargeant le Conseil fédéral de revenir sur sa décision de vendre Beyond Gravity, la branche spatiale de RUAG international.
S'exprimant au nom de la CPS-CE, le sénateur Charles Juillard (centre, JU) a appelé les parlementaires à soutenir la motion de la CPS-CN et à rejeter la motion Dittli. En effet, il a affirmé que bien que la commission reconnaisse que la privatisation de Beyond Gravity permettrait à l'entreprise d'agir avec plus de flexibilité, elle estime que Beyond Gravity pourrait continuer à se développer considérablement si elle reste entre les mains de la Confédération. Il a par ailleurs indiqué qu'à une période où les finances de la Confédération sont sous pression, garder le contrôle de Beyond Gravity permet à la Confédération d'encaisser des dividendes. Enfin, il a affirmé que l'expertise développée par Beyond Gravity doit continuer à profiter à l'économie suisse et aux acteurs helvétiques oeuvrant dans le domaine de l'innovation. C'est aussi en substance ce qu'a affirmé le sénateur Hans Wicki (plr, NI), l'autre rapporteur de la CPS-CE.
Par la suite, le conseiller aux Etats Dittli, qui demande au Conseil fédéral de revendre Beyond Gravity, mais en s'assurant que des investisseurs suisses l'acquièrent, a affirmé que la vente de Beyond Gravity à un investisseur suisse conscient de l'importance stratégique de cette entreprise était la meilleure option. Le conseiller aux Etats Pacal Broulis (plr, VD) a quant à lui surtout critiqué le fait que le Parlement ait attendu longtemps avant de prendre position sur ce dossier. Il a, à cet égard, indiqué qu'il soutenait la motion de la CPS-CN et la décision prise par le Conseil national, puisqu'elle permet au Conseil fédéral de présenter une stratégie claire en matière d'aérospatial. Par la suite, le sénateur bernois Werner Salzmann (udc) a déclaré qu'il était de prime abord plutôt favorable à la motion Dittli, mais que la présence d'un délai de dix ans ne l'avait pas convaincu, puisque ce délai traduit un état d'esprit qu'il est possible selon lui de résumer pas ces mots : «après moi le déluge». Il a par ailleurs indiqué qu'il soutenait la motion de la CPS-CN puisqu'elle «die Stossrichtung der nationalrätlichen Motion den kontrollierten Verkauf von Beyond Gravity ermöglicht».
Le conseiller aux Etats écologiste Mattias Zopfi (GL) s'est déclaré favorable à la motion de la CPS-CN, arguant que des investisseurs privés seraient plus à même que l'Etat de doter Beyond Gravity des ressources financières dont elle a besoin pour fonctionner. Sa collègues socialiste Franziska Roth (SO) a défendu un point de vue similaire et a par ailleurs soutenu la motion Dittli avant que la centriste Andrea Gmür-Schönenberger (LU) ne se prononce contre la motion de la CPS-CN et contre la motion Zopfi, interpellant ses collègues avec conviction : «in einem solchen Moment wollen Sie Beyond Gravity verkaufen?».
La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a clos les débat en appelant les parlementaires, au nom du Conseil fédéral, à rejeter la motion de la CPS-CN – puisque la Confédération ne pourrait pas prendre autant de risques que des acteurs privés – et en leur demandant donc de voter pour la motion Dittli.
Lors du vote, la motion de la CPS-CN a été approuvée par 28 voix contre 15 et aucune abstention, alors que la motion Dittli a été rejetée par 25 voix contre 18 et aucune abstention.