En 2020, face à la crise sanitaire, le Conseil fédéral a recommandé la pratique du télétravail. Depuis, le modèle de travail hybride, qui consiste à alterner le travail au bureau et le travail à domicile, est resté ancré dans les habitudes des Helvètes. Si les travailleurs et travailleuses apprécient cette pratique pour ses avantages (réduction du temps passé dans les transports, meilleure concentration, flexibilité des horaires, autonomie, etc.), elle peut également présenter des risques pour la santé mentale, notamment liés au travail ou à la vie de famille.
Concernant le travail, le 24H du 20 février relève la perte des «liens faibles» qui sont établis entre collègues et permettent la cohésion d'équipe, l'interactivité et la créativité. Du côté de la famille, la NZZ du 9 avril souligne une augmentation du stress chez les personnes ayant des enfants, ainsi que des conflits d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en raison de l'augmentation des tâches domestiques, principalement chez les femmes. Une fatigue mentale peut également survenir, surnommée «videoconference-fatigue», en raison de la confrontation constante avec des plateformes numériques. De leur côté, les employeurs et employeuses ont tendance à percevoir le travail à domicile de manière négative, en raison d'un manque de professionnalisme ou de la peur du travail fictif – également connu sous le nom de «fake work» – qui entraînerait des pertes de productivité, comme l'indique la NZZ du 15 janvier. De nombreuses entreprises suisses ont ainsi durci leur politique, obligeant les collaborateurs et collaboratrices à revenir au bureau. C'est notamment le cas du groupe Novartis qui exige un taux de présence de 60 pour cent, ou de Swisscom qui impose une présence obligatoire de deux jours par semaine, comme le rapporte le Tages-Anzeiger du 11 mai.
A l'automne 2024, des politiques encore plus restrictives ont été mises en place. Parmi quelques exemples, on retrouve l'entreprise Sulzer, basée à Winterthour (ZH), qui a complètement interdit le télétravail (Blick, 21.9), ou encore Amazon qui a également obligé son personnel à revenir au bureau, afin de renforcer la productivité et l'esprit d'équipe (NZZ, 24.9). La NZZ du 24 septembre mentionne un sondage international de la société de conseil KPMG, auquel 83 pour cent des entreprises interrogées ont répondu vouloir un retour au bureau plus ou moins complet d'ici les trois prochaines années. Dans un commentaire de la rédaction du Tages-Anzeiger du 26 septembre, ce régime de présence obligatoire est décrit comme anachronique et nuisible à l'attractivité des entreprises. Le directeur du centre patronal, Christophe Reymond, ajoute dans le 24H du 20 février qu'interdire le télétravail, c'est «le meilleur moyen de se priver des meilleurs profils». C'est d'ailleurs l'une des principales demandes lors d'un entretien d'embauche, selon lui. Pour sa part, l'entreprise suisse QoQa a adopté une approche différente : celle de rendre le lieu de travail plus attractif pour inciter leur personnel à s'y rendre (24H, 20.2). Pour ce faire, le groupe a mis en place un fitness, un restaurant gastronomique, une brasserie et divers événements internes. Finalement, dans son édition du 15 juillet, le Tages-Anzeiger met en garde contre la suppression du télétravail, qui défavoriserait une certaine catégorie de la population. Par exemple, les personnes souffrant de maladies chroniques bénéficient particulièrement d'éviter les déplacements professionnels. Aussi, le télétravail peut faciliter la réinsertion professionnelle des personnes atteintes de burn-out ou de maladies psychiques.
Face à des avantages et des inconvénients, l'avenir du télétravail reste donc incertain. La direction des entreprises semble toutefois préférer revenir à une organisation où ses collaborateurs et collaboratrices sont proches d'elle.